L’association Nomade Médical, basée à Dijon, poursuit ses actions humanitaires et de partenariat à l’international malgré la pandémie de coronavirus. Les missions sont stoppées, mais l’envoi de matériel continue dans les pays en développement.
A quoi sert Nomade Médical ?
Au mois de juin 2020, pas moins de neuf palettes de matériel médical ont quitté la Bourgogne et ont été envoyées à des dentistes de Madagascar : des fauteuils, des stérilisateurs, des consommables, etc."Je récupère le matériel de confrères qui cessent leur activité : certains partent en retraite, d’autres arrêtent pour des raison de santé, d’autres encore changent leur matériel. Je fais en sorte qu’ils ne le vendent pas, mais qu’ils le donnent à l’association."
Cela fait près de 15 ans que Jean-Daniel Métin a créé Nomade médical une association à but non-lucratif spécialisée dans la santé bucco-dentaire.
En un an, le président-fondateur de Nomade Médical a récupéré 9 fauteuils de dentiste : "j’en ai déjà envoyé 3 au Bénin et 6 à Madagascar."
L'ONG humanitaire Nomade Médical a été créée à Dijon en 2006.
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© Nomade Médical
Comment faire fonctionner une ONG à Dijon ?
Cette quête se poursuit tout au long de l’année avec un maître mot : la débrouille."Certaines ONG passent leur temps à chercher de l’argent pour payer des gens qui cogitent et d’autres qui vont sur place, etc. Ils ont d’énormes frais de fonctionnement. Je suis contre ce système. Nous, on se débrouille", dit-il.
Concrètement, quand une mission s’envole pour l’étranger, chaque participant paie sa part.
Pour se rendre à Madagascar, par exemple, cela revient à 2 500 euros pour trois semaines (cela correspond aux frais, dont l'hébergement et les déplacements). Sur ce montant, on déduit jusqu’à 75%, car Nomade médical est une ONG loi 1901.
"Du coup, quand nous y allons, les gens sont motivés. Même une infirmière qui gagne 2 000 euros par mois, peut participer à un séjour de trois semaines à Madagascar ; ça lui revient à 400 euros. Parfois, l’hôpital permet une absence motivée et acceptée par le service tous les deux ans; la personne garde son salaire pendant deux semaines maximum à condition qu’elle fasse un compte-rendu. Je trouve que c’est un système très intelligent", précise Jean-Daniel Métin.
Une mission de l'ONG Nomade médical à Madagascar en 2012.
L’humanitaire, c’est très enrichissant, mais c’est aussi très dur
Mais, avant de s’envoler à l’autre bout du monde, tous les participants sont testés, qu’ils soient infirmier(es), aide-soignant(es) ou chirurgiens-dentistes.Aller en mission humanitaire, c’est très enrichissant, mais c’est aussi très dur. "On travaille du matin au soir, il faut souvent prendre des traitements contre le paludisme, etc. On doit être en bonne santé physique, mais aussi en bonne santé morale. Certains sont venus en croyant changer le monde : ils n’ont pas été très agréables dans l’équipe alors qu’on est ensemble dans l’équipe presque 24 heures sur 24. Il faut donc que les gens soient bien équilibrés."
C’est pourquoi tous les candidats au départ commencent par assurer l’antenne médicale Du sourire à l’œil : il s’agit d’un bus médical qui circule à Dijon et dans les environs et qui va à la rencontre des gens de la rue.
A bord, des dentistes, des orthoptistes et des opticiens bénévoles. Les patients sont examinés, avant d'être réorientés vers le centre médical géré par la Sdat (Société dijonnaise d'assistance par le travail) pour les soins proprement dits.
"Une fois ce test passé, nous savons qui peut participer aux missions ou pas" résume Jean-Daniel Métin.
Mission de l'association Nomade médical en 2016 au Kenya
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© Nomade médical
Mauritanie, Bénin, Colombie, Madagascar...
Mais, pour l'année 2020, il n’y aura pas de départs. Tout a été annulé à cause de l’épidémie de Covid-19 : d’abord, la mission à Madagascar et aussi celle qui devait avoir lieu en Colombie fin août."J’espère qu’on pourra partir pour la Mauritanie en janvier 2021, ce serait la première fois qu’on y retourne depuis 10 ans."
Au programme de 2021, il y a aussi le Bénin en février, puis la Colombie en juin et Madagascar en octobre… en principe, car tout est suspendu à la pandémie de coronavirus.
Alors, en attendant, le président de Nomade médical continue à chercher des donateurs pour expédier du matériel.
Outre les soignants bénévoles, l’association peut aussi compter sur ses 250 adhérents, qui donnent bon an mal an environ 15 000 euros chaque année.
"Mes patients, par exemple, donnent 20, 50 ou parfois 1 000 euros, car ils voient ce qu’on fait. J’ai installé un écran dans la salle d’attente de mon cabinet à Dijon, où on peut voir défiler des photos des différentes missions qu’on mène à travers le monde : Mauritanie, Kenya, Cuba, Cambodge, Brésil, Bénin…" Des images qui valent tous les discours.
Une mère de famille est soignée par un dentiste de l'association Nomade médical lors d'une mission humanitaire en 2016 au Kenya.