Elles se sentent attaquées par le gouvernement Barnier. Les radios associatives font l'objet d'une baisse de leur budget dans le projet de loi de finances (PLF) de 2025. Ce dernier entend réduire de 10 millions d'euros le fonds qui les soutient.
Les radios associatives font grise mine. Le projet de loi de finances (PLF) pour 2025 prévoit de baisser de 10 millions d'euros le fonds qui les soutient, le Fonds de soutien à l'expression radiophonique (FSER). Cette somme représente une coupe drastique dans les crédits qui sont alloués au FSER. Ils passent de 35,7 millions d'euros en 2024 à 25,3 millions dans le PLF 2025.
Créé en 1982, le FSER a pour objet de permettre aux radios associatives locales, qui représentent près de 700 structures en France, d'assurer leur mission de communication sociale de proximité auprès des territoires, grâce à des aides prévues par la loi.
"C'est une subvention d'équilibre qui permet de boucler les budgets, de payer tout ce qu'on doit au niveau des frais globaux, donc ça impacte réellement le fonctionnement d'une radio", explique Alain Bulle, responsable d'antenne dans la radio Villages FM située à Déservillers, dans le Doubs.
Une coupe budgétaire qui vise les radios associatives
Cette baisse constitue l'essentiel des 12 millions d'euros d'économies demandées dans le programme Presse et Médias du PLF. Ce programme ne regroupe pas seulement les radios associatives locales, mais l'ensemble "des médias, des livres et l'industrie culturelle", énumère Alain Bulle.
Sur les 12 millions d'euros demandés,10,4 millions d'euros vont toucher de plein fouet les radios associatives locales. Or, "ces dernières ne représentent que 4 % de l'enveloppe budgétaire globale dédiées à la Mission Médias, Livres et Industries Culturelles", peut-on lire dans le communiqué de presse du syndicat national des radios libres, SNRL publié le vendredi 11 octobre 2024.
Pour Alain Bulle, cette coupe budgétaire est d'autant plus injuste que le FSER est alimenté par une taxe parafiscale. "Donc ce sont des radios commerciales qui cotisent pour alimenter ce fond. Nous, les radios locales, en contrepartie, on ne doit pas dépasser un volume publicitaire de 20 %", explique-t-il.
Pour le responsable d'antenne de Villages FM cette baisse de subvention qui vise les radios associatives "touche la liberté d'expression". Selon lui, "historiquement dès 1981, beaucoup de radios [associatives] sont plutôt identifiées à gauche et quand on a un gouvernement plus à droite, eh bien les radios locales, ça ferraille dur". Il rappelle la fonction essentielle de cette presse. "Il faut des médias locaux pour contrebalancer. On a un rôle prépondérant".
Des modèles économiques avec et sans pub
Cette coupe budgétaire ne s'accompagne pas d'une augmentation du volume de publicité autorisé pour ces radios : "Ce qui est inadmissible, c'est qu'ils n'augmentent pas ce seuil, on ne pourra pas faire plus de pub", s'insurge Alain Bulle dont la radio se finance aussi par la publicité.
Ces économies mettent également en danger certaines radios indépendantes. "Il y a des radios qui fonctionnent uniquement autour de ce fonds de soutien là. Ce sont les radios qui refusent la pub locale, elles vont être fortement impactées et risquent de disparaître", s'inquiète-t-il. Et d'ajouter : "Donc pour les radios qui ne font pas de pub, c'est dramatique et pour celles qui font de la pub, elles ne pourront pas avoir plus de pub".
Pour beaucoup de radios en France, c'est un véritable couperet.
Alain Bulle, responsable d'antenne dans la radio Villages FM située à Déservillers, dans le Doubs
Pour Villages FM cette subvention représente 18 % du budget. Le reste provient de la diffusion des MIG/ MIC, messages d'intérêt général et collectif, des spots en direction du petit commerce et l'artisanat et d'animations.
Concernant Radio Campus Besançon dont le modèle économique ne fonctionne pas avec de la publicité, cette subvention représente 40 % du budget. "C'est catastrophique. Ça nous fait un emploi en moins sur la structure, donc ça impacte fortement notre activité et met en danger notre avenir", explique Martial Greuillet directeur de Radio Campus Besançon qui emploie actuellement quatre salariés.
Une mobilisation prévue
D'autant que pour Martial, ce budget "n'est pas alloué par l'État". "C'est une taxe parafiscale donc pour moi, c'est un rapt". Les 36 associations de la fédération des Radios Associatives de Bourgogne-Franche-Comté comptent bien se mobiliser. "On va faire un communiqué de presse. On va sensibiliser les députés avec un courrier type du syndicat des radios", annonce Alain Bulle. Objectif : mobiliser les élus pour qu'ils proposent un amendement de ce projet.
"On demande que le fonds ne soit pas touché, mais si on n'a pas le choix que de nous pénaliser dans ce sens, on demande une augmentation du seuil de publicité", précise-t-il. Mais le temps presse : "C'est discuté à l'Assemblée dès mercredi 16 octobre, donc on a peu de temps", livre-t-il.