Covid-19 : une, deux, trois vagues ? Dans l'Histoire des pandémies, "c'est la norme"

La France et l'Europe sont frappées par une deuxième vague de coronavirus qui s'annonce plus meurtrières que la première. Mais que nous enseigne l'Histoire sur les pandémies qu'a traversées notre civilisation ? Entretien avec Laurent-Henri Vignaud, historien des sciences à l'université de Bourgogne.

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"Tout le monde avait intégré le risque d'une deuxième vague. Mais personne n'avait prévu une flambée si violente et si rapide" déclarait Jean Castex avant d’annoncer les modalités du deuxième confinement. Et pourtant, l’Histoire nous enseigne que les “deuxièmes vagues” dans les pandémies sont très courantes. Et elles sont souvent suivies d’autres... 

Laurent-Henri Vignaud est historien des sciences et maître de conférences à l’université de Bourgogne. Il nous en dit un peu plus sur l’histoire des pandémies pour nous éclairer sur cette deuxième vague de coronavirus.
  

“Deuxième vague”, qu’est-ce que ça veut dire ?

La vague, c’est la norme en épidémiologie. L’unicité, c’est l’exception. La vague, c’est une répétition à l’intérieur d’un même cycle épidémique. Mais ça peut aussi désigner la répétition des cycles épidémiques.

La pandémie de coronavirus connaît plusieurs sursauts. Contrairement au choléra, où des cycles se répétaient. La maladie faisait des morts dans l’année, puis elle disparaissait. Puis elle revenait et refaisait des morts.

Dans l’histoire des pandémies récentes, les “deuxièmes vagues” sont-elles courantes ?

Rien de plus courant qu’un cycle épidémique. Les grandes maladies auxquelles l’homme a été confronté dans son histoire sont récurrentes. C’est une réalité à laquelle nos ancêtres étaient habitués. Ils voyaient ressurgir les maladies saisonnièrement, comme les mauvaises récoltes, tous les 5 ou 10 ans. La peste s'est arrêtée sans qu'on ne sache pourquoi... Les humains avaient-ils développé une immunité collective ? Ou les contaminations ont diminué toutes seules ?  

C’est l’invention des vaccins et d’autres médicaments, comme les antibiotiques ou les antiviraux qui ont pu à terme, casser ces cycles. Si bien que nous avons cessé de les prendre en compte dans notre quotidien. A l’exception de quelques maladies saisonnières bien connues et peu mortelles comme la grippe ou la gastro-entérite. Mais nous y sommes habitués. 

La peste au Moyen Âge ou le choléra au XIXe siècle sont revenus par vagues. La grippe espagnole de 1918-1919 a parcouru le monde en trois vagues : une première au printemps 1918, en même temps que la guerre. La seconde à l’automne qui toucha davantage de pays et fit plus de morts. Et la troisième au printemps 1919, moins étendue mais beaucoup plus mortelle… Au total, ce sont environ 50 millions de personnes qui ont été tuées par la grippe, 400 000 en France.

Sont-elles plus meurtrières que la première ?

Il n’y a pas vraiment de règle. La deuxième vague de la grippe espagnole a engendré un bilan plus lourd que la première.
Si on suit les courbes de la Covid, on risque de connaître un scénario similaire à la grippe espagnole, car plus de régions sont touchées. Parfois, le germe mute et devient plus dangereux lors de la troisième vague. Mais plus le pathogène tue, moins il se répand. Les pathogènes les plus “heureux” sont ceux qui touchent des millions d’hôtes sans les tuer et peuvent ainsi survivre de saison en saison, comme le rhume…  
  

Comment expliquer ces différents retours ?

Un pathogène infecte tant qu’il a des organismes à infecter. Les épidémiologistes appellent ça “la moisson”. La seule chose qui l’arrête, c’est l’épuisement du stock, d’où l’allure en cloche des statistiques épidémiques. Certains microbes sont sensibles aux changements de température, d’autres non. Mais attention, une maladie peut subitement disparaître sans qu’on comprenne vraiment pourquoi… D’autres reviennent encore et encore. 

J’ai été surpris de constater que les premiers clusters au moment déconfinement ont été identifiés dans des abattoirs. C’est à dire dans un environnement froid et humide et dans une grande promiscuité professionnelle. J’ai supposé que nous risquions d’avoir un problème à l’automne avec la réouverture des écoles, le retour au travail dans les entreprises, les transports en commun et évidemment le mauvais temps qui allait nous pousser à nous enfermer. 

Un germe suit son propre cycle, mais nous varions aussi dans nos comportements de manière cyclique, nous exposant ainsi plus ou moins à la contamination. De toute évidence, le Covid-19 n’aime pas notre mode de vie estival (repas à l’extérieur, exposition au soleil, entreprises et écoles désertées).

Doit-on alors s’attendre à une troisième vague de coronavirus ?

Impossible à dire à ce stade. Le confinement change nos comportements de promiscuité, que le virus aime tant. Mais dès que ce confinement cesse, si nos habitudes de vie ne changent pas, l’épidémie reprend. En attendant, le seul moyen de stopper ce cycle infernal, c’est un vaccin qui casse les chaînes de contamination… Malheureusement, nous devons encore attendre pour pouvoir en disposer. 

 
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