Besançon : des bergers dans la ville, avec leur troupeau Julien et Loïc entretiennent les collines par l'éco-pâturage

Loïc et Julien sont les deux bergers municipaux de la ville de Besançon (Doubs). Agents de la collectivité depuis 2017, leur métier sort de l'ordinaire. Ils ont à leur charge 50 moutons et 70 chèvres qu'ils déplacent dans la ville et sur les collines au gré de la restauration du milieu naturel.

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Le rendez-vous est fixé de bon matin, un jour grisonnant au parc des frères à l'orée du quartier Saint-Claude à Besançon. Un parc au pied d'une maison de retraite dans lequel les résidents peuvent observer, 21 brebis et leurs 16 agneaux. Les bêtes resteront une semaine. Le temps pour elles de tondre le parc. De laisser place nette. Loïc et Julien les déplaceront ensuite un peu plus loin dans le jardin, et ainsi de suite pour que tout l'espace soit nettoyé.

La ville compte une petite dizaine de pâturages urbains comme celui-ci. Ici, le travail des bergers est essentiellement un travail de surveillance des animaux. Ils doivent s'assurer que tous sont en bonne santé. Julien passe les voir dès 6h30 et repasse à 15h. Il faut les changer de place quand l'herbe vient à manquer, et déplacer les parcs, recharger l'eau aussi. 

Sur les collines, du printemps à l'automne, l'heure est au pâturage

Le gros du travail se joue ailleurs, un peu plus haut dans les collines auprès de chèvres plus athlètes, plus cabrioles aussi. Et c'est pour elles que le cœur des bergers palpite. Connaissant chaque prénom, chaque caractère de leurs bêtes. Avec elles, ils arpentent les hauteurs de Besançon, parcourant des kilomètres chaque jour. Depuis lundi 19 avril, les chèvres sont accompagnées de quelques brebis, une expérience récente qui permet de nettoyer l'espace naturel de fond en comble. La tonte de l’herbe est faite par les brebis, et l'élagage des feuillages par les chèvres qui en raffolent. L’entente entre les deux espèces semble au beau fixe grâce au travail de dressage fait en amont.

Loïc, un commercial devenu berger

Pour Loïc, tout a commencé en mars 2019. Après une vie de commercial, il a totalement changé de cap et est devenu responsable d'exploitation agricole. Il a ensuite cherché une ferme,  en vain durant trois ans. Il ne voulait élever que des caprins, il lui a été difficile de trouver à racheter une ferme en Franche-Comté essentiellement tournée vers le bovin. Loïc n'a d'yeux que pour les caprins.

Sur chaque colline, j’ai des connaissances. Au fil du temps, les liens se créent et au moindre problème, on nous appelle.

Loïc

Et puis l'annonce de la ville de Besançon est tombée, un ami lui a mis sous le nez.  Le voilà devenu berger. C'est lui l'éleveur de l'équipe. Il a prouvé à plusieurs reprises qu'il pouvait remplacer la mère des chevreaux quand celle-ci mourait à la mise bas. C'est ainsi que la petite chèvre Lulu a profité de ses bons soins pendant quatre mois, chez lui. Il lui a donné le biberon toutes les deux heures jour et nuit. Forcément, ça tisse des liens. 

Lulu a fait la une de la presse écrite quand elle a suivi en septembre 2020 un joggeur sur les pentes du quartier des Montboucons. C’était plus naturel pour la chevrette d'être aux côtés d'un humain plutôt que d’une congénère. Loïc l’a cherchée pendant 7 jours. La ville de Besançon avait même lancé un avis de recherche à la population ! La chèvre Lulu, a finalement été retrouvée en pleine forme, elle était la coqueluche lors des portes ouvertes de mai 2020 à l'orangerie municipale.

 Elle ne sait pas qu'elle est une chèvre. Sur les collines, elle est plus avec l'humain que les autres. Mais l'objectif n'est pas d'en faire un second chien de troupeau. 

Loïc

Dresser les chiens de troupeau, un travail de plusieurs mois

Loïc travaille avec Gincka, une femelle Border Collie de 8 ans qui était là avant lui. Elle sera bientôt en retraite. A 9 ans, un animal qui a travaillé depuis son plus jeune âge auprès des troupeaux doit s’arrêter. Il faut penser à la relève car il faut deux ans minimum pour former un chien de troupeau. Il est donc important d'anticiper.

Julien est arrivé le 1er mars 2021 au poste de berger municipal. Il a derrière lui une expérience de 15 ans en tant que berger et un diplôme d’état en dressage de chien. Il est arrivé avec son chien Lad , 4 ans, un chien déjà dressé. Julien est en train d'apprendre le métier à Jess, 5 mois qu'il tient pour l'instant en laisse mais qu'il lâchera d'ici un mois.

C’est très bien qu’il y ait de l’éco-pâturage à Besançon. Le projet me tient à cœur, je voudrais qu’il perdure. 

Julien

Berger en milieu urbain, un métier vécu à 100%

Les deux hommes sont complémentaires, l’un est éleveur, l’autre dresseur. L’un est du matin, l’autre est du soir. Pour les week-ends, c’est à tour de rôle, un sur deux. Et les semaines d’astreinte,  idem. Si tout va bien, le rythme est tendu mais le tandem fonctionne. Leur téléphone reste toujours allumé, et leur vie personnelle un peu mise de côté. Si l’un d’entre eux tombe malade, tout le planning repose sur le second. On comprend que si l’équipe s’étoffe un peu, la charge de travail serait plus vivable.

Les agents de la ville travaillent 36 heures par semaine. Pour ces bergers municipaux, les 36 heures par semaine sont largement dépassées lors de la période de pâturage qui s'étire du 15 avril au 15 octobre, et si le temps le permet jusque début décembre. Le rythme est allégé en hiver. Les animaux sont rassemblés un peu à l’étroit dans les anciennes écuries des Torcols. Un peu à l’étroit car au démarrage en 2003, les anciennes écuries logeaient 40 chèvres. Aujourd’hui, les bâtiments abritent 140 animaux.

Lorsque les bêtes sont en hivernage, les bergers n’arpentent plus les différentes collines de la ville. Pour autant le travail ne s’arrête pas. C’est alors la période des mises bas et des soins à apporter aux chevreaux et agneaux. 40 chevreaux sont nés en 2020 entre mi-décembre et fin février. Le cheptel a doublé en un chevrotage. Cette année, tous les mâles ont été castrés car le troupeau ne peut s’agrandir.

Travailler avec du vivant, un métier passion

Les deux bergers sont unanimes. Ils aiment leur métier. Ils aiment leurs animaux. Leur investissement est fort auprès d'eux. Quand une bête ne va pas, ils sont inquiets. La charge émotionnelle peut être forte.

Un bon berger est plus dans le préventif que dans le curatif.

Julien

Toujours dans l'idée d'améliorer le bien-être animal et la biodiversité, cette année Julien a proposé un pâturage tournant. Le troupeau reste moins longtemps sur une même colline pour éviter le parasitisme des animaux, et pour éviter d'affaiblir l’écosystème. 

Loïc apprécie de changer de bureau tous les jours et de travailler avec du vivant. Julien affectionne l’harmonie entre le travail du troupeau, du chien et du berger. Il y a beaucoup de travail et de respect sur les hauteurs de Besançon et tout ça dans un même but, l’entretien des espaces naturels.

Le troupeau devrait être présenté cette année encore au public lors de portes ouvertes de l'orangerie municipale certainement le premier week-end d'octobre.

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