Chaque année, la Commission européenne élit la capitale verte de l'Europe. Un titre auquel prétend la ville de Dijon pour 2022, et elle n'a de cesse de le rappeler à ses habitants.
Candidate au titre de capitale verte européenne 2022, la ville de Dijon a l'ambition de devenir une référence en matière d'environnement et d'aménagements urbains. Et elle l'affiche à chaque occasion. La capitale bourguignonne multiplie les opérations de communication à coups de distributions de goodies, conférences et autres posts sur les réseaux sociaux. On a cherché à comprendre ce qui motive cette grande campagne publicitaire.
Sur quels critères la ville est-elle sélectionnée ?
En mai dernier, la candidature dijonnaise s'était démarquée parmi dix-sept villes européennes, sur la base de douze indicateurs :
- Atténuation du changement climatique
- Adaptation au changement climatique
- Mobilité urbaine durable
- Utilisation durable des sols
- Nature et biodiversité
- Qualité de l'air
- Bruit
- Déchets
- Eau
- Croissance verte et éco-innovation
- Performance énergétique
- Gouvernance
La Commission européenne a distingué la capitale des Ducs sur trois catégories. Dans un document (en anglais), elle estime Dijon plus avancée dans les catégories "croissance verte et éco-innovation", "nature et biodiversité" et "gestion des déchets". Ce classement a permis à Dijon de faire partie des quatre villes finalistes, qui seront départagées à l'issue d'un grand oral face à un jury d'experts, ce jeudi 8 octobre à Lisbonne (Portugal).
Au vu du classement, la ville de Grenoble semble néanmoins la mieux placée avec 5 premières places sur douze (contre 3 pour Dijon). En jeu : un versement de 350 000 euros. La Commission européenne promet également de mettre en avant la ville lauréate sur la scène internationale, un gage de tourisme et de développement économique.
Pourquoi certaines associations s'y opposent ?
Sept associations environnementales, comme les antennes locales de Greenpeace, Extinction Rebellion ou encore les Amis de la Terre s'élèvent contre la candidature dijonnaise. Jeudi 1er octobre, elles ont signé un courrier pour interpeller le jury de la Commission européenne.
"On ne peut pas être une référence, quand il y a autant de problèmes à côté, notamment un problème de bétonnisation au détriment de la végétalisation. C'est tout le souci de ce label : on évoque les points positifs et on occulte le négatif à côté", argumente Stéphane Dupas, président des Amis de la Terre en Côte-d'Or.
"Nous encourageons donc notre ville à devenir vraiment une ville verte, et au-delà de la publicité et même de ce label, à rayonner par les actions qu'elle engagera concrètement sur le territoire et avec ses habitants. Ce qui, aujourd'hui, n'est pas le cas", conclut la lettre commune. Les associations dénoncent par exemple des investissements insuffisants dans le développement du vélo ou "une urbanisation galopante" qui élimine toute trace végétale dans les rues. "Plus de 140 hectares ont été artificialisés depuis l'an 2000" ajoute le texte.
De son côté, Stéphanie Modde, élue écologiste et ancienne membre de la majorité évoque une "reconnaissance du travail des anciennes mandatures" mais estime qu'il existe des labels "plus qualitatifs" que celui de capitale verte européenne. Elle cite notamment le label de la biodiversité ou Citergie, pour lesquels "les jurys se déplacent sur le terrain, ce n'est pas que du déclaratif."
C'est ce jeudi 8 octobre que la Commission européenne devrait choisir qui est sacrée capitale verte européenne pour 2022. Pour l'instant, Nantes est la seule ville française à avoir profité du titre, en 2013.