L'indignation est à son comble, rue de Cologne à Besançon où circule une pétition déjà bien fournie. Toute une famille vit en effet depuis plusieurs semaines dehors, sous les fenêtres des riverains, dans deux camionnettes qui leur ont été prêtées.
La famille Hokic est arrivée rue de Cologne il y a quatre mois. Quatre mois qu’un parking est devenu leur salle de séjour, leur cuisine, leur salle de bains et leurs toilettes. Pour ce qui est des chambres, il faut se rapprocher des camionnettes. Deux utilitaires en bout de course prêtées par un voisin charitable, qui accueillent un couple, ses enfants et les grands-parents.
Sous le coup d'une expulsion, la famille Hozic, arrivée de Bosnie il y a cinq ans, a dû quitter le logement qu'elle occupait en tant que demandeurs d'asile. Quatre adultes et cinq enfants dehors, autant de raisons de s'inquiéter pour tout un quartier. Les riverains ne comprennent pas comment une telle situation est aujourd’hui possible, à leur porte.
Régularisée depuis fin juillet, la maman pourrait prochainement intégrer le dispositif d'hébergement et d'insertion des migrants. La situation de son compagnon est en revanche surréaliste. Débouté à Troyes, dans l'Aube, il a obtenu devant la justice le réexamen de son dossier. Conséquence inattendue : la loi ne le considère donc plus comme demandeur d'asile.
« Dans l’attente de cet examen, on ne peut pas dire qu’il est en situation illégal, explique le sous préfet, secrétaire général de la préfecture du Doubs Joël Mathurin. Mais on ne peut pas dire non plus qu’il ait, à ce stade, vocation à rester sur le territoire national. » « Il aurait théoriquement accès à l’hébergement d’urgence. Néanmoins, il faut quand même le dire, sur Besançon aujourd’hui, le dispositif d’urgence, environ 350 places, est hyper saturé. Nous avons à peu près une centaine de personnes en liste d’attente en matière d’hébergement d’urgence », ajoute-t-il.
Un hébergement d'urgence saturé, tout comme le sont les foyers de demandeurs d'asile. En trois ans, le Doubs a vu le nombre de dossiers multiplié par trois.
Pour aller plus loin
Nous vous proposons également d'écouter plus en longueur l'interview du sous-préfet du Doubs et secrétaire général, Joël Mathurin sur ce dossier. Il est interrogé par Stéphanie Bourgeot. Il évoque notamment les difficultés d'hébergement des demandeurs d'asile dans un dispositif global saturé. Le Doubs est actuellement en situation critique, notamment à cause de "l'hyper-saturation" des régions Bourgogne et Rhône-Alpes. Et le nombre des demandes d'asile ne diminue pas :
► 170 demandes en 2011
► 331 en 2012
► 420 au 1er août 2013
Soit une augmentation de 305% en trois ans, alors qu'elle n'est que de 8% au niveau national. (Sources : préfecture du Doubs)
Au fil de l'interview, M. Mathurin revient également sur le cas particulier de M. Hokic.