Audincourt : « on veut qu’Abakar revienne », le comité de soutien du jeune Guinéen a célébré son baptême républicain

Le comité de soutien d’Abakar Gassama, un apprenti Guinéen menacé d’expulsion, a organisé son baptême républicain ce samedi 13 février 2021 sur le parvis de l’Hôtel de ville d’Audincourt. Retenu au centre de rétention de Metz, le jeune homme s’est exprimé devant la foule par téléphone.

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Le téléphone portable de Pascal Tozzi, membre du comité de soutien, est collé au micro. Pendant un court instant, Abakar Gassama, 18 ans passés, s’est exprimé. « Allô, bonjour tout le monde, je suis content que vous me souteniez. Merci beaucoup, merci, merci, merci, je vous aime ». Une minute 18 de conversation entre Abakar, retenu à plus de 200 kilomètres de là, au centre de rétention de Metz depuis le 1er février, et la centaine de personnes qui le soutient depuis le début. Ce samedi 13 février 2021 à 14h30, c’était le baptême républicain d’Abakar. Programmé depuis longtemps, sa mise en détention n’a pas eu raison du calendrier. Et la cérémonie a bien eu lieu.

« Le baptême a été profondément émouvant puisque tout le monde était en communion. Cette émotion partagée nous fait dire qu’au-delà des statistiques, il faut qu’il revienne. Abakar a effectué sa scolarité ici, il a validé sa formation, il est cuisinier et un CDI l’attend. Et la profession, même si en ce moment elle vit une situation particulière liée à la crise de la Covid-19, attend elle aussi cette main-d’œuvre formée et motivée. Le Préfet doit tenir compte de cette situation particulière » témoigne l’ex-sénateur Martial Bourquin et aujourd’hui maire socialiste d’Audincourt.

 

« Si je retourne là-bas, je vais mourir »

Dans la foule rassemblée autour du portrait de ce jeune Guinéen, des parrains et des marraines, fraîchement désignés. Parmi eux, Fabienne Nadot du centre social de Bethoncourt qui a suivi Abakar durant son apprentissage, Mélanie Daf, adjointe à la ville d’Audincourt en charge de l’éducation et de l’enfance, et Edwige Pétrequin, gérante de l’hôtel-restaurant du Jura où Abakar a effectué un stage. « J’espère que cette mobilisation changera quelque chose. Quand Abakar était chez les gendarmes, il m’a téléphoné en me disant « aidez-moi, aidez-moi, si je retourne là-bas [NDLR : La Guinée], je vais mourir. Donc à moins d’être sans-cœur, on répond à la détresse d’Abakar ». 

Du côté des parrains, Bruno Lemerle, membre du comité de soutien, Damien Charlet adjoint à la ville d’Audincourt en charge de la sécurité et Olivier Kirchner, ancien président du Tribunal de Montbéliard et membre de la CIMADE, Comité Inter-Mouvements Auprès Des Evacués. 

 

 

« La Préfecture ne reconnaît pas les actes de naissance de ces jeunes Guinéens »

Abakar Gassama ou récemment Laye Fodé Traoré, ce jeune apprenti en boulangerie à Besançon, ont un point commun. La non-reconnaissance de leur acte de naissance fourni par la Guinée. « Les actes de naissance sont considérés comme non-conformes aux normes françaises et les préfectures se rangent derrière cette non-conformité pour refuser la régularisation. Pourtant, avant leur 18 ans, ces jeunes sont pris en charge par les services sociaux parce qu’ils sont mineurs. Donc c’est illogique » explique Olivier Kirchner.

La mobilisation pour le jeune apprenti boulanger de Besançon a payé. Laye Fodé Traoré, a appris début janvier, que sa situation était régularisée. Stéphane Ravacley, patron du fournil de la Huche à Pain situé dans le centre de Besançon, chez qui le jeune Guinéen était en apprentissage, avait même engagé une grève de la faim. « Des jeunes Guinéens, on en a quelques cas à Belfort mais beaucoup sur Besançon », conclut Olivier Kirchner, membre de la CIMADE.

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