Sport : analyste vidéo, un métier dont les clubs ne peuvent plus se passer

Le club de rugby de Dijon mise sur l’analyse vidéo des matchs pour développer les performances de ses joueurs. Une technique qui devient indispensable. On vous explique pourquoi. Rencontre avec les yeux du Stade Dijonnais.
 


À seulement 19 ans, Charles Morel en connaît déjà un rayon sur le monde du rugby. Joueur, entraîneur et arbitre, le jeune homme a pu cette saison ajouter une nouvelle ligne à son CV. Celle d’analyste vidéo. Étudiant en deuxième année de licence STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) à l’université de Bourgogne, il intervient dix heures par semaine auprès de l’équipe première de Dijon.

Ses missions ? Tout voir et tout savoir sur son équipe et ses adversaires grâce à la vidéo et rendre des comptes aux entraîneurs dijonnais.
S’il ne filme pas les rencontres du Stade Dijonnais, parce qu'au même moment il doit arbitrer des matchs de fédérale, Charles surgit de l’ombre le dimanche soir. Son rôle est alors de récupérer les vidéos brutes pour "séquencer" les matchs, faire ressortir des axes forts. « En début de saison avec le manager, Renaud Gourdon, on avait convenu d’axer la vidéo sur certaines phases de jeu. Donc, mon rôle est de découper toutes les séquences. Par exemple, si l’on veut travailler sur le secteur de la mêlée, je vais rassembler toutes les mêlées du match ».
 

L'oeil du spécialiste fait de la résistance face aux algorithmes

Mais, son travail ne s’arrête pas à la simple analyse des actions collectives. Lors de chaque rencontre, les performances individuelles de tous les joueurs sont scrutées, décortiquées au point d’en tirer une série de statistiques. Nombre de passes réussies, nombre de placages ratés, jeux au pied, etc.
Rien n’est laissé au hasard. Un travail d’orfèvre que le jeune homme effectue à l’œil nu, sur un logiciel qui ne fonctionne pas encore avec un système d’algorithme. 

Chaque lundi, ses vidéos sont analysées par les joueurs et le manager dans le cadre de réunions de retour collectif. Organisés en différents groupes de travail, les joueurs font leur autocritique individuelle comme globale. Car, ces vidéos permettent d’illustrer avec précision tous les détails techniques d’une rencontre. Positifs comme négatifs.

L’analyse vidéo est non seulement un outil d’évaluation des rencontres, mais elle  sert également à préparer les futures échéances. Avant chaque match, Charles scrute les futurs adversaires via le logiciel TechXV.
« Dans notre poule, 95% des équipes déposent les vidéos de leurs matchs sur cette plateforme. Si on ne dépose pas nos vidéos, on ne peut pas consulter celles des autres ».
 


Cet espionnage convenu et régulé offre la possibilité à chaque équipe de se renseigner sur ses adversaires. « Encore une fois, mon rôle est de faire ressortir des séquences de jeu révélatrices du jeu de l’équipe adverse : comment est-ce qu’ils jouent, qu'est-ce qui fonctionne chez eux ou au contraire qu'est-ce que l’on doit attaquer. Cela permet également de repérer leurs meilleurs joueurs ». Avec ce système, l’équipe adapte aussi son jeu en fonction de l’adversaire. « Aujourd’hui, cela paraît impossible d’arriver sur une rencontre sans avoir travaillé l’adversaire à la vidéo » résume Charles.
 

Le travail fait avec la vidéo permet de ne plus rien laisser au hasard. Surtout, cela permet de ne rien oublier, quand on est parfois pris dans le flou d’un match.


Travailleur de l’ombre, mais petite pièce essentielle, le Dijonnais prend cette responsabilité avec assurance : « Quelques fois j’ajoute des commentaires sur les séquences vidéo, mais ça n’est pas moi qui les présente aux joueurs. Cette charge revient au manager et à ses adjoints ».
Alors qu’il jouait encore avec les espoirs du club la saison passée, le joueur voit dans ce nouveau système de travail la preuve d’un club qui poursuit sa mutation : « le Stade Dijonnais continue à se professionnaliser. Tout le monde dans le club travaille dans le même sens et rien n’est laissé au hasard ».

Passé d’équipe lambda de Fédérale 1 à sérieux concurrent pour la montée en Pro D2 en quelques années, le club de la capitale des Ducs s’est aussi doté d'un staff technique composé d’une douzaine de personnes (manager, entraîneurs adjoints, préparateurs physiques, médecins, kinésithérapeutes, etc.).

Après six journées de championnat, la formule porte ses fruits. Deuxièmes de la poule 1 de fédérale 1, les Rouge et Bleu ne se sont inclinés qu'à une seule reprise. C'était lors du premier match de la saison à Villeurbanne. 
 
 
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