Dijon : une manifestation pro-IVG contre la décision de la Cour Suprême des Etats-unis

Un rassemblement s'est tenu à Dijon ce samedi 2 juillet, place Darcy, en faveur du droit à l'avortement en France. Un collectif composé de la LDH Dijon, FSU 21 et Solidaires a dénoncé "l'atteinte historique aux droits des femmes aux Etats-Unis" à la suite de la décision de la Cour Suprême sur l'avortement.

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Un peu partout en France ce samedi, différents rassemblements ont eu lieu pour dénoncer la décision prise par la Cour Suprême aux Etats-Unis, et "l'atteinte historique portée aux droits des femmes". A Dijon à 11h, place Darcy, et à Mâcon à 14h30, à l'appel du collectif "Femmes Solidaires".

La décision aux Etats-Unis "aura des répercussions néfastes au niveau international"

Le "Collectif avortement en Europe, les femmes décident", à l'origine du mouvement, est composé d'associations féministes, de syndicats et de partis politiques. Ce samedi en fin de matinée, la Ligue des Droits de l'Homme de Dijon était dans la rue. Cécile Ropiteaux, l'une de ses militantes, a fait part de ses préoccupations : "on n'est jamais à l'abri d'un recul, je relisais les articles citant certains députés de l'extrême-droite, qui comparaient l'avortement à un génocide. On est vraiment dans l'outrance, et ces gens-là, s'ils étaient un jour majoritaires, ils pourraient revenir sur cette liberté, effectivement."

Même si le droit est inscrit dans la loi en France, Cécile Ropiteaux marque la nuance : "il y a le droit dans la loi", et cette question : "est-ce que les femmes ont les moyens d'exercer leur droit à l'avortement, quand elles se trouvent dans l'obligation d'avorter ? Ce n'est pas un moyen de contraception, mais parfois les moyens de contraception ne jouent pas leur rôle à 100 % : parfois une femme est violée, parfois une femme attend un enfant qui n'est pas viable...Dans tous ces cas-là, l'avortement doit être préservé."

"Je ressens de la frustration, de la colère, de la tristesse"

Parmi la trentaine de personnes présentes, trois jeunes, âgés de 22 à 24 ans. Pour Stéphane, 23 ans, sa réaction, face à la décision de la Cour Suprême des Etats-Unis, c'est une "incompréhension " : "en France, on voit la montée de partis extrêmes, et on se sent sous la menace de ce genre d'action. C'est pour cela que c'est important de faire en sorte qu'on puisse l'inscrire dans la constitution, que ce soit plus durable."

"Ce n'est pas en tant qu'homme que je réagis, c'est en tant que humain : la liberté de pouvoir disposer de son corps, si moi on m'interdisait de faire des choses à l'encontre des actions que je pourrais porter sur mon corps, ça m'attendrait. C'est normal de venir ici !"

Parmi le groupe, une jeune fille, Laura, sous le coup de l'émotion, réagit : "si c'est un droit qu'on estime être normal, le mieux c'est de le mettre dans la Constitution, comme ça, on est sûr qu'il a moins de risque de bouger. C'est une façon de le sécuriser."

En réaction face à la décision prise aux Etats-Unis, Laura est émue : "Je ressens de la frustration, de la colère, de la tristesse, en fait de voir que nos corps sont plus réglementés que des armes qui vont tuer des gens. L'avortement illégal, c'est la 3ème cause de décès des femmes. En fait je trouve ça aberrant. La vraie question, c'est la femme, elle ne fait pas ce qu'elle veut de son corps."

La comparaison avec la France se situe au niveau du droit des femmes, selon Laura : "le droit des femmes, il est fragile. En France, on est loin d'être un exemple : tous les jours, que ce soit du sexisme ordinaire, tous les jours, j'essaie de sensibiliser les personnes, de faire de la pédagogie, mais en fait il y a des choses ..." Laura s'interrompt "mais en fait je suis en colère, je suis triste ! Le fait de voir qu'il y a vraiment un bond en arrière mais ça montre que ça arrive. On savait que c'était acquis, mais pas vraiment. C'est sûr qu'un retour en arrière était possible c'est juste triste de voir que c'est le cas."

Yoan, 22 ans, prend la parole : "C'est vrai que les Etats-Unis, c'est un pays auquel on s'identifie, ils sont dans des situation proches des nôtres. C'est pour cela qu'on est encore plus marqués par cela. C'est un droit qu'on pensait acquis dans nos pays occidentaux, mais ça arrive à un moment où ça suit la guerre en Ukraine, c'est des situations comme le réchauffement climatique. C'est des combats qui avaient été acquis dans le siècle passé, qui avaient été actés. On pensait que la guerre en Europe, ça n'arriverait plus jamais, que l'avortement était rentré dans nos moeurs et nos cultures, et ça revient sur le devant de la scène. C'est des choses dont on n'avait pas besoin !"

Plus loin, une jeune femme écoute avec attention les prises de parole. Rose travaille dans le secteur médical, et selon elle, "inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution, ça n'est pas forcément une solution !"

Elle s'explique : "Parce qu'il n'est pas remis en cause en tant que tel au niveau de la loi, par contre il est remis en cause par les délais, les non-prises de rendez-vous, avec les 'mauvais soins'... On ne fait rien pour le faciliter. Par exemple, les sages-femmes peuvent prescrire pour un avortement médicamenteux mais n'ont pas le droit de pratiquer une IVG instrumentale. Ça serait un bon moyen de sécuriser et de réduire les délais !"

Rose s'inquiète de la fragilité du droit à l'avortement, qui peut être remis en cause à tout moment : "Vous parlez de droit à l'avortement en France, mais sur les réseaux sociaux je vois passer des commentaires comme 'une vie est une vie', 'les avorteurs sont des assassins'...! Quand on voit des responsables politiques en France qui saluent la décision des américains, alors que ce sont des femmes qui vont mourir ! Les gens se réjouissent de la mort de femmes !"

Rose conclut par une note d'inquiétude : "Ça ne sera jamais sécurisé totalement, les politiques peuvent s'en emparer, mais il n'y a rien qui est fait pour réellement faciliter le droit à l'avortement ! C'est Simone de Beauvoir qui disait : 'N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.'

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