Coronavirus : le confinement, plus lourd à vivre que la guerre, pour Marie-Claude, une bisontine de 92 ans

Nous sommes voisines Marie-Claude Garneret et moi. Depuis mardi 16 mars, elle est confinée en raison de l'épidémie de Covid-19, seule dans sa maison à Besançon (Doubs). Le téléphone sonne beaucoup.

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Marie-Claude Garneret est née en août 1927. Elle a connu la guerre de 1939-1945. Elle vivait alors à Baume-les-Dames, un village de la vallée du Doubs. Les bombardements y étaient rares. Agée de 92 ans, ma voisine trouve que cette période de confinement et de restrictions de déplacements, est plus lourd à vivre pour que la dernière guerre en France.

Marie-Claude Garneret va vivre le confinement dans sa maison du centre-ville de Besançon. Elle y vit depuis 50 ans. Elle y a élevé cinq enfants. Du mouvement, il y en a eu toute sa vie autour d'elle.

Des amis, des enfants, des neveux et nièces ont rempli la maison pendant de longues années. Puis, la maison s'est vidée petit à petit. Veuve,  madame Garneret vit seule depuis plusieurs années, alors la solitude elle s'y est habituée. Mais depuis quelques jours, ce vide dans les rues, les magasins et les parcs la pèse.
 

On n'a jamais été éloignés comme ça les uns des autres. C'est quand même un vide extraordinaire

 

"Ce n'est pas une vie pour les enfants"


Finalement à bien l'écouter, ce n'est pas pour elle que la nonagénaire a peur.
 

Je suis très philosophe, je prends ça comme ça vient. J'essaie d'optimiser les choses.
 

Inquiète, elle l'est pour les enfants. Les siens d'abord. Elle a perdu un fils, il y a deux ans. De ses quatre enfants restants, deux sont diabétiques, alors elle se fait du souci. Et puis, elle pense aux plus jeunes, privés d'école, de copains, de sorties.

On les prive d'une partie de leur vie. Ils sont d'habitude avec d'autres enfants. Seuls, ils sont désorientés.
 

Pourtant, Madame Garneret était enfant pendant la seconde guerre mondiale. Mais dans ses souvenirs, cela n'était pas si contraignant. Les restrictions alimentaires n'étaient pas aussi dures à vivre, pour elle que l'isolement des enfants, privés d'amis.
 

On allait à l'école pendant la guerre. C'est triste aujourd'hui d'empêcher les enfants d'aller à l'école.
 


De coups de téléphone, de la lecture, les journées filent lentement

La télévision, les informations, les mots croisés et la lecture occupent une bonne partie des journées de Marie-Claude, sans compter les appels qui redoublent depuis la mise en place du confinement.

Sa petite-fille qui vite aux États-Unis l'appelle deux fois par semaine. Un de ses fils qui avait pour habitude d'appeler une à deux fois par semaine, prend des nouvelles jusque deux fois par jour.

Tout ce que je souhaite à ma voisine, c'est de patienter encore et de résister jusqu'à des jours meilleurs.
Un apéro entre voisins par exemple !
 
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