À Arc-et-Senans, une visite parlementaire pour rappeler l'internement de 200 Tsiganes dans les Salines

La députée LFI Ersilia Soudais compte proposer la reconnaissance du génocide Tsigane à l'Assemblée nationale. Samedi 26 octobre 2024, elle s'est rendue aux Salines d'Arc-et-Senans (Doubs), où des familles nomades ont été enfermées pendant la Seconde Guerre mondiale.

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L'internement et le génocide des Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale ont longtemps été occultés. Preuve de cette reconnaissance tardive : cette plaque de commémoration, posée en 1999 seulement, sur un mur des Salines d'Arc-et-Senans.  

Entre 1941 et 1943, 200 personnes perçues comme Tsiganes par le régime nazi ou celui de Vichy ont été enfermées dans ce lieu historique. Samedi 26 septembre, la visite d'Ersilia Soudais, une députée La France Insoumise (LFI) qui fait de la lutte contre l'anti-tsiganisme "le fil rouge de son mandat", est une occasion de se le rappeler.

Évasions

Au printemps 1941, la Feldkommandantur de Besançon décide d'appliquer l'ordonnance du 4 octobre 1940, qui oblige le regroupement des nomades de la zone occupée. Ils ont d'abord été parqués dans un lieu-dit de la forêt de Chaux, expose Rémy Vienot au micro de notre journaliste Catherine Schulbaum.

Mais les gens s'évadaient. Alors les autorités se sont rappelées que la Saline royale n'était pas très loin et qu'elle avait de grands murs. Ils avaient déjà mis les Espagnols dedans, en 1938.

Rémy Vienot, président de l'association "Espoir et Fraternité Tsiganes de Franche-Comté" 

Depuis les Salines aussi, des prisonniers s'évadent. Mais toujours pour revenir, chargés de nourriture à distribuer à leurs proches affamés. Et ce, malgré la menace du cachot qui les attendait systématiquement à leur retour. 

Déportation

La gale s'est répandue parmi ces familles venues de Franche-Comté, d'Alsace et de l'Ain. "L'hôpital Saint-Jacques (de Besançon) a été envahi par les malades", raconte Rémy Vienot. Conséquence : les Tsiganes, ou personnes perçues comme telles, ont été déportés d'Arc-et-Senans à Jargeau, l'un des trois camps de concentration du Loiret.

Certains y sont décédés, d'autres ont été envoyés dans les camps de concentration et/ou d'extermination d'Europe de l'est. La recherche estime que 250 000 à 500 000 Tsiganes, Yéniches, Sintés, Manouches, Roms ont été exterminés en Europe au cours du conflit.

La communauté, elle, parle d'1,5 millions de morts. Elle donne deux noms à ce génocide : "Porajmos" et "Samudaripen", "dévorer" et "la mort de tout" en langue romani.  

Reconnaissance inachevée

Si François Hollande avait reconnu la "grande responsabilité de la France" dans "l'internement" des nomades en 2016, la députée LFI de Seine-et-Marne Ersilia Soudais milite à présent pour que ces exactions soient qualifiées de génocide dans les textes. 

Elle déposera une proposition de résolution en ce sens, à l'Assemblée nationale, en janvier 2025. Selon elle, la communauté des gens du voyage "n'a pas complètement surmonté le traumatisme de ce génocide". Une telle mesure les aiderait à "se sentir reconnus comme part entière de la nation française".

La France n'a pas non plus officialisé le 2 août comme date de commémoration du génocide Tsigane dans son calendrier. La demande avait pourtant été formulée par le Parlement européen, dès 2015.

► À LIRE AUSSI : La France rend hommage aux Tsiganes internés dans des camps dont Arc-et-Senans

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