Sans contrats ou en chômage partiel : les vocations gâchées des apprentis par le Covid-19

Ils n'ont pas trouvé d'entreprise ou sont en chômage partiels en raison de la Covid-19. En Bougogne-Franche-Comté, comme ailleurs, les apprentis de 2021 pourraient bien faire partie de la génération sacrifiée. 

"Tu n'as pas de patron, tu pars du CFA". Mélinda Palabost, 17 ans, se souvient. Il y a 1 an, alors que la France s'apprêtait à entamer une des crises sanitaires et économiques les plus importantes de ces dernières années, la jeune dijonnaise était toujours en plein recherche d’entreprise de fleuriste pour son apprentissage. ''J'avais jusqu'au 20 mars (2020) pour trouver". Le 16 mars, le premier confinement est annoncé. Tout est à l’arrêt. Mélinda doit arrêter sa formation.

"J'aurais était toute seule, ça aurait été très compliqué", assure Mélinda, qui a pu compter sur l'aide de ses parents. Après des mois de galère, l'apprentie se réoriente en pâtisserie. Mais en novembre, le stress revient pour Mélinda. "A l'annonce du deuxième confinement, j'avais peur de revivre la même situation qu'avant." Heureusement pour elle, le secteur est peu touché.

Ce qu'à connu Mélinda il y a 1 an, c’est un scénario que pourraient connaître près de 30.000 apprentis français, qui n’ont toujours pas de contrat. En raison de la crise de la Covid-19, le gouvernement avait décidé, à partir d’août 2020, de passer de trois à six mois la période d'accueil sans contrat, dans un centre de formation (CFA). Cette période est sur le point de toucher à sa fin pour certains. Si l’Etat a annoncé le prolongement de l’aide à l’embauche d’alternant (5 000 euros pour les moins de 18 ans et 8 000e pour les autres) jusqu’au 31 décembre, rien ne semble être prévu pour les "sans contrats". Ils perdront leur statut de stagiaire de la formation professionnelle. 


Repartir à la case départ

Pour Anne-Sophie Cambillard, conseillère de formation à l’Ecole des Métiers à Dijon, la situation est évidemment inquiétante. D’autant plus que pour une partie des apprentis dans ce cas-là, "il n’y a vraisemblablement pas de raison de ne pas trouver, hormis cette situation un peu particulière du moment". 

"Moi, j’ai failli abandonner" avoue Maiky Heintzmann, apprenti en pâtisserie en mention complémentaire à l'Ecole des Métiers. Intégré en passerelle (sans entreprise), il lui aura fallu démarcher 30 entreprises et faire 3 stages non rémunérés, avant de finalement pouvoir signer un contrat, il y a quelques semaines à peine. “Maiky avait toutes les capacités requises pour travailler” rappelle Anne-Sophie Cambillard qui l’a accompagnée. 



Une dizaine de ses camarades n'ont pas encore eu la chance de trouver. "En mars, on arrive à la période de resignature de contrat. On espère qu’ils pourront avoir des opportunités à ce moment-là. Même si on est en dehors de la période des six mois”, concède Anne-Sophie Cambillard. Mais cela voudra dire recommencer l’année. "Au bout de 6 mois, quand il n’y a rien du tout, c’est difficile de repartir à la case 0" déplore Emmanuel Deschamps, directeur adjoint du Centre Interprofessionnel de Formation d'Apprentis à Mercurey en Saône-et-Loire.


Un contrat ... mais une entreprise à l'arrêt
 

Si certains apprentis, eux, ont bien leur contrat, ils ne sont pas pour autant libérés de tout stress concernant leur avenir, car dans leur secteur, la formation en entreprise… est inexistante, ou presque. 

Dans son restaurant, La Côte Saint Jacques à Joigny dans l’Yonne, le chef étoilé Jean-Michel Lorain a, comme chaque année, embauché plusieurs apprentis. Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. "Mon apprentie serveuse, c’est bien simple, elle ne peut rien faire" commente-t-il. "Ça va se ressentir sur ses compétences". Son deuxième apprenti, censé être en cuisine, continue d'aider au fourneau et à la livraison.

"Chez nous, la plupart sont en chômage partiel" rapporte Emmanuel Deschamps. "C’est très dur, ils ont un rythme de cours pendant 1 semaine, et après de vacanciers pendant 3 semaines. Il faut les occuper".



Cette situation occasionne un risque accru de rupture de contrat, mais aussi de non-validation des certifications visées en raison du manque d’activité en entreprise pour les apprentis. "Il n’y aura pas de conséquence sur l’examen lui-même, puisqu'ils continuent de venir en cours. Mais en revanche sur le marché du travail, c’est plus inquiétant, avoue Emmanuel Deschamps. "Ne pas faire d’entreprise pendant 2 ans, cela risque d’être compliqué pour postuler après."

Pour pallier cela, les CFA tentent de s'adapter en organisant des ateliers complémentaires avec les entreprises et les maîtres de stage. Le ministère du travail permet désormais aux apprentis en Restauration dont l'employeur est fermé en raison de la Covid-19, d'effectuer des stages d'observation dans une entreprise, dont l'activité est connexe au secteur de la restauration. En 2021, l'apprentissage, qui connaît pourtant son plus grand succès (440 000 contrats signés en 2020, contre 353 000 en 2019), est cependant sans saveur. 

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