Ils sont fonctionnaires, cheminots, étudiants et retraités.. ils ont tous bravé la pluie dijonnaise ce jeudi 22 mars pour protester contre le projet de réforme de la fonction publique en premier lieu, mais pas que.
22 mars 2018, cinquante ans après les prémices des évènements de mai 1968, la convergence des luttes n'est pas morte. Cette après-midi, un cortège d'environ 3000 personnes (2800 selon les syndicats, 3400 selon la préfecture de police) a manifesté dans le centre-ville dijonnais dans le cadre d'une mobilisation nationale lancée à l'appel des cheminots et des syndicats de la fonction publique.
Les premiers - 400 environ - défendaient l'avenir du rail, menacé selon eux par une réforme de la SNCF qui voudrait supprimer le statut historique pour les nouveaux arrivés. Du côté des fonctionnaires, le plan Action Publique 2022 cristallise les mécontentements depuis cet automne. Plusieurs mesures ne passent toujours pas : gel du point d'indice et par conséquent des salaires, suppression annoncée de 120 000 postes, rétablissement du jour de carence ou recours accru aux contractuels (agents non statutaires)... la réforme fait craindre aux syndicats un "morcellement" et une "externalisation" de la fonction publique.
Dans les rangs des manifestants, on retrouve par exemple le personnel de l'Hôpital de la Chartreuse, en lutte depuis bientôt deux mois contre "la restriction des soins et la mauvaise prise en charge des patients", souligne Laurence Thély, infirmière membre du syndicat Sud-Santé. "Le personnel est diminué, les lits diminuent. On ne peut éxercer notre métier (...) dans de bonnes conditions de sécurité".
En tête de cortège, une banderole "Plutôt vandale que Vidal" (du nom de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, ndlr) fédère quelques étudiants encapuchonnés, déterminés - ils tenteront un mouvement jusqu'à la gare de Dijon - mais bien loin des enragés de Nanterre en 1968.
En Bourgogne, d'autres rassemblements avaient lieu à Auxerre, à Mâcon, à Nevers, à Sens et aux centres hospitaliers William Morey de Chalon-sur-Saône et Montceau-les-Mines.
Le gouvernement affiche cependant sa "très grande détermination à poursuivre les transformations de la France" et a indiqué vouloir continuer à dialoguer avec les organisations syndicales. Mais celles-ci l'ont d'ores et déjà annoncé : si les textes actuels n'évoluent pas, d'autres journées de mobilisation nationale pourraient avoir lieu dans les mois à venir.