Côte-d'Or : ils redécouvrent le parc Joly, un jardin oublié à Semur-en-Auxois

A Semur-en-Auxois, en Côte-d'Or, une association s'est donnée pour objectif de rendre accessible au public, un parc de 2,4 hectares situé au pied des remparts nord de la ville. Ce n'est qu'une partie d'un parc privé créé au 19ème siècle et qui a été laissé à l'abandon depuis trente ans.   

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Lorsqu'on arrive à Semur-en-Auxois en passant par le pont Joly qui enjambe l'Armançon, la vue sur les énormes tours de la ville médiévale est saisissante. C'est à peine si on jette un coup d'oeil du côté de la rivière.

Pourtant, en contrebas du pont, une multitude de petits jardins plus ou moins bien entretenus, séparés les uns des autres par des murets de pierres sèches, offrent un joli décor à qui sait prendre le temps de regarder.

C'est là que l'Association de Sauvegarde des Jardins et Terrasses de Semur (A.S.J.T.S.) travaille depuis la mi-2020 pour remettre en état un magnifique jardin historique de Semur-en-Auxois. 

Derrière une petite porte, un immense parc paysager

Il faut être curieux et descendre par les petits chemins qui serpentent entre les maisons et leurs jardins en espaliers.

En aval du Pont Joly, sur la rive gauche de l'Armançon, taillée dans un mur couvert de lierre, une porte s'ouvre sur un jardin aussi extraordinaire qu'insoupconné : le parc Joly.

D'abord, on ne voit qu'une vaste allée au bout de laquelle une autre porte donne accès à d'autres allées plus ou moins larges, sillonnant de haut en bas ce versant de l'Armançon. 

Ce fut autrefois un parc paysager qui s'étendait sur les deux rives de la rivière. Une propriété privée de la famille Joly de Saint Florent, grands notables de Semur-en-Auxois.

Un travail cyclopéen

Président de l'A.S.J.T.S. Hubert Bonal a été parmi les premiers à se retrousser les manches pour s'atteler à la restauration des lieux. C'était la jungle. Partout des broussailles, des branchages enchevêtrés. 

"Quand on a récupéré le parc, on ne pouvait quasiment pas y entrer. On y est allé à la machette, au sécateur, des arbres étaient tombés, des murs effondrés.

Quand il a commencé, en septembre 2020, Hubert Bonal a fait appel à un chantier d'insertion de l'association G.R.E.N. pour dégager la terre et les blocs de pierre. "J'ai tout remonté en trois semaines", dit-il.  

Du bout du doigt, il désigne au loin une terrasse bordée d'un grand mur de pierres. "Vous voyez, là il y a, à peu près, 25 tonnes de pierres à reposer les unes à coté des autres, bien coincées, bien calées"...

"Il y a des endroits qu'on ne refera pas parce que c'est cyclopéen. Il y a des blocs d'une tonne, et on ne peut pas les bouger. Il faudrait faire venir une pelleteuse et on n'a pas les moyens".  

L'association a des projets avec la Fédération française des professionnels de la pierre sèche : "Peut-être un chantier école, mais ce sera dans une deuxième étape", dit Hubert Bonal.  

"On a besoin de monde"

L'association de Sauvegarde des Jardins et Terrasses de Semur regroupe pour le moment 180 adhérents et espère en avoir beaucoup d'autres car son budget repose sur ces adhésions. Elle espère des dons et du mécénat d'entreprises. 

"Nous allons ouvrir une souscription pour des dons par l'intermédiaire de la Fondation du Patrimoine", poursuit le président de l' association.

"On a besoin de monde, de petites et de grosses adhésions," dit Hubert Bonal. "On a un petit budget d'entretien mais on a des machines, on fait travailler un chantier d'insertion. Heureusement il y beaucoup de bénévolat".

Les adhésions à l'association pour l'année 2021 peuvent se faire à titre individuel pour la somme de 15 euros, en couple pour 25 euros, et à partir de 50 euros et plus pour devenir membre bienfaiteur. Un reçu fiscal est proposé pour une déduction des impôts.

Un appel à la mobilisation a été lancé. Chacun peut contribuer à sa manière par un don ou par un prêt d'outils, de matériel de jardinage, des plants et des boutures.

Parmi les 180 adhérents de l'association, une trentaine font partie des bénévoles vraiment actifs. C'est par exemple le cas de Paul Guillois, 76 ans. Ancien directeur des espaces verts de la ville, il a largement contribué au dégagement des souches et des arbres dangereux.

Le trésorier de l'association est lui aussi très présent sur le terrain. Thierry Daras aime beaucoup le jardinage qu'il pratique chez lui. "On a tendance à délaisser nos jardins, pour venir ici donner de notre temps, et on le fait avec plaisir". 

