Un "délit d'alcoolémie" pour les chasseurs ? La Fédération de chasse de Côte-d'Or "n'a aucun souci avec ça"

Le Gouvernement l'a annoncé mardi 25 octobre : une "feuille de route pour améliorer et garantir la sécurité à la chasse", avec une mesure instaurant un délit d'alcoolémie ou dans certaines régions des demi-journées sans chasse. Réactions de Pascal Sécula, président de la fédération de chasse de Côte-d'Or et président de la fédération régionale Bourgogne-Franche-Comté.

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"Il n'y a actuellement aucun cadre concernant l'alcoolémie à la chasse, nous voulons changer cela", a indiqué la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Bérangère Couillard lors d'un déplacement dans la Marne mardi 25 octobre. "La pratique de la chasse implique une arme, comme avec une voiture, c'est incompatible avec une alcoolémie forte."

"Avoir un délit sur l'alcoolémie, et être comme les automobilistes, oui, pourquoi pas ?"

"Je n'ai absolument aucun souci avec ça, tant qu'il s'agit d'améliorer la sécurité à la chasse, toutes les actions qui peuvent aller dans ce sens-là nous conviennent." Le président de la Fédération de chasse de Côte-d'Or, Pascal Sécula, ne voit aucun problème à réglementer l'alcoolémie à la chasse, mais il ponctue : "Je rappelle qu'actuellement, moins de 10% des accidents de chasse sont liés à l'alcoolémie. Ça ne va pas résoudre et ce n'est pas le fond du problème de la sécurité à la chasse." 

Cette mesure ferait écho à une vigilance déjà mise en place par les sociétés de chasse. "Dans l'absolu, avoir un délit sur l'alcoolémie, et être comme les automobilistes, oui, pourquoi pas ? Il faut savoir que depuis des années, toutes les sociétés de chasse, les responsables de territoires sont organisés pour faire en sorte que les chasseurs participant aux battues ne soient pas alcoolisés pendant la battue. Et ils font la troisième mi-temps après !"

L'angle de 30° de tir

Une autre mesure évoquée par le gouvernement serait une interdiction des tirs dans un rayon de 30 degrés à gauche et à droite des chasseurs. "C'est déjà existant quasiment partout dans les schémas départementaux, c'est en fait un angle de non-tir dans les 30°par rapport à ses voisins. En fait, on tire au-delà de l'angle de tir de 30°, il faut présenter les choses comme cela, sinon c'est exactement l'inverse."

Pascal Sécula rappelle malgré tout qu'une telle interdiction "est difficile à généraliser, il y a des endroits où il est plus facile de tirer devant soi en se trouvant sur une butte où il y a un tir fichant, plutôt que de tirer derrière soi. Je dis attention, une réglementation pour définir des angles de tir, il faut quand même être capable à chaque fois de s'adapter à son environnement pour faire un tir en toute sécurité. On s'aperçoit malheureusement que pour la plupart des accidents, c'est la non-prise en compte de son environnement, ou alors une mauvaise prise en compte, qui a généré un accident."

Interdiction de chasse sur une demi-journée

Une autre piste du gouvernement serait d'instaurer une demi-journée sans chasse. Si elle privilégie une mise en place au niveau local, dans des forêts péri-urbaines ou très fréquentées, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Bérangère Couillard "ne ferme pas la porte à une orientation nationale" et indique que le faire le dimanche "n'est pas un sujet tabou. Tout est sur la table".

Une mission du Sénat, constituée en novembre 2021 après le décès d'un jeune homme de 25 ans tué devant sa maison dans le Lot par un tir de chasse, avait rejeté en septembre l'idée d'instaurer au niveau national un jour sans chasse.

Pour sa part, le Président de la Fédération départementale et aussi président au niveau de la Région Bourgogne-Franche-Comté est catégorique : "Nous sommes absolument opposés ! On travaille au niveau national avec les autres associations et fédérations sportives (randonnée, cyclotourisme, équitation, golf...) , on est bien d'accord, c'est vivre la nature ensemble. Ce n'est pas autre chose."

On commence à nous dire, vous ne chasserez pas le dimanche après-midi, puis après ça sera le dimanche matin etc.. On est contre. Il faut être simplement en mesure de sécuriser l'action de chasse, mieux informer et mieux communiquer comment et où on chasse.

Pascal Sécula, président de la fédération de chasse de Côte-d'Or

La Fédération de Côte-d'Or est d'ailleurs en avance au niveau national pour la sécurisation des zones de chasse, comme l'explique Pascal Sécula : "Il existe une application gratuite 'chasse info' où en téléchargeant cette application en allant sur le nom de la commune, on a exactement les zones de chasse et les zones non chassées. Ça fait deux ans que cela existe, nous sommes pilotes. C'est ça qu'il faut faire, de l'information, de la communication utile. Mais interdire et cloisonner les activités, ça n'est pas bon du tout !"

Ci-dessous une capture d'écran de l'application :

Le dialogue avant tout

Une phase de concertation va être engagée avec les différents acteurs, notamment les fédérations de chasseurs, avec l'objectif d'aboutir à des mesures concrètes (via des arrêtés ou des décrets) "d'ici la fin de l'année, au maximum en début d'année", a-t-elle dit.

"Mon objectif est clair: je veux tendre vers le zéro accident dans les années à venir et cela passera par un meilleur respect des règles, une information plus importante auprès des riverains et un meilleur partage de l'espace", a indiqué la secrétaire d'Etat.

Pour la Fédération de Côte-d'Or, le souci du dialogue est également affiché : "Améliorer la communication pour justement rassurer et mieux informer, il n'y a aucun souci, on est totalement favorables. Nous, on ne fait que ça dans nos fédérations. On va participer au prochain salon des maires de la Côte-d'Or dans cet esprit-là aussi."

Le président de la Fédération de Côte-d'Or souhaite apporter toutefois la nuance entre les actions de sécurisation de la chasse et les détracteurs de la chasse en France : "Il faut séparer ces actions de réflexion qui sont constructives et positives, par rapport à des lobbys anti-chasse. Ça c'est autre chose, ce sont des gens qui veulent la fin de la chasse, en tous cas ils l'espèrent. On l'a bien compris et ils utilisent tous les arguments." 

Selon les chiffres de l'Office français de la biodiversité, le nombre des accidents de chasse est tendanciellement à la baisse depuis 20 ans. Néanmoins, pour la saison 2021/22, l'OFB a recensé 90 accidents de chasse (blessures corporelles liées à l'utilisation d'une arme de chasse), contre 80 la saison précédente. Parmi eux, huit accidents mortels, dont deux ont concerné des victimes non-chasseurs.

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