Ce lundi 17 juillet, le gouvernement a confirmé la création d'un délit "d'homicide routier", ainsi que la suppression automatique du permis de conduire pour les conducteurs sous l'emprise de stupéfiants. Une initiative pour soutenir les victimes d'accidents de la route comme Gauthier Pataille, percuté par une moto il y a 28 ans et souffrant de nombreuses lésions cérébrales qui lui empêchent de parler.
Le 25 juillet 1995, la vie de Gauthier Pataille bascule. Il a 17 ans lorsqu'il se fait renverser par un motard. "Je revenais de la plage. En traversant la route, une moto me percute. Heureusement pour moi, un policier en civil était là et a appelé les urgences."
Le diagnostic tombe rapidement, Gauthier Pataille souffre de graves traumatismes crâniens. Il est resté pendant près d'un mois et demi dans le coma. À son réveil, deux années de rééducation ont commencé. "C'était très dur, j'ai fait de la kinésithéarpie pour apprendre à marcher. J'ai du remuscler mes jambes, car elles sont restées inactives pendant de longues semaines. J'ai fait de l'ergothérapie pour contrôler mes membres. Et puis j'ai appris que mes nombreuses lésions cérébrales ne me permettraient pas de reparler."
"Je n'ai pas besoin de savoir ce que le motard est devenu"
Aujourd'hui, il ne s'exprime qu'avec un interprète vocal. À la suite de son accident, un procès s'était tenu, le motard avait écopé d'une peine avec sursis.
À présent, je vis une vie agréable avec des sorties en ville et des activités pour personnes handicapées, une vie riche et bien remplie.
Gauthier Pataille
À 46 ans, Gautier voit les choses avec du recul. "Vous savez, si je m’étais posé des questions sur ce que devenait le motard, je n’aurai pas progressé. Donc le motard, je n’ai pas besoin de savoir ce qu’il est devenu. Je m’en fous royalement !"
Le gouvernement veut durcir le ton à l'encontre des conducteurs sous l'emprise de stupéfiants, avec la création d'un délit "d'homicide routier". Pour Gauthier Pataille, durcir la loi à l'encontre des chauffards pourrait aider les autres victimes. "Il est certain qu'une mesure ne suffit pas mais il faudrait déjà sanctionner plus sévèrement les personnes sous l’emprise d’alcool, de drogues. Je pense qu'il y aurait moins d'accidents, mais sur l'autoroute regardez qui roule à 130 ?"
"On a deux à trois appels par jour de victimes d'accidents de la route"
À l'association des paralysés de France, où de nombreux adhérents sont des accidentés de la route. on accueille favorablement l'idée d'un durcissement de la loi. Mais l'association croit aussi beaucoup en la prévention.
Pour moi il faut de la répression, il y a des gens qui ne comprennent que ça !
Martine CuenotReprésentante APF France Handicap 21
"Il faut informer et sensibiliser", assure Martine Cuenot de Représentante APF France Handicap 21. "Beaucoup de gens ne se rendent pas compte. Il y a des accidents par négligence de certains conducteurs. Certains font des fautes involontaires, c'est pour ça qu'il faut aussi faire de la prévention et de la sensibilisation."
Entre certaines mains, les véhicules deviennent des armes.
Norbert PiraultPorte-parole de l'association "Victimes et Citoyens"
Pour l'association Victimes et Citoyens, durcir les sanctions c'est bien, mais ça ne suffit pas. Il faudrait des mesures d'accompagnement. "On a deux à trois coups de téléphone par jour de victimes d'accidents de la route. Je ne pense pas que les mettre en prison va régler les choses. Quand ils vont être relâchés, ils vont recommencer. La répression a ses limites, il faut trouver l'entre-deux. On peut leur mettre un bracelet électronique, les suivre avec des psychiatres, des addictologues. Il faut que nous, associations victimes de la route, soyons présents dans les stages de récupérations de points."
Selon le ministre de l'intérieur Gérard Darmanin, les conducteurs sous l'emprise de stupéfiants "sont responsables d'un accident sur cinq."