Après la vague hivernale de contaminations et la forte demande pour la troisième dose de vaccin anti-covid, on pratique de moins en moins d'injections en Bourgogne. Seuls trois vaccinodromes restent ouverts dans la région.
"Je suis venue parce que c'est le seul endroit que j'ai trouvé pour me faire vacciner !" Danielle, 77 ans, attend sa quatrième dose de vaccin anti-covid au CHU de Dijon. C'est le seul vaccinodrome du département à être toujours ouvert en ce mois de mai. À l'échelle de la région Bourgogne, seuls trois vaccinodromes restent ouverts : à Mâcon, Nevers et donc, à l'hôpital de Dijon.
Le covid reste "potentiellement très sévère" chez les plus fragiles
"Nous vaccinons tous les jours ouvrables car il est important pour les personnes les plus à risque de continuer à être vaccinées grâce à la quatrième dose", indique le docteur Michel Duong, infectiologue en charge du centre de vaccination au CHU de Dijon.
Il insiste sur l'importance du second rappel vaccinal pour les plus fragiles. "Le nombre d'infections baisse, avec Omicron l'infection est beaucoup moins grave en population générale, mais ça reste une infection potentiellement très sévère chez les sujets les plus à risque : personnes âgées, fragiles, immunosupprimées. Ce sont ces personnes-là que nous voyons en ce moment au centre de vaccination."
"Les sujets âgés continuent de décéder du covid. On a entre 100 et 150 décès par jour liés au covid."
Michel Duong, infectiologue
C'est précisément pour cette raison que Danielle a décidé d'effectuer cette quatrième dose. "Je n'ai pas été malade de toute l'année dernière, donc je fais attention, et je préfère me faire vacciner même si ce n'est pas obligatoire. Le covid n'est pas fini, on voit des gens tomber malades à droite à gauche, et vu mon âge, je n'ai pas envie d'attraper le covid."
"Pas d'intérêt" à garder ouverts des vaccinodromes "qui ne tournaient plus du tout"
Il est vrai que la vaccination a sérieusement marqué le pas, une fois passé le premier trimestre 2022. "La demande a été très forte en décembre et janvier parce que toute la population voulait sa dose de rappel", explique Alain Morin, directeur "santé publique" de l'Agence régionale de santé en Bourgogne-Franche-Comté.
"À l'époque, on est monté à plus de 180 000 vaccinations par semaine. Aujourd'hui, on est à moins de 10 000 par semaine."
Alain Morin, directeur de l'ARS
En deux ans de pandémie, 2,2 millions d'habitants sur les 2,8 millions que compte la Bourgogne-Franche-Comté ont été vaccinés. Une large majorité donc, mais qui n'a pas besoin pour l'heure d'effectuer sa quatrième dose puisque celle-ci est réservée aux plus de 60 ans, sans obligation.
"On est sur une phase de réduction du nombre de centres de vaccination car il n'y avait plus de demandes", indique Alain Morin. "On mobilisait à la fois du personnel, des locaux et des collectivités, pour avoir des centres qui ne tournaient plus du tout. Il n'y avait pas d'intérêt à les maintenir."
Où se faire vacciner en Bourgogne ?
Désormais, l'essentiel de la vaccination est assuré par la médecine de ville : généralistes, pharmaciens, sages-femmes et infirmiers. Adrien Navarre, pharmacien à l'officine de l'Arquebuse, pratique la vaccination mais n'a pas beaucoup de réservations : "Au plus fort de la vague en décembre-janvier, on faisait en moyenne deux séances de vaccination par jour, avec une quinzaine de personnes par séance. Là, on ne fait plus que trois séances par semaine avec cinq à six personnes par créneau."
Un ralentissement très fort qui pose un problème logistique : un flacon de Pfizer contient sept doses, qui ne peuvent être conservées plus de six heures. "Il faut centraliser les rendez-vous pour ne pas gaspiller de doses", explique Adrien Navarre.
"C'est compliqué de trouver des personnes disponibles au même moment sur le même créneau. On essaie de faire le maximum, mais en cas de désistement de dernière minute, on est obligé de jeter la dose."
Adrien Navarre, pharmacien
Trop de contraintes, trop peu de monde : certains médecins arrêtent de vacciner
Face à ces difficultés, certains professionnels de santé ont carrément décidé d'arrêter de vacciner. C'est le cas du docteur Antoine Gebrael, généraliste à Dijon : "J'ai vacciné une bonne partie de ma patientèle lors des vagues précédentes. Le début de l'année a été une période chargée, j'avais du mal à trouver des créneaux pour vacciner sept patients par jour, en plus des patients à voir pour les symptômes covid et grippaux."
Il a donc renoncé à poursuivre la vaccination dans son cabinet, d'autant que les enjeux sanitaires ne sont plus du tout les mêmes que ces derniers mois.
"Jusqu'à la troisième dose, on craignait vraiment ce virus. À présent, même nous, en tant que médecins, on est vraiment rassuré par les formes bénignes du virus actuellement."
Antoine Gebrael, médecin
Le docteur Gebrael continue pour autant d'inciter ses patients à se vacciner. "Peut-être qu'on est en train de gagner la bataille du covid au niveau mondial grâce à la vaccination", rappelle-t-il.
De son côté, l'Agence régionale de santé assure que les vaccinodromes pourront rouvrir si une nouvelle campagne de vaccination devient nécessaire. "Certes, on a fermé les centres de vaccination parce qu'on en avait plus besoin, mais on garde la notion de "réversabilité". Si à un moment donné il faut refaire une campagne vaccinale, on réarmera les centres de vaccination tels qu'ils étaient avant", promet Alain Morin.