Mercredi 27 avril, des ralentissements et des coupures d'accès à internet ont eu lieu dans plusieurs grandes villes françaises, dont Grenoble, Besançon, Reims et Strasbourg. L’origine de ces actes de malveillance n’est pas connue, mais ils sont d’une ampleur inédite.
La nuit a été courte pour cet opérateur alternatif qui fournit internet à plusieurs dizaines de milliers de professionnels en Bourgogne-Franche-Comté. “Cette nuit, notre centre de supervision a constaté la perte successive, échelonnée entre 3h20 et 5h20, de plusieurs artères majeures assurant les liaisons entre Paris et Lyon ainsi que Paris et Strasbourg. Cet incident majeur et inédit dans son ampleur est désormais résolu par la mise en œuvre de liaisons de substitution. Les autorités judiciaires vont être saisies” indique dans un communiqué l’opérateur Netalis.
Celui-ci va déposer plainte avec constitution de partie civile pour solliciter l’ouverture d’une information judiciaire destinée à faire toute la lumière sur cet acte de malveillance coordonné.
Nicolas Guillaume, dirigeant de Netalis n’avait jamais connu une telle attaque. Le réseau internet est complexe, un énorme maillage de fibres sur tout le territoire. Pour mieux comprendre ce qui s’est passé, Nicolas Guillaume explique que ce sont les autoroutes transportant la fibre qui ont été attaquées. “A quelques minutes d’intervalle” dit-il. “C’est inédit, on ne sait pas qui est à l’origine de ces actes de malveillance, on avait déjà connu des dégradations sur des pylônes, mais là, on atteint les grandes autoroutes... La coordination des attaques sur les câbles a été bien faite, par des gens qui connaissent inévitablement le réseau" analyse-t-il. L’opérateur alternatif et ses équipes techniques ont pu réalimenter leurs clients rapidement. Ce mercredi en fin de matinée, la situation était redevenue normale. Mais, les professionnels savent déjà qu’il faudra mettre en place des actions correctives, pour ne pas dépendre à l’avenir d’un seul flux majeur de transport.
Netalis rappelle que ces actes de malveillance sont passibles d’une peine allant jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende en application des dispositions de l’article 322-3 du code pénal.
Des coupures inédites sur les "blackbones", ont touché la France, et les opérateurs Free et SFR
Selon les premières constatations, ce sont des câbles "longue distance" inter-régionaux en fibres optiques qui passent le long des autoroutes, des voies ferrées et voies navigables, qui ont été sectionnés volontairement en plusieurs lieux, notamment la liaison Paris-Lyon et Paris-Strasbourg.
"Des coupures de câbles ont été confirmées en Ile-de-France impactant le réseau fixe et mobile", a tweeté le secrétaire d'État au numérique Cédric O.
Le site Zone ADSL a recensé 9.156 pannes sur l'internet fixe en France ces dernières 24 heures, perturbant majoritairement les clients de l'opérateur Free et dans une moindre mesure SFR.
"Les attaques ont eu lieu cette nuit à 4H00", a déclaré l'opérateur Free, qui espère que le réseau sera "rétabli dans la journée". "Trois des quatre artères de Free", appelées "backbone" et qui constituent "la colonne vertébrale de leur réseau ont été vandalisées", ont indiqué d'autres sources.
SFR a de son côté confirmé "plusieurs coupures de fibre" autour de Lyon et en Ile-de-France, confirmant la piste du vandalisme.
"Terrorisme numérique" ?
L'origine de ces attaques demeure inconnue. "Ce genre d'incident de cette ampleur, ça n'arrive jamais", a déclaré à l'Agence France Presse une source proche du dossier. "C'est la première fois, et on ne sait pas qui c'est, pour l'instant", a-t-elle poursuivi, indiquant que des dispositifs de surveillance avaient été mis en place pour éviter que cela n'arrive ailleurs.