Les infirmières et infirmiers travaillant dans les blocs opératoires, baptisé-es "Ibode", tirent la sonnette d'alarme. Ils se sont mis en grève à Besançon ce jeudi, pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et la loi santé d'Agnès Buzyn. Explications.
A Besançon, les infirmier-ères Ibode ont suivi l'appel national à la grève qui court depuis le 23 septembre. Le but : réclamer des revalorisations salariales et dénoncer des conditions de travail de plus en plus compliquées, qui nuisent incontestablement à la prise en charge des patients.
Ce jeudi matin, plusieurs infirmier-ères se sont rassemblés devant l'entrée du CHU, banderoles et slogans bien visibles. Une trentaine de professionnels étaient présents. Dans l'après-midi, les grévistes ont migré devant l'Agence Régionale de Santé. Parallèlement, un rassemblement avait lieu à Paris devant le ministère de la Santé.
"La déclaration des 12 mesures annoncées par Mme Buzyn dans le cadre du plan de réorganisation des urgences est un affront pour les Ibode" explique le Syndicat national des infirmiers de bloc opératoire (Snibo).
Les infirmier-ères en colère souhaitent protéger leur statut, notamment depuis que les mesures annoncées par le ministre de la Santé en réponse à la crise des urgences accordent aux infirmiers "classiques" des actes qui sont de la fonction et touchent au domaine de compétence des Ibode.
En effet, depuis 2015, les Ibode possèdent des actes exclusifs comme l’installation du patient, l’assistance chirurgicale, la mise en place de drain, l'immobilisation des fractures et les sutures cutanées ou sous-cutanées.
Les grévistes demandent également "une reconnaissance de la pénibilité de la profession et de la dégradation des conditions de travail dans les blocs opératoires".
Les infirmier-ères Ibode sont des infirmier-ères qui ont choisi de se spécialiser en effectuant une formation supplémentaire de 18 mois. "Nous défendons les intérêts des Ibodes mais également des infirmières qui travaillent au bloc et qui ne peuvent pas se former, car il y a peu de personnes envoyées en formations professionnelles" nous a expliqué Sfiya, infirmière Ibode à Besançon.
Les revendications générales des Ibode :
>> L'application pleine et entière du décret d'actes (Décret 2015-74 du 27 janvier 2015). Cette exclusivité d'exercice est une preuve supplémentaire de la compétence et de l'expertise des Ibode dans la pratique de la suture et dans la réalisation de l'immobilisation de fracture. Le pacte de "refondation des urgences" présenté par la ministre de la Santé, prévoyant la mise en place de protocoles de coopération est une atteinte à notre champ de compétence.
>> Une prime spécifique suite à l'obtention de nos actes exclusifs.
>> Des grilles indiciaires décentes dans les établissements privés et publics (une reconnaissance indiciaire à Bac + 5) et le dégel du point d'indice des fonctionnaires.
>> Une nouvelle bonification indiciaire de 30 points : les Ibode sont les seuls acteurs du bloc opératoire à ne pas percevoir la NBI. Notre fonction comporte l'exercice d'une responsabilité particulière et d'une haute technicité majorée par nos actes exclusifs.
>> La reprise active de la réingénierie de notre formation (entamée depuis plus de 10 ans, arrêtée depuis un an).
>> Un véritable plan de formation (École d'Ibode ou VAE) des Infirmier.eres en soins généraux (IDE) en fonction dans les blocs opératoires dans les établissements de santé publics et privés.
>> Une reconnaissance de la pénibilité de notre profession et de la dégradation des conditions de travail dans les blocs opératoires.
>> Les étudiants infirmiers de bloc opératoire revendiquent l'homogénéisation de la prise en charge de la formation Ibode, la suppression des 2 ans d'exercice infirmier pour accéder à la formation Ibode.