Les Laboratoires Urgo et Laboratoires Urgo Healthcare comparaissaient ce vendredi 27 janvier à Dijon (Côte-d'Or), après qu'une enquête ait révélé des "pratiques commerciales irrégulières". Ces sociétés offraient des cadeaux à des pharmaciens en échange de l'abandon de remises sur certains produits.
C'est une affaire hautement irrégulière qu'ont mise à jour la gendarmerie de Dijon et la Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarité (DREETS) de Bourgogne-Franche-Comté. Saisies en juin 2021 d'une enquête par le parquet de Dijon (Côte-d'Or), les deux autorités ont révélé un système de connivence entre les Laboratoires Urgo Healthcare et un nombre inconnu de pharmaciens, disséminés partout en France.
Concrètement, l'entreprise offrait des "objets de valeur ou de loisirs à certains pharmaciens, en contrepartie de l'abandon de remises commerciales pouvant être consenties à leurs officines", a précisé dans un communiqué le procureur de la République de Dijon, Olivier Caracotch, ce vendredi 27 janvier. Citée par l'AFP, la répression des fraudes estime à "plus de 55 millions d'euros" les cadeaux offerts à des pharmaciens, entre 2015 et 2021.
Ce système, permettant notamment aux laboratoires URGO de fidéliser une clientèle avec des marges commerciales plus conséquentes et aux professionnels de santé d'obtenir des avantages personnels, est en contradiction avec la loi DMOS dite "anti-cadeaux" adoptée en 1993
Olivier Caracotch,procureur de la République de Dijon, dans un communiqué, vendredi 27 janvier
Près de 5,5 millions d'euros confisqués par la Justice
Confrontées, les deux entreprises mises en cause (Laboratoires Urgo et Laboratoires Urgo Healthcare) ont reconnu les faits et "pris les dispositions nécessaires pour y mettre définitivement fin au cours de l'enquête". Dispositions qui ne les ont pas empêchées de se retrouver devant le tribunal : les sociétés ont comparu ce vendredi à une audience sur reconnaissance préalable de culpabilité. Des peines de 1,125 millions d'euros d'amende - dont 625 000 euros avec sursis - ont été proposées par le parquet et acceptées par les entreprises fautives.
Par ailleurs, une somme s'élevant à très exactement 5 457 198,29 euros, saisie pendant l'enquête, a été confisquée par la Justice. Quant aux pharmaciens qui ont reçu des cadeaux, leur responsabilité "pourra être recherchée localement par les parquets compétents". La répression des fraudes, toujours citée par l'AFP, a d'ores et déjà indiqué que ses services vont poursuivre "dès la semaine prochaine" les investigations.