Depuis le 7 mars à la faculté de Sciences du Langages, de l’Homme et de la Société (SLHS) de Besançon, un barrage étudiant filtre les entrées. Ce jeudi 16 mars, le blocage est total. Seuls des cours alternatifs ont lieu.
Jeudi 16 mars, rue Mégevand, la porte d’entrée de l’unité de formation et de recherche (UFR) est encombrée de tables. Derrière des étudiants discutent. Dès qu’une personne se présente, on lui indique que seuls les cours alternatifs sont possibles. Ces cours alternatifs sont donnés depuis mardi 14 mars par des professeurs qui soutiennent les étudiants et par des étudiants eux-mêmes. Ils sont ouverts à tous. Beaucoup d’étudiants qu’ils soient grévistes ou non, trouvent l’idée intéressante. La plupart des entrants sont au courant.
Louis, étudiant en pharmacie habite le centre-ville et souhaitait travailler à la Bibliothèque Universitaire, il se retrouve bloqué.
Il dit suivre le mouvement de loin mais à quand même déjà bien réfléchit à la question.
Le système par répartition est un système compliqué à soutenir. Il faudrait un système à la fois par capitalisation, où chacun cotise pour lui et par répartition.
Louis, étudiant en pharmacie
Pour Louis, travailler plus est difficilement soutenable. Mais pour le moment, sa préoccupation est de trouver une salle pour étudier car chez lui il n’y arrive pas.
Valentin, 18 ans est déjà engagé. Il est de toutes les assemblées générales de la faculté.
Bloquer, c’est montrer notre mécontentement. S’il y a des alternatives au blocage, on les attend. On est désolés pour la gêne mais on est obligé de faire ça si on ne veut être au travail jusque 64 ans, voir plus.
Valentin
Quand on lui demande sa vision du monde du travail, Valentin répond qu’il cherche déjà un travail épanouissant.
Pour moi, on ne doit pas se sacrifier pour le travail, le travail a pour but de répondre à des besoins humains.
Valentin
Un peu plus loin dans la rue, quatre étudiants en anglais discutent, des copies à la main. Ils les ont obtenus d’un professeur. Ce sont des copies de partiels, ils sont censés les distribuer aux élèves de leur cursus. C’est un peu le système D pour avancer malgré le blocage de l’université.
Fany, avoue être une étudiante pacifiste qui ne sait pas bien où se situer mais elle trouve que le mouvement dure depuis trop longtemps.
Pour Alexandre, la réforme des retraites est un sujet vague, tant ça lui parait loin.
C’est dans longtemps, les choses peuvent changer entre temps. Si j’aime mon travail, ça ne me dérangera pas de travailler plus longtemps. Pour les personnes travaillant dans les champs ou en manufacture, c’est un peu plus compliqué.
Alexandre
Dans le même groupe, Louis est d’accord pour la grève mais pas pour le blocage.
Ce genre de situation va encore diviser les étudiants entre ceux qui s’en sortent et les autres. Moi, j’aimerais reprendre les cours car je paye pour aller à la fac.
Louis
Pour cette génération de l'après Covid et qui n’a pas passé le BAC, le climat est angoissant.
Retour aux portes de la faculté, ce jeudi 16 mars, on y trouve des nouveaux visages car après l’assemblée générale de la veille, il y a eu un appel au soutien. Il faut prendre le relais .Certains sont présents depuis une semaine de 06h à 22h.
Une étudiante en sociologie et une autre en psychologie se sont présentées ce matin.
On est d’accord avec leurs idées alors on ne voulait pas les laisser seuls.
Une étudiante en sociologie qui veut rester anonyme
On n’a plus cours mais on s’enrichit différemment. Il y a une émulsion intellectuelle. Les AG nous forment à la démocratie directe.
Une étudiante en psychologie qui désire rester anonyme
Ils partent parfois aux AG avec des idées qui évoluent au cours de la séance.
Florent, étudiant en psychologie fait aussi partie des nouveaux dans le blocage. Très pessimiste sur la retraite qu’il touchera. Il pense que "c’est cuit pour eux".
Moi je voudrais qu’on indexe l’âge de départ en retraite à l’espérance de vie de chaque métier. Aujourd’hui, les pauvres cotisent pour les riches. La réforme est vraiment injuste et injustifiable.
Florent, étudiant en psychologie
Petit tour à l’intérieur de la faculté, pour rejoindre l’amphithéâtre Donzelot, centre névralgique du mouvement. On y retrouve le professeur de philosophie Aurélien Aramini qui dispense un cours sur le marxisme.
Je ne suis pas payé pour donner ce cours mais j’ai l’impression que ce que je fais a du sens. Le marxisme c’est de partir du réel et ce cours vient d’eux. On est dans les clous.
Aurélien Aramini, professeur de philosophie