Le pays devrait commencer à sortir du confinement le 11 mai mais pour les gérants de bars et de restaurants, l'horizon est plus sombre : aucune date de réouverture n'est annoncée. Certaines entreprises risquent de ne pas survivre à cette crise.
Quand les bars et les restaurants pourront-ils relever leurs rideaux de fer et ouvrir leurs terrasses ? Cette question brûle les lèvres de tous les gérants d'établissements au lendemain des nouvelles annonces d'Emmanuel Macron ce lundi 13 avril. Chacun y va de son pronostic : juste avant le début de l'été pour les plus optimistes, après la fête de la musique pour d'autres, ou en septembre d'après les plus pessimistes. Dans tous les cas, tous s'attendent à passer encore plusieurs longues semaines sans revenu.
« Les bars, restaurants et le secteur culturel seront les derniers à rouvrir