Dans un entretien à Libération, François Rebsamen qualifie le PS de « parti sectaire » et annonce sa démission de la présidence de la FNSER, la Fédération nationale des élus socialistes et républicains. Il demande surtout un débat pour la désignation du candidat à l’élection présidentielle.
Il est bien loin le temps de François Rebsamen homme fort du PS … celui que certains militants désignaient comme « le flic du parti », le secrétaire national aux fédérations qui connaissait la géographie du parti socialiste comme sa poche et les opinions de quasiment chacun des 140.000 militants de la grande époque.
Aujourd’hui, le parti ne compte plus que 21860 adhérents qui ont pris la peine de voter avant le Congrès de Villeurbanne prévu ces 18 et 19 septembre et François Rebsamen, lui, fait partie de la « minorité » face à la direction emmenée par Olivier Faure.
Minorité pour ne pas dire opposition… car, dans une interview à Libération (article payant) https://www.liberation.fr/politique/elections/francois-rebsamen-le-ps-est-un-parti-sectaire-20210916_4ADNKMFTSFGHRA6YECZUJNZS2Q/?utm_medium=Social&utm_source=Twitter&xtor=CS7-51-#Echobox=1631808820, François Rebsamen ne mâche pas ses mots, pointant son « désaccord stratégique avec les orientations du Premier secrétaire Olivier Faure » qui aurait opté pour « l’effacement » afin de maintenir le PS en vie après la défaite de 2017 mais qui n’aurait obtenu que l’inverse. Il insiste en s’indignant que la direction du PS parle de « renaissance » alors que le parti a encore perdu quasiment la moitié des votants en l’espace de 3 ans. « Il n’y a pas de remise en question », assure-t-il, en ajoutant « aujourd’hui, le PS est un parti sectaire, un parti où ne pouvons plus débattre alors qu’historiquement c’est tout l’inverse ».
Fermez le ban…
Et François Rebsamen a décidé, par la même, d'en finir avec la présidence de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNSER); il a rendu publique sa lettre de démission ce vendredi 17 septembre 2021.
Illustration de mes propos dans @libe, voici ma lettre de démission de la présidence de la #FNESR dont la direction du Parti socialiste a censuré l'envoi à tous les élus socialistes et républicains. #CQFD
— François Rebsamen (@frebsamen) September 17, 2021
? Retrouvez mon interview : https://t.co/zYv8Y9oPXQ pic.twitter.com/Jxy3G2wgii
Les militants de Côte-d’Or derrière François Rebsamen
S’il peut compter sur des soutiens, c’est bien sur les militants de son département que François Rebsamen peut aller chercher… à l’image du Premier fédéral Michel Neugnot : « Il (François Rebsamen ndlr) fait un constat qui est réel », en expliquant qu’il n’y aurait plus aucun débat au sein du PS et que toutes les décisions sont prises par la direction sans concertation. Et de citer l’adoubement d’Anne Hidalgo en tant que candidate du parti à l’élection présidentielle. Et de s’indigner : « une candidate adoubée par le PS qui ne vient pas au congrès ! » Les militants de Côte-d’Or ont été convaincus par leurs « chefs » locaux : plus de 86,5% ont voté pour Hélène Geoffroy (maire de Vaulx-en-Velin près de Lyon), alors qu’au plan national, c’est Olivier Faure qui a été facilement réélu avec 72,28% des suffrages.
… pas ceux de Bourgogne-Franche-Comté
Mais les Côte-d’Oriens sont bien les seuls à ne pas avoir voté pour la ligne majoritaire. Tous les autres militants de Bourgogne-Franche-Comté, même peu nombreux, ont choisi la ligne portée par le Premier secrétaire sortant et réélu. Le débat réclamé pour désigner le candidat à l’élection présidentielle n’est pas gagné ! Mais Michel Neugnot veut y croire : « On va se battre pour qu’il y ait ce débat entre Anne Hidalgo et Stéphane Le Foll », le maire du Mans étant le candidat idéal de cette ligne minoritaire.
Voilà qui fait sourire certains socialistes de la région qui, sous couvert d’anonymat, raille la sortie de François Rebsamen comme étant la preuve d’une stratégie née uniquement dans un « esprit de revanche ».
Le sénateur socialiste de Saône-et-Loire Jérôme Durain se veut plus mesuré, tout en désapprouvant : « je ne vois pas où ça conduit. On a besoin de donner envie ; ce n’est pas en se tapant les uns sur les autres qu’on va y arriver » !
D’ailleurs, lui a déjà fait son choix : ce sera Arnaud Montebourg… qui, rappelons-le, n’est plus socialiste mais candidat tout de même à l’élection présidentielle.
Et Jérôme Durain n’est pas le seul à soutenir l’ancien président du Conseil général de Saône-et-Loire : les fédérations PS de Saône-et-Loire, de la Nièvre et du Jura lui sont acquises… sans compter certains élus de Haute-Saône et du Doubs, de source … socialiste !
Un rapprochement vers Emmanuel Macron ?
Pour certains membres du PS de la région, les positions de François Rebsamen ne seraient qu’une preuve de plus de son soutien à venir au président de la République. L’un d’entre eux ironise : « ce sont des crispations du vieux hollandisme et du néo-macronisme ».
Les partisans d’Emmanuel Macron en Côte-d’Or s’en amusent tout en pronostiquant : François Rebsamen attendra le soir du 1er tour pour apporter officiellement son soutien au chef de l’Etat ; ce sera « moins risqué » , avec des « arguments politiques plus acceptables par ses amis ».
A suivre donc…