Dijon veut se doter d'un cimetière pour animaux avant l'année 2026. Deux sites seraient envisagés, mais pour l'instant, rien n'est décidé. Mais quelle est la situation actuelle pour les propriétaires d'animaux habitant en ville, alors que le secteur du funéraire animalier est en pleine dynamique ?
Une trentaine de cimetières pour animaux existent en France, des communes se dotent également de sites cinéraires. Alors que le secteur du funéraire animalier est en plein essor, on estime à 800.000 le nombre de crémations animales par an en France, des villes souhaitent proposer un choix alternatif aux propriétaires d'animaux.
Un membre de la famille
Pour une majorité de français (68%, source Ipsos 2023) l’animal de compagnie est considéré comme un membre de la famille. Plus d’un français sur deux possède un chien ou un chat.
Au regard de ces chiffres, il est intéressant de se pencher sur le problème de la fin de vie de nos amis à quatre pattes.
Si le code rural permet toujours l’enfouissement d’un animal dans un terrain privé (pour les animaux dont le poids est inférieur à 40 kg), comment les propriétaires d’animaux peuvent procéder en ville ?
Jean-Jacques Dentz est vétérinaire à la Clinique des Clomiers à Talant, près de Dijon. Souvent sollicité pour pratiquer des euthanasies, le vétérinaire est aussi présent pour soutenir les propriétaires et les accompagner dans leurs choix pour la fin de vie de leur animal : “c'est un moment toujours difficile puisque en fait la mort d'un animal, c'est comme la mort d'un enfant, c'est une séparation sur un délai de vie qui est quand même relativement compliqué à vivre, donc la solution qui est proposée majoritairement par les vétérinaires aujourd'hui, c'est une solution d'incinération avec ou sans récupération des cendres.”
Si l’enfouissement reste une autre possibilité pour les personnes disposant d’un jardin, beaucoup de propriétaires d’animaux se trouvent en milieu urbain. Le vétérinaire ajoute que “ le cimetière animalier peut effectivement répondre à cette demande.”
Accompagner les propriétaires dans leurs choix
Confrontés parfois au profond désarroi des propriétaires d’animaux, les vétérinaires doivent faire preuve d’empathie tout en demeurant professionnels. Un rôle que Jean-Jacques Dentz assume totalement : “Nous, en tant que vétérinaires, notre rôle, c'est de rester très ouverts, de libérer la parole, de ne pas parler d'un animal qui est parti mais d'un animal qui est mort. Notre rôle de professionnel, ça va être d'en parler avant : ‘qu'est-ce que vous voulez faire de cet animal une fois qu'il sera décédé ?’ et une fois que ça c'est réglé, ça n’est pas plus facile mais ça va être beaucoup plus sereinement que les décisions sont prises de dire ‘je l'enterre’, ‘je l'incinère’ ou éventuellement ‘je le destine un cimetière animalier.’
Incinération parfois coûteuse
L'incinération des animaux de compagnie peut s'avérer parfois coûteuse : “On a des incinérations individuelles pour des animaux de compagnie qui sont de petite taille, comme des hamsters. Une incinération qui va se chiffrer aux alentours de 200 euros - si je fais un parallèle purement financier - qui a été acheté 3 euros dans un magasin 2 ans avant. Il faut vraiment sortir de ce côté financier, de financiarisation des soins ou de la mort mais de rentrer réellement vers un affect, vers une projection personnelle, vers un attachement, puisque l'animal de compagnie est vraiment un membre de la famille."
Un cimetière pour les propriétaires les plus modestes
Delphine Blaya est adjointe à la ville de Dijon en charge de la protection animale. La ville de Dijon souhaite installer un cimetière pour animaux, c'était une volonté de l'équipe municipale en place : “pour ceux qui habitent en appartement, qui ont des moyens faibles”, assure l’élue. “Une incinération reste encore chère, ça dépend du gabarit et du poids et de l’animal. On voulait offrir cette possibilité d’enterrer pour les personnes qui ont des petits revenus, qui sont parfois en situation de précarité, pour qu’ils puissent dire au revoir à leur animal, moins abruptement que de le laisser derrière soi au cabinet vétérinaire et d’avoir moins de frais à engager.”
La ville proposera, probablement, à l’image d’autres cimetières pour animaux en France, des concessions à 3, 5 ou 10 ans.
Selon Delphine Blaya, le projet "devrait se concrétiser d’ici mi-2025."