L'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée et Corse a signé pendant le confinement un nouveau programme de travaux pour continuer d'améliorer la restauration de ce cours d'eau qui avait été trop rectifié.
C'est l'un des exemples présentés par l'Agence de l'eau RMC lors de sa conférence de presse présentant le bilan de deux années d'actions au profit des milieux aquatiques.
Remise en liberté
Déjà, lors d'un précédent programme, la rivière Ouche à l'aval de Dijon a profité d'une "remise en liberté". La rivière fait partie des 81 % des rivières présentant une morphologie dégradée (enrochements, rectifications, curages, etc.). Et, 53 % sont cloisonnées par des seuils et des barrages qui empêchent la circulation des poissons mais aussi des sédiments utiles au bon fonctionnement de la rivière.L'Ouche avait plus l'allure d'un canal que d'un cours d'eau et ne pouvait plus jouer son rôle écologique de prévention des inondations.
830 mètres linéaires ont été restaurés pour un budget de 158 000 €. C'est un projet initié par la FDPPMA 21 et soutenu par le syndicat du bassin de l’Ouche et la Commune de Crimolois.
Résulat : la quantité de poisson a été multipliée par 5 et les espèces sont plus nombreuses.
Une réflexion plus globale est en cours pour étendre ce type d'actions au trois rivières de la région de Dijon.
Lutte contre les pesticides
Autre exemple d'action engagée par l'Agence de l'Eau en Bougogne, cette fois-ci pour améliorer la qualité de l'eau brut avant prélevement pour alimenter en eau potable les habitants du secteur de Jeute à Crenacey en Côte d'Or. Ce captage fait partie des 269 captages prioritaires dans l'immense bassin versant Rhône Mediterranée et Corse. Ils ont été identifiés pour protéger la ressource en eau car ils sont vulnérables.
En 2010, ce captage a été jugé prioritaire car des herbicides et des nitrates étaient présents dans les eaux brutes. Le sol calcaire du secteur implique des transferts très rapides : tout ce que l'homme fait en surface se retrouve vite dans les eaux car le sol ne filtre rien ou presque. Et l'activité des hommes dans ce secteur est esssentiellement agricole. En 2014, quinze agriculteurs du secteur se sont impliqués pour inverser la tendance.
Deux d'entre eux ont converti leur exploitation en bio et des pratiques ont changé : les cultures ont été diversifiées, le retournement de prairie permanente évité.
Résultat : il n'y a eu aucun dépassement de pesticides depuis 2014.
Pour diminuer la présence de nitrates, c'est plus compliqué car les critères sont plus aléatoires, cela dépend de la météo mais le choix des pratiques culturales a un réel impact sur le taux de nitrates retrouvés dans les eaux.
Plus d'aides à la sortie du confinement
Chaque année, l'Agence de l'Eau RMC a un budget d'environ 440 millions pour que les rivières redeviennent en bon état écologique. Et pour, théoriquement, réaliser à terme l'objectif de la directive européenne sur l'eau qui fixe à 2027 l'échéance pour avoir 100% des rivières en bon état écologique.
Un objectif utopique d'autant plus que les Agences de l'Eau utilisent des critères de plus en plus exigeants pour évaluer les rivières. Et pourtant, la santé des rivières s'améliore au fil des ans. Pour comprendre ce paradoxe, Laurent Roy, directeur de l'Agence de l'Eau RMC a un métaphore "on cours vite sur un tapis roulant qui avance dans l'autre sens !".
C'est pourquoi seulement 26% des cours d'eau en Bourgogne Franche-Comté sont en bon état écologique contre 33% en 2018.
Et pour inciter les collectivités et les propriétaires privés à restaurer leurs milieux aquatiques, l'Agence de l'eau a décidé d'augmenter sa participation aux projets. De 50% habituellement, elle pourra monter jusqu'à 70%. Encore faut-il des porteurs de projets. Des partenaires déjà bien accaparés par tous les dossiers urgents issus de la crise sanitaire. D'où cette augmentation de la participation de l'agence, une façon de dire "N'oubliez pas les rivières !".