Obtenir le label Jardin remarquable et ouvrir au public

Un architecte de l'Ecole nationale supérieure de paysage de Versailles, Romain Bocquet, a été chargé d'établir un état des lieux et un programme de restauration agréé par la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne Franche-Comté.

En août 2020, l'association a signé un bail emphytéotique avec les propriétaires du parc afin de le restaurer et de l'ouvrir à la visite."C'est un parc en ville pour les adhérents et pour les visiteurs", dit Hubert Bonal. 

L'association qui s'est engagée à le restaurer le plus fidèlement possible par rapport à un plan original de 1872 souhaite obtenir le label de Jardin Remarquable.

Sur le plan sont indiqués des jardins à la française, des parterres, des terrasses et des escaliers, un pigeonnier, un théâtre de verdure, des sources et des bassins, une grotte, un verger... 

Les bénévoles de l'association font chaque jour de nouvelles découvertes. Dans les hauteurs du parc, une source alimente des cascades et des bassins.

Le fonctionnement du système hydraulique conçu par l'un des anciens propriétaires, ingénieur de l'Ecole centrale des arts et manufactures, reste en partie mystérieux.  

Un concert de jazz ouvert au public 

La première ouverture au public est prévue pour les journées Rendez-vous au jardin les 4, 5 et 6 juin 2021

Le 22 juin, le parc Joly accueillera le public pour un concert de Jazz. 

D'autres activités sont prévues mais seulement pour les adhérents à l'Association :

• des lectures sur le thème des jardins par Marcel Bozonnet, de la Comédie Française, qui est aussi un habitant de Semur-en-Auxois.

• des pique-niques afin que les membres de l'association aient l'occasion de se rencontrer.

Les administrateurs de l'A.S.J.T.S. souhaitent ainsi favoriser la cohésion autour du projet de restauration du Parc Joly.  

Rares sont ceux qui pour le moment ont eu la chance de venir voir le parc. Avant l'ouverture au public, les travaux de sécurisation devront être terminés.

Par endroits, il reste encore des chemins partiellement effondrés et certains arbres affaiblis dont les branchages pourraient tomber.

Beaucoup de Semurois attendent avec curiosité de pouvoir enfin découvrir ce parc dont ils ignoraient totalement l'existence. 

Enserrées dans les remparts de la ville médiévale, beaucoup de maisons n'ont pas de jardin. De plus, les confinements successifs depuis mars 2020 auront donné encore plus de raisons d'apprécier ce magnifique et vaste écrin de verdure.  

Histoire du Parc Joly

Joly de Saint-Florent est le descendant d’une famille dijonnaise remontant au XIVe siècle, qui a occupé les plus hauts emplois sous les ducs de Bourgogne et sous la royauté. Une des branches cadettes de la famille Joly, établie à Semur, a donné de nombreux notaires, avocats, médecins et officiers au bailliage et au présidial de l’Auxois aux 17e et 18e siècles.

Le grand-père de Joly de Saint-Florent et son père Antoine-Nicolas se sont succédé comme conseillers maîtres au Parlement de Dijon. Ils ont réussi à faire financer par les États de Bourgogne la construction du pont qui porte leur nom. Antoine-Nicolas en a posé la première pierre en 1779.

Ayant une maison avec un jardin descendant sur l’Armançon, Joly de Saint-Florent a agrandi sa propriété en achetant en octobre 1815, un « clos entouré de murs se composant de vignes, jardins, bâtiments, colombier empigeonné » d’environ 1 ha 33 ares, situé en face de chez lui, de l’autre côté de la rivière.  

Joly de Saint-Florent a fait aménager son parc et l’a agrandi par des acquisitions successives de 1831 à 1838 jusqu'à plus de 5 hectares.  

Une passerelle qu'il avait fait installer pour traverser l'Armançon a été emportée par une crue en mai 1856.

Le morcellement de la propriété a commencé en 1872. Pour payer ses dettes, la petite-fille de Joly de Saint-Florent a vendu ses propriétés de Massène et de Semur. Le parc sur la rive gauche de l’Armançon a été divisé en 6 lots.

Deux des trois lots situés au sud du parc ont été adjugés à Eugène Bréon, avocat à Semur. Un lot situé entre les deux a été adjugé à Pierre Legros, jardinier. Deux ans après, Eugène Bréon obtenait de Pierre Legros la cession de ce lot.

Cette portion de l’ancien parc Joly, le "Grand Jardin" comme l'appelait la famille Bréon, a été entretenue par trois jardiniers jusqu'aux années 1940.

Après la guerre, les descendants de Pierre Bréon, huit familles, géraient le parc en indivision. L'entretien devenant de plus en plus difficile, il a été vendu en novembre 2001.

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