Manifestations, tractages, interventions en amphithéâtres... Depuis plus de deux semaines, les syndicats étudiants de l'université de Bourgogne se mobilisent contre la réforme des retraites. Si les futurs moyens d'actions envisagés diffèrent, tous sont unanimes : "la lutte continue".
"Précaire à 20 ans, chômeur à 30 ans, et à la retraite, toujours précaire". Cette phrase, Emmanuel Brondel, président de L'Aube, un des quatre syndicats de l'université de Bourgogne, la brandit comme un slogan depuis plusieurs semaines.
Depuis le 10 janvier, le jeune homme de 19 ans symbolise une des facettes de la résistance à la réforme des retraites : celle de la jeunesse. "Il ne faut pas croire que c'est parce qu'on est jeune qu'on n'est pas concerné, continue Emmanuel Brondel. Au contraire, on est les prochains à rentrer sur le marché du travail, donc on sera impacté de plein fouet par un départ à la retraite à 64 ans. Il est normal qu'on soit dans la rue".
"Tout le monde a conscience de l'urgence. Cette réforme est une catastrophe sociale mais aussi environnementale"
Camille,membre du syndicat Solidarités Etudiant.e.s
A l'université de Bourgogne, cette réforme a fait émerger une intersyndicale étudiante. A côté de l'Aube, se dresse l'Unef (Union nationale des étudiants de France), Solidaires étudiant.e.s et la Febia (Fédération étudiante de Bourgogne inter-associative). Tractages sur le campus, interventions en amphithéâtre, confections des pancartes pour les manifestations, etc. Tous essayent de se partager les tâches.
Trois assemblées générales ont ainsi déjà été organisées depuis le début du mouvement social, réunissant les syndicats étudiants, mais aussi ceux du personnel enseignant et des Biatts ( agents des Bibliothèques, Ingénieurs, Administratifs, personnels Techniques et Sociaux et de Santé). "Tout le monde a conscience de l'urgence. Cette réforme est une catastrophe sociale mais aussi environnementale. C'est bien normal de se rassembler dans ces cas-là" explique Camille, membre du syndicat Solidarités Étudiant.e.s.
Les étudiants ont obtenu une dispense d'assiduité
Preuve de cette volonté commune : après une réunion avec la direction de l'uB, l'intersyndicale a réussi a obtenir vendredi 27 janvier une dispense d'assiduité pour les étudiants qui voudraient manifester. Autre image forte, celle du cortège étudiant s'élançant depuis le campus pour rejoindre, tous ensemble, le centre-ville et les manifestations dijonnaises des 19 et 31 janvier.
Cet élan contestataire va-t-il tenir sur la longueur ? Tous les interlocuteurs interrogés par France 3 Bourgogne l'assurent. "Ça nous fout les boules de se dire qu'à 20 ans, on va vivre dans une société où l'on va trimer au travail jusqu'à 64 ans. Voire plus, ça peut encore évoluer...Donc oui, on se battra pour bloquer le gouvernement. On ne se refuse aucune action" annonce Ana, 20 ans, membre de Solidarités Étudiant.e.s et étudiante en sociologie à Dijon.
Le blocage des universités, un sujet qui divise
Preuve de cette volonté, plusieurs organisations de jeunesse ont appelé à bloquer universités et lycées le 7 février prochain. L'Unef en fait partie. "Il faut bien comprendre que ce n'est pas un plaisir de bloquer nos lieux d'études, précise Clara Privé, étudiante en histoire et responsable des questions sociales et universitaires à l’Unef Bourgogne. Mais face à une ligne gouvernementale qui se durcit de plus en plus, on est obligé de durcir nos actions également. Il faut multiplier les actions coup de poing".
Si aucune action n'a encore été prévue sur le campus de l'uB, Camille, membre de Solidarités Étudiant.e.s, ne s'interdit aucune forme de mobilisation : "Le 7 février, il y aura sûrement des actions à Dijon. Blocages, occupations d'amphithéâtres, restaurants universitaires gratuits, etc. On pense à beaucoup de choses, on ne s'interdit rien". "On veut la grève générale pour contrer le modèle de société que nous impose le gouvernement. Ces actions visibles seront le moyen d'informer les étudiants et de montrer qu'on peut résister", renchérit sa collègue Ana.
"On veut un blocage par la grève, pas par l'occupation"
Louis Bichebois,étudiant en droit à l'université de Bourgogne et 1er vice-président de la Febia
Un avis que ne partage pas Louis Bichebois, étudiant en droit à l'université de Bourgogne et 1er vice-président de la Febia : "On est totalement contre le blocage. Les étudiants seront les premiers pénalisés et l'opinion publique ne nous suivra pas. On veut un blocage par la grève, pas par l'occupation". Pour Emmanuel Brondel, du syndicat "L'Aube", "les blocages sont nécessaires, mais nous ne sommes pas assez mobilisés à Dijon pour faire quelque chose d'efficace".
La question reste donc entière : l'université de Bourgogne sera-t-elle impactée par des blocages ou des occupations mardi 7 février ? Selon nos informations, l'intersyndicale étudiante devrait se réunir en assemblée générale dans les prochains jours pour prendre une décision.