Besançon : une "horloge de Flore", végétale et éphémère installée dans le parc des Glacis

Inspirée du travail du naturaliste suédois Carl Linné, et de l’Horloge Astronomique de la Cathédrale Saint Jean, l’horloge de Flore de Marc Buchy prend vie sur les quelque 1300 m2 qu’offre la zone ouest du Parc des Glacis près de la gare Viotte.

13 000 plantes pour composer l'œuvre

Ici, pas de cercle parfait, auquel on pourrait s’attendre pour représenter le cadran d’une horloge. Il va falloir faire preuve d'un peu d’imagination. Les veines végétales s’adaptent aux contours du parc. Ici, un parterre de Soucis des jardins, un peu plus loin une veine de Chicorées sauvages bien en fleurs.

Posés, comme des tipis, des tuteurs sont déjà investis par les plantes grimpantes du doux nom de Volubilis…Le visiteur traverse librement l’espace et peut à loisir noter, s’il est assidu et revient régulièrement, les modifications organiques de ce jardin, au fil des jours, au fil des heures, au fil de l'éclosion des fleurs. A chacun d'observer, de chercher et de trouver l'heure.

Pourquoi parle-t-on d'horloge florale ?

Lauréat du programme de soutien Mondes Nouveaux du Ministère de la Culture avec ce projet, Marc Buchy a voulu faire un pendant à l’Horloge Astronomique de la Cathédrale Saint Jean à Besançon. Il a nommé son œuvre d'un nom surprenant : "Comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la révolution".

Le principe de la chronobiologie

Marc Buchy est un artiste plasticien français. Il désire avec cette œuvre travailler et faire réfléchir sur la perception, la mesure et la lecture du temps. Il réinterprète ici l’Horloge de Flore de Carl Linné. Celle-ci a vu le jour en 1751. Le naturaliste suédois a longuement observé les fleurs et constaté que de nombreuses plantes s’ouvrent et se ferment à des moments particuliers de la journée et ceci différemment suivant l’espèce végétale. C’est la chronobiologie. En sélectionnant judicieusement les plantes et en les organisant rationnellement, il pouvait alors imaginer et créer l’Horologium Florae.

J’ai trouvé ça assez stupéfiant qu’on envisage de pouvoir estimer le passage du temps en observant la nature. 

Marc Buchy, artiste plasticien

Par son œuvre, il a croisé différentes formes du temps. Le temps géologique, le temps de la déambulation, le temps du smartphone, car il sera possible de scanner dans le parc un QR Code pour avoir des informations supplémentaires.

Pour mettre en œuvre son projet, il a fait appel à Gil Ferrand, anthropologue et ethnobotaniste qui a tout de suite adhéré. 

Avec deux paysagistes, Michel Pena et Eva Maric, ils ont, à partir de la liste des espèces préconisées par Carl Linné, choisi celles qui pouvaient le mieux s’adapter au terrain et aux caractéristiques écologiques. Des espèces fragiles côtoient des espèces plus robustes. L’ensemble est jalonné par des massifs arbustifs plus denses tout en respectant la période de floraison, la densité et l’envergure des plantes.

On a joué avec différents paramètres qui sont, l’ombrage, la densité de plantation, le choix des espèces, le paillage au BRF (Bois Raméal Fragmenté), l’enfouissement d’une douzaine d’oyas sous les tuteurs, tout ça pour protéger les plantes de la canicule.

Gil Ferrand

Une fois plantées, ces 13 000 plantes de 30 espèces différentes vont accueillir toutes sortes d'insectes dont les abeilles, de multiples papillons...

Les mouvements floraux réguliers d’ouverture et de fermeture, rythmés par l’horloge interne de la plante sont programmés pour optimiser, à moindre effort, la rencontre avec un pollinisateur qui assurera le transport du précieux pollen et la fécondation croisée, synonyme de diversité génétique. 

Gil Ferrand

En levant les yeux, sur un rempart faisant face à l’œuvre, une ruche complète l'œuvre. Elle accueille les abeilles venues butiner les fleurs de l'horloge de Flore. Un miel du temps est en devenir...

Reportage Stéphanie Bourgeot et Florence Petit avec Marc Buchy et Gil Ferrand.

L'œuvre sera inaugurée samedi 10 juin à 12h. Puis, elle sera visible jusqu'au mois d'octobre. Ensuite, comme toute œuvre éphémère, elle disparaitra et chacun pourra, lors d'une fête des plantes, repartir avec l'une d'entre elles... une infime particule de temps qui rejouera son cycle chez qui veut.