Plusieurs dizaines d'agriculteurs de la coopérative Interval, dans le Jura et la Haute-Saône, devraient rencontrer de grandes difficultés financières pour leur exploitation en raison d'une mauvaise récolte de blé. Avec des effets accentués en raison des cours internationaux peu élevès.
La coopérative Interval prévoit d'avoir 130 000 tonnes de blé en moins dans ses silos cette année. A l'origine de ce manque à gagner la météo calamiteuse de ce printemps. La Bourgogne Franche-Comté est l'une des 4 régions françaises touchés par ces diffcultés.
Les récoltes de soja et de maïs ne permettront pas de compenser les pertes. Sur le marché mondial du blé, la chute de rendement sévère qu'a connue la France en raison de conditions météo désastreuses est largement compensée par une production très élevée dans les autres pays producteurs notamment du coté de la Mer Noire d'où des prix bas.
Aujourd'hui les chambres d'agriculture tirent la sonnette d'alarme et estiment que
"cette année 2016 est en train de s’inscrire dans les mémoires collectives comme celle d’une triple crise pour l’agriculture française. Les répercussions économiques, sociales et humaines ne doivent pas en être sous estimées !"
Les chambres d'agriculture ont publié un communiqué précisant que cette crise s'ajoute aux crises structurelles des filières bovines, porcines et laitières "fragilisant de manière durable le tissu des exploitations agricoles de France". Les chambres se tournent vers les pouvoirs publics et
"demandent de manière urgente, la restauration d’outils puissants et efficaces, afin d’éviter les conséquences de la dérégulation des marchés agricole, comme le font les Etats-Unis. Il faut redonner aux producteurs des marges de manoeuvre et une ligne d’horizon pour demain."
En juillet dernier, le ministère de l'agriculture publiait un communiqué précisant toute une série de mesures visant à aider financièrement les céréaliers. Voici une partie de ces décisions :
"- les dispositifs de garantie des prêts par BPI France et de l’année blanche bancaire, mis en place dans le cadre du plan de soutien à l’élevage et étendus au secteur des grandes cultures, doivent être pleinement mobilisés avec les établissements bancaires ;
- la procédure de dégrèvement d’office de la taxe sur le foncier non bâti pour les parcelles sinistrées a été mise en place. Des délais de paiement ou des remises gracieuses des différents impôts et taxes auxquels ils sont assujettis pourront également être prononcés pour les exploitants les plus en difficulté - le Gouvernement a veillé à ce que les producteurs puissent invoquer le cas de force majeure et bénéficier de la majorité de leurs aides quand les événements climatiques ne leur permettent pas de se conformer aux règles de la politique agricole commune (PAC). La force majeure peut ainsi être invoquée par ces agriculteurs dans les communes reconnues en état de catastrophe naturelle et dans les communes non reconnues mais justifiant de situations climatiques comparables, recensées par arrêté préfectoral ".
Pour la Coordination rurale de Franche-Comté, les aides doivent aller directement aux agriculteurs. Dans un communiqué, publié également le 22 août, la coordination précise, au sujet des aides financières, que "la gestion en étant attribuée aux coopératives, ces aides seront délivrées à leur discrétion, aux agriculteurs de leur choix, pour des produits phytopharmaceutiques choisis par leurs soins à des prix non négociés. Autant dire que la marge de manœuvre de l’agriculteur sera très réduite." Ces agriculteurs veulent "bénéficier de 100 % des aides accordées" et souhaitent "une vraie solidarité entre les membres de l’interprofession céréalière de sorte que l’aval (coopératives et agro-alimentaire) vienne enfin et sans arrière-pensée en soutien de l’amont (les agriculteurs) !".
Début octobre, le gouvernement devrait présenter un plan de soutien au secteur céréalier.
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