Grève à France 3 Bourgogne-Franche-Comté : ce que vous ne soupçonnez pas concernant la suppression de la redevance TV

Les rédactions de France 3 Bourgogne et Franche-Comté sont en grève ce mardi 28 juin. Pourquoi ? En raison de la volonté d'Emmanuel Macron, président de la République de supprimer la redevance TV. On vous explique.

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Le 12/13 , le 19/20 et les programmes de France 3 Franche-Comté et France 3 Bourgogne ne seront pas diffusés ce mardi 28 juin en raison d'un mouvement de grève d'une grande partie des personnels.

C'était l'une des premières annonces du président lors de sa campagne pour la présidentielle 2022. "On supprimera les impôts qui restent, la redevance [télévisuelle] en fait partie" avait indiqué Emmanuel Macron lors d'une visite à Poissy en mars 2022. "On a annoncé et garanti une visibilité pluriannuelle"  pour le financement de l'audiovisuel public , a assuré mardi 21 juin sur France Inter Rima Abdul Malak, ministre de la Culture. Pourtant, ces déclarations ne rassurent pas les organisations syndicales qui ont toutes appelé à une vaste mobilisation. 

Ce 28 juin, les rédactions de France 3 Bourgogne et France 3 Franche-Comté sont en grève contre ce projet qui fragiliserait incontestablement nos missions et pourrait mettre à mal notre indépendance. Le mouvement s'annonce très suivi dans toutes les régions ainsi qu'au niveau national. "Cette décision de supprimer la redevance au moment où l’on prétend revivifier le dialogue citoyen illustre bien la verticalisation du pouvoir sous le règne d’Emmanuel Macron, sa conception très singulière du dialogue social et de la négociation, la brutalité de sa gouvernance" explique l'intersyndicale de France Télévision (CGT, CFDT, FO, SNJ, SUD)

"Il n'y aurait plus de visibilité sur le long terme"

Pourquoi cette mesure inquiète tant les journalistes et les équipes de France Télévisions, Arte, Radio France ou encore France 24 ? Raoul Advocat, secrétaire national du Syndicat National des Journaliste (SNJ) et journaliste à la rédaction de France 3 Franche-Comté nous explique : "On n'est pas là pour défendre l'existence de la redevance en tant que telle mais un financement pérenne pour la télévision publique. C'est ce que nous assure la redevance aujourd'hui".

Selon lui, le gouvernement a pour objectif de placer le financement des médias publics d'information "dans le tronc commun de l'État". "Le parlement pourrait modifier chaque année le montant de l'aide publique qui nous est accordée. Il n'y aurait plus de visibilité sur le long terme. C'est ça le fond du problème. Comment peut-on avancer comme ça ?" s'interroge-t-il, tout en rappelant que l'audiovisuel est une industrie lourde qui nécessite une forte anticipation. 

Pour créer des émissions, des magazines, financer des enquêtes, alimenter des sites internet d'informations et proposer nos contenus gratuitement aux téléspectateurs, il est indispensable de pouvoir compter sur un budget adapté aux enjeux. Pour l'instant, l'incertitude demeure et les inquiétudes grandissent alors que les citoyens sont de plus en plus exposés à la désinformation, notamment depuis l'avènement des réseaux sociaux.

Supprimer la redevance TV, c'est enlever la garantie au citoyen d'avoir un accès gratuit à une offre d'information de qualité, indépendante et diversifiée. 

Françoise Goiset, scripte et membre du syndicat SUD

Pour Françoise Goiset, scripte à la rédaction de Besançon et membre du syndicat SUD, c'est la continuité de la fragilisation du service public d'information, déjà entamée avec la suppression de la publicité en 2009 entre 20h et 6h du matin. "Parallèlement à ça, on entend parler de fusion entre les différentes entités de l'audiovisuel public, et des réformes internes déstabilisent France Télévisions depuis des années. Eux pensent ou disent vouloir faire des économies mais on sait très bien ce que ça coûte de restructurer une entreprise. Je pense que c'est un leurre" détaille-t-elle. Elle ajoute : "C'est l'information régionale qui sera la première impactée s'ils veulent continuer à faire des économies."

À quoi sert la redevance TV ?

Depuis 2009, la contribution à l'audiovisuel public (CAP) est payable par toute personne qui est imposée à la taxe d'habitation et qui détient un téléviseur. Son montant est déterminé par le Parlement et s'élève actuellement à 138 euros en France métropolitaine. Cela revient en fait à 0,37 centimes par jour et 11,50 euros par mois par poste de télévision dans un foyer. Par comparaison, un abonnement Netflix coûte entre 8,99 € à 17,99 € par mois pour une offre de programmes bien moins conséquente et diversifiée. À noter qu'en Allemagne, la redevance coûte 220 euros par an. 

En effet, cette redevance permet de financer les chaînes de TV et de radio du secteur public. Elle constitue même la ressource principale de ce secteur composé d'une multitude de rédactions.

► France Télévisions (les chaînes France 2, France 3, France 4, France 5, et les chaînes publiques d’outre-mer, principalement)
► Arte France (la chaîne Arte)
► Radio France (les stations France Inter, France Info, France Culture, France Musique et France Bleu, principalement)
► France Médias Monde (Radio France internationale - RFI, les chaînes France 24 et TV5 Monde) 
► L’Institut national de l’audiovisuel (INA), chargé de la conservation des archives audiovisuelles.

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