Depuis trois ans, une laie prénommée Cocotte vit dans des conditions insalubres dans la grange d’un couple de retraités, à Musigny (Côte-d’Or). Ces derniers n'ont pas l'autorisation de détenir un animal sauvage, et l’animal est menacé d’être retiré. Famille et association cherchent donc des solutions.
Elle vit dans la pénombre d’une grange, remplie d’objets en tous genres. Cocotte est une laie qui a été recueillie par un couple de retraités résidant à Musigny, près d’Arnay-le-Duc (Côte-d’Or).
"Qu'est ce qu'on allait en faire ?"
L’histoire débute il y a trois ans, lorsqu’un chasseur leur apporte un marcassin. "Elle était toute mordue, donc on l’a soignée, se souvient Marianne Dubois, 87 ans. Il m’avait dit qu’il reviendrait la chercher dans quinze jours le temps qu’il fasse un parc et puis il n'est jamais venu. Alors, ça fait trois ans que je l’ai." Et son fils Philippe d’ajouter : "Qu’est ce qu’on allait en faire, on n'allait pas la manger !"
Aujourd’hui, Cocotte pèse 140 kilos. Ses maîtres d’adoption s’y sont attachés. "Je l’aime bien ma Cocotte", confie, émue, la retraitée.
"Elle me connaît. Elle est gentille ma petite bête, j’aimerais pas qu’on lui fasse du mal."
Marianne Dubois, "adoptante" de Cocotte
Problème : détenir chez soi un animal sauvage est sous conditions et la famille est dans l'illégalité, car ils n'ont pas demandé l'autorisation à la préfecture. Le sanglier fait, de plus, partie des espèces classées "dangereuses" pour l’homme. Une disposition dont la famille semblait avoir connaissance. "Je n'en ai jamais parlé parce que je voulais la garder, avoue Marianne Dubois. J’avais peur qu’on nous l’enlève et qu’on nous la tue."
Adoption illégale
La situation bascule mi-septembre. Dénoncée aux autorités par une personne anonyme, la famille reçoit la visite des gendarmes, qui les informe de la situation. Philippe Dubois décide, pour garder l’animal, de déposer une déclaration de détention auprès de la préfecture. Laquelle répond, le 10 octobre, par la négative. Elle spécifie : "Les conditions de vie actuelles de l'animal sont manifestement incompatibles avec son bien-être".
Depuis, la famille s’est tournée vers une association, Vida. Celle-ci affirme vouloir "les aider", tout en dénonçant les conditions de vie de Cocotte : "Elle est en souffrance là-bas et aucune association animale ne cautionne ce comportement, affirme Cendrine Perrot. Il aurait fallu la laisser dans la nature et que la nature fasse son travail mais aujourd'hui elle est là, elle a besoin d’aide donc on va l'aider."
Car la situation presse : le procureur a demandé la saisie de l’animal, pour effectuer "des prélèvements pour raisons sanitaires", selon nos informations. Mandaté par l’Etat, l’Office français de la biodiversité (OFB), qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, a installé une cage pour capturer Cocotte.
La solution de l'enclos
Une initiative qui inquiète l’association : "Si l’OFB nous la prend, ça finira en parc de chasse. Ça, on n’adhère pas, car elle finira avec une balle. Donc on va tout tenter pour faire un enclos qui soit dans la légalité de la préfecture".
Face à l’impasse, l’association a imaginé l’aménagement d’un enclos à proximité du domicile des Dubois, "dans la légalité de la préfecture". Un abri y sera installé, ainsi qu’une citerne d’eau.
"Le problème, c’est que désormais la laie est malheureusement domestiquée. On ne peut donc plus la relâcher dans la nature."
Cendrine Perrot, mandataire de l'association Vida
De son côté, la préfecture ne donne aucune information concernant la suite des événements. "Je comprends tout à fait que la préfecture demande la saisie de l’animal, approuve Cendrine Perrot, de Vida. Mais avec d’autres associations, on essaye de contrer cette décision de justice, car il y a d’autres exemples de sangliers domestiqués qui sont chez leur propriétaires, les autorisations ont été délivrées. Pourquoi ce ne serait pas le cas avec Cocotte ?"
Avec Yacine Arbaoui / FTV