Les règles ne sont désormais plus un tabou. On commence aussi à s'interroger sur les protections hygiéniques, leur composition et leurs risques. C’est notamment le cas pour les coupes menstruelles, qui peuvent causer des chocs toxiques.
Elle a failli perdre la vie à cause d’une protection hygiénique. En avril dernier, Sandrine Graneau a été atteinte d’un syndrome de choc toxique (SCT), qui a causé l’amputation de ses deux pieds et 18 phalanges aux mains. Des conséquences dramatiques dues à l’utilisation prolongée d’une coupe menstruelle (ou cup), en silicone ou en latex insérées dans le vagin lors des règles afin de retenir les flux menstruels.
Il s’agissait de l’une des dernières petites révolutions pour les femmes parce qu’en plus d’être pratiques, ces coupes sont économiques et écologiques, de par leur réutilisation. Mais elles ne sont pas les seules protections intimes internes (par opposition aux protections externes, tels que les serviettes hygiéniques et les protège-slips) à provoquer des accidents, même si ceux-là sont pour le moment encore rares. Les tampons présentent les mêmes risques lorsqu’ils sont portés plus de 6 heures. Début janvier, une Belge de 17 ans est décédée des suites d’un choc toxique. Elle avait porté son tampon hygiénique trop longtemps.
Il faut dire que les indications de composition sur les paquets de protections sont rares, voire inexistantes. Contrairement aux dispositifs médicaux comme les préservatifs - qui sont soumis à une réglementation européenne - les fabricants de protections intimes ne sont pas obligés d’indiquer la composition de leurs produits. D’autant plus qu’on peut les trouver facilement, et notamment sur Internet.
Des cups en ligne
Lorsque l’on tape “coupe menstruelle” sur Internet, la première page que l’on trouve renvoie à celle du site d’achats Amazon. Effectivement, on peut trouver des cups à l’achat en ligne. Jacques Gerbet, pharmacien à Dijon, en vend quelques-unes dans sa pharmacie mais il est inquiet du nombre important vendu sur Internet : “Le risque il est comme tous les produits de santé qu’on achète sur Internet : il n’y a pas le conseil associé du professionnel de santé en même temps que l’acte d’achat. On ne connaît pas l’origine du contrôle. Tout ce qui est vendu en pharmacie fait l’objet de contrôles.”Mieux informer sur les protections hygiéniques ?
Le docteur Céline Amblot, gynécologue au CHU Dijon Bourgogne, l’admet : “Les patientes ne parlent pas spontanément des protections hygiéniques" et "mes collègues n’en parlent pas systématiquement à chaque consultation.” Alors, au même titre que pour les contraceptions, faut-il davantage informer les filles au moment du choix de leurs protections hygiéniques ? “On devrait peut-être plus informer sur le renouvellement régulier des tampons par exemple. Aujourd’hui, nous répondons aux questions.”“Est-ce qu’on peut utiliser une cup avec n'importe quelle contraception ? Est-ce qu’on peut faire du sport avec ? Y a t-il des contres indications ?” Ce sont les questions que posent les patientes sur les coupes menstruelles au Docteur Amblot. Ces femmes ont en moyenne entre 20 et 30 ans. Des questions qui ne montrent pas l’inquiétude mais plutôt une interrogation sur le côté pratique, sur comment les mettre. “Elles sont plus rassurées sur les cups que sur les tampons”, ajoute cette professionnelle de santé.
Informer, c’est justement ce que cherchent à faire les députées et co-rapporteures Laëtitia Romeiro Dias et Bénédicte Taurine. Dans leur rapport d’information sur les menstruations du 11 février, elles demandent d’évoquer les menstruations dès la classe de 6e et d’élaborer un site gouvernemental sur les protections hygiéniques sur le modèle www.choisirsacontraception.fr.
“Chaque protection hygiénique a son côté positif et son côté négatif. Chaque femme adapte selon ses préférences.” Quant à la cup, la gynécologue y est plutôt favorable. “C’est plus hygiénique, écologique et économique. Il y a moins de risques si les consignes sont respectées." La cup, comme le tampon, ne doivent pas être gardés plus de 6 heures maximum et ne pas être utilisés durant le sommeil.
Sandrine Graneau vit aujourd’hui avec des prothèses aux pieds. L’ancienne infirmière libérale a créé une association, “Dans Mes Baskets”. Son but est de faire connaître ce qu’il lui est arrivé et d’obliger les fabricants à mieux informer les consommatrices sur les protections hygiéniques pour que son histoire ne se reproduise plus.