Ces derniers jours, ce pont bisontin a encore frappé à plusieurs reprises, "scalpant" d'imprudents utilitaires dépassant les 2m35 de hauteur. Des décennies que cela dure. La ville a tout essayé pour prévenir les conducteurs, sans réel succès. Des "cartons" qui "cartonnent" sur une page Facebook.
La première fois, ça fait bizarre, il faut bien le reconnaître. C'est ce que nous explique Pierre. Ce retraité habite au 1 bis de la rue des Jardins. Il n'a emménagé que depuis deux ans dans sa maison, mais avait vu la construction du pont des Jardins, dans les années 70. Et était au courant de sa réputation de "coupeur de têtes".
Oui, parce qu'en fait, le pont "Guillotin" s'appelle le pont des Jardins, en vrai. Mais, objectivement, c'est plus un cimetière à remorques qu'autre chose. Du coup, ce baptème du nom du célèbre créateur de l'objet tranchant le plus célèbre de l'histoire de France est bien vu.
Le bruit donc: "Une vraie explosion, explique Pierre, il faut imaginer être chez soi et entendre d'un coup ce bruit très fort retentir, celui du haut de la remorque explosé par le parapet du pont ! Ensuite, on se précipite dehors pour s'assurer qu'il n'y a pas de victimes. J'ai déjà vu des conducteurs pliés en deux avec une terrible douleur au ventre causée par leur volant au moment du choc".
Si, heureusement, les blessés sont rares, les chocs reviennent régulièrement. Selon le retraité, il y en a au moins un tous les quinze jours. Et encore. Les statistiques ne prennent pas en compte les infortunés propriétaires de vélos sur les toits ou les camping-caristes distraits. "Je ne devrais peut-être pas le dire mais, une fois, j'ai vu un policier courir récupérer au milieu de la route le gyrophare arraché".
Non, il vaut mieux ne pas le dire. Comme les pompiers, qui y ont aussi laissé une échelle. Chut. Cela reste entre nous.
Mais n'accablons personne, car "ça peut arriver à tout le monde", conclut, philosophe, Pierre, qui se souvient avoir pilé au dernier moment pour un déménagement alors qu'il connaît le secteur comme sa poche.
Le "Pont Guillotin", c'est un peu comme le méchant monstre des films d'horreur. Parfois, pendant plusieurs mois, vous n'entendez plus parler de lui. Et puis, en vrai serial-killer, il peut sévir plusieurs fois en quelques jours.
De quoi cartonner sur les réseaux sociaux. Comme avec cette page dédiée sur Facebook, qui relate les "exploits" du pont et comptabilise près de 4000 "fans".
Pour la mairie, c'est ce qu'on appelle un casse-tête. La ville a tout essayé depuis des décennies: feux clignotants, panneaux en amont et aval, portique..Actuellement, un capteur de gabarit positionné plus bas déclenche l'allumage de clignotants d'urgence. Rien n'y fait, il y a toujours de la casse.
Mais ne proposez pas à Marie Zehaf, adjointe en charge de la voirie, de faire au plus simple et de..creuser la route ! " Ce serait techniquement impossible. Déjà, il y aurait des risques accrus d'inondations (ah oui, on avait oublié de vous prévenir, le pont "Guillotin" forme également une cuvette les jours de fortes pluies, ndlr) mais, surtout, il faudrait revoir toutes les entrées d'immeubles, toutes les voiries connectées aux ponts ! Cela n'est pas envisageable et les bisontins se doutent bien qu'il y a d'autres chantiers à effectuer dans la ville en priorité."
Oui, vous avez remarqué, on a mis un "s" à "pont". Parce qu'en fait, des ponts "Guillotin", il y en a trois. Deux sont des routes, le troisième, au milieu, est la voie de chemin de fer.
C'est le Triangle des Bermudes de l'attelage, le Waterloo de la toiture. Impossible de lui échapper donc. C'est plus clair encore sur cette vidéo.
D'ailleurs, à Besançon, toutes les sociétés de location d'utilitaires indiquent le piège aux clients, parfois même directement par une affichette collée sur le tableau de bord !
Même la Google Car ne s'y est pas risqué !
Et n'essayez pas, sur Google Street View, de vous y aventurer ! Le chauffeur de la Google Car venu photographier le secteur n'était (heureusement pour lui) pas tombé dans le panneau ! Voici la dernière photo réalisée par Google avant de devoir rebrousser chemin:
Alors que faire ? Positiver. Comme la mairie qui, à juste titre, explique qu'on s'en sort plutôt bien avec près de 3000 véhicules qui empruntent quotidiennement la rue des Jardins. Cela pourrait être (bien) pire, c'est vrai.
Merci les GPS...
Un flot qui s'est densifié ces dernières années, après l'arrivée du tramway et la modification des sens de circulation. Autre cause: les GPS, qui (sournoisement) proposent aux automobilistes pressés de rejoindre la Boucle de Besançon de couper la rue de Belfort en descendant vers Fontaine-Argent.
Et faisant tomber tout cru dans la gueule du Pont Guillotin des touristes et chauffeurs étrangers !
Bref. La page Facebook du Pont Guillotin (qui vous propose de contribuer à son carton si vous avez des photos des cartons) a de belles années devant elle. Tous comme les carrossiers et les dépanneuses du secteur.
Nous, si vous voulez notre avis, on ne voit qu'un seule issue. Qu'on invente les voitures volantes. Il en sera alors terminé de la saga du Pont Guillotin.