Depuis 2018, à Bretenière (Côte-d'Or), l'INRAE cherche des alternatives durables à l'utilisation des pesticides. D'ici 2030 toute l'Europe doit réduire de 50 % son utilisation de produits chimiques dans l'agriculture.
À Bretenières, sur 120 hectares, c'est la biodiversité qui remplace les pesticides depuis 2018. Avec la plateforme CA-SYS, les chercheurs de l’INRAE (institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l’environnement) identifient les éléments qui favorisent ou non l’arrêt de l’utilisation des pesticides. Cette démarche s’inscrit dans le pacte vert pour l’Europe, signé en 2019. Il vise à réduire l’utilisation des produits chimiques dans l'agriculture.
"Il y a une énorme prise de risque avec ce dispositif expérimental. Un agriculteur ne peut pas prendre un tel risque, donc nous allons le faire", indique Pascal Marget, directeur de l’unité expérimentale de Bretenière à l’INRAE.
Pour trouver une alternative durable à l’utilisation des produits chimiques, plusieurs systèmes sont étudiés sur le territoire. Pour l'instant, les chercheurs s’intéressent au rythme des rotations de cultures ou encore aux auxiliaires comme les pucerons ou les coccinelles.
Presque 10 % du terrain expérimental a vocation à produire du nectar et du pollen pour les insectes. Ces insectes viendront ensuite déranger les ravageurs de cultures. Cette partie du territoire agricole produit donc des services pour le reste du territoire.
Un grand colloque scientifique à Dijon
Pendant deux jours, jeudi 2 et vendredi 3 juin, se tient à Dijon un colloque scientifique "Vers une agriculture sans pesticide" organisé par l’INRAE. D’ici 2030, la France et plus généralement l’Europe doivent réduire de 50 % l’utilisation de produits chimiques dans l’agriculture. Le colloque s’attachera à répondre aux objectifs du pacte vert pour l'Europe. Lors de ces deux jours, une trentaine d’instituts de recherche et vingt représentants de pays européens sont réunis.
Xavier Reboud, chercheur en agroécologie à l'INRAE était invité dans le JT de France 3 Bourgogne.
On a choisi de faire ce colloque à Dijon parce qu’il y a tous les ferments d’une bonne recette
Xavier Reboud, chercheur en agroécologie à l'INRAE
Il explique que l’enjeu de ces expérimentations, "c’est d’avoir une capacité à produire des règles de décisions que d'autres agriculteurs puissent dans leur contexte s’approprier pour leur propre système". L’enjeu est difficile pour les scientifiques, ils doivent s’adapter à la nature et ses cycles. Leurs recherches sont donc lentes. Xavier Reboud est tout de même optimiste quant aux bénéfices de ces études.
Il vient quand même nuancer le propos de la non-utilisation des pesticides. "Si ces systèmes sont suffisamment performants, on pourra les déployer. Evidemment quand on en aura besoin, on pourra avoir recours aux pesticides, au même titre que l’on utilise les médicaments quand on est malade."
Alors est-ce que laisser la place à la biodiversité plutôt qu’aux pesticides veut dire que l’on se passera de certains aliments ? Pour l’instant, d’après les chercheurs de l’INRAE, la réponse est non.
En revanche, les chercheurs insistent sur le changement de consommation. "On ne pourra faire évoluer les systèmes de production si on ne fait pas évoluer en même temps les systèmes de consommation".
Le site de l’INRAE à Bretenière ouvrira ses portes les 18 et 19 juin prochains.