Arnaud Peruta a été directeur des conservatoires de Bayonne et de Dijon. Il vient d'être recruté à ce poste à Besançon. Mais une partie des professeurs bisontins proteste contre son arrivée. Ils lui reprochent "son management et sa personnalité clivante".
En octobre 2020, un nouveau directeur a été recruté pour le conservatoire de Besançon, en la personne d'Arnaud Peruta. Il occupait les mêmes fonctions au conservatoire de Dijon, jusqu'en 2017. Il devrait prendre son poste à Besançon le 1er janvier 2021.
Le jury, composé de quatre personnes, a choisi entre trois candidats. C'est Gabriel Baulieu, vice-président de Besançon Métropole, qui était le président de ce jury : "Le directeur d'un conservatoire doit remplir deux missions : porter un projet pour l'établissement et bien le gérer. Monsieur Peruta a un potentiel, une intelligence. Il a été choisi" explique ce dernier.
Un collectif s'oppose à cette nomination
Mais des professeurs de musique de Besançon s'organisent en collectif, qui réunit "à peu près la moitié de la centaine d'enseignants" estime un membre de ce collectif qui souhaite garder l'anonymat.Qu'est-il reproché à Arnaud Peruta ? "Son management et sa personnalité clivante" selon le membre du collectif bisontin qui poursuit : "On s'interroge pour savoir comment Mr Rebsamen a refilé ce monsieur à Mme Vignot. Dans ses précédents postes, il a été accusé de harcèlement moral, il a conduit des salariés au burn out, des procès sont en cours. A Dijon, il a été obligé de suivre des conseils en coaching et il lui était même interdit de recevoir un salarié en face à face. Il connaît deux expériences manifestement très négatives en encadrement de conservatoire... Visiblement, les recruteurs de Besançon n'avaient pas toutes les informations nécessaires....".
Le collectif explique avoir écrit à Anne Vignot, présidente de l'agglomération, et à son vice-président chargé de la culture, Michel Jassey. De plus, avec les syndicats, les musiciens ont rencontré Arielle Fanjas, directrice adjointe à la culture à l'agglomération. Pour le moment, ces actions n'ont rien donné.
Arnaud Peruta a travaillé dans les conservatoires de Bayonne et Dijon
Arnaud Peruta est adjoint (jusqu'en 2005) puis directeur du conservatoire de Bayonne, il y reste de 2000 à 2011. Selon une ancienne professeure, aujourd'hui retraitée : "Arnaud Peruta ne supporte pas les personnes qui ont de la maturité professionnelle. Il a démoli des professeurs très valables. C'était du harcèlement moral contre certains enseignants et des membres du personnel. Certains ont décidé de partir ailleurs ou en retraite pour ne plus travailler avec lui. C'est un organiste brillant, très doué mais il n'aurait dû faire que ça !" dit-elle.Même opinion tranchée pour ce musicien qui, lui aussi, souhaite témoigner anonymement : " Ce qui m'a marqué chez Arnaud Peruta, c'est son absence totale de compassion devant la souffrance des autres. Il était d'une grande violence envers les musiciens, dont beaucoup ont connu des "burn out". Ce monsieur à Besançon ? Mais c'est impossible. On met en danger tout le monde. Un conservatoire et un orchestre (l'orchestre Victor Hugo, ndlr), ce n'est pas le ministère de la guerre." Et il ajoute : "Même la musique ne nous a jamais rapprochés."
Arnaud Peruta se défend et dit comprendre les peurs des professeurs
Certains affirment qu'il a été démis de ses fonctions, Arnaud Peruta avec qui nous avons pu échanger par téléphone, affirme qu'il est parti "volontairement de Bayonne."A Dijon, d'emblée les relations se passent mal, il le reconnaît lui-même : "J'ai entrepris des réformes ambitieuses qui ont entraîné des réactions, des résistances très fortes. En 2017, c'est moi qui ai demandé d'arrêter d'être directeur, dans un souci d'apaisement." Il y est resté comme simple enseignant.
Il a entendu parler "de très loin" des remous que suscite sa nomination à Besançon : "A ce stade, je prône une grande prudence. Les conservatoires ont beaucoup évolué ces dernières années, beaucoup souffert. Je comprends les peurs des professeurs qui s'expriment face à un contexte de forts changements. J'ai choisi Besançon car j'ai été séduit par le projet d'établissement, qui veille à trouver un équilibre, sans clivage..." explique le futur directeur du conservatoire.
Le Grand Besançon assume son recrutement
Anne Vignot (EELV), présidente de l'agglomération de Grand Besançon Métropole et maire de Besançon, réagit à ces remous : "Le recrutement du nouveau directeur s’est déroulé dans les conditions habituelles. Trois candidats ont été entendus. Le jury a choisi la personne qui lui présentait un projet abouti, des compétences artistiques et un exposé de qualité. Les règles de recrutement par un jury constituent un cadre de traitement en toute équité et je m’en réfère à elles. C’est un gage de respect."Gabriel Baulieu a présidé le jury de recrutement, voici ce qu'il affirme, mardi 1er décembre, à ce propos : "C'est seulement après le recrutement d'Arnaud Peruta que j'ai commencé à entendre des échos négatifs, mais, j'insiste, à posteriori. Nous avons pris des renseignements auprès des DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) pour les deux postes occupés dans des établissements précédents à Bayonne et Dijon. A l'heure qu'il est, nous n'avons reçu aucun élément contre lui. Ce n'est pas parce que son expérience ne s'est pas bien passée à Dijon qu'il doit être condamné à vie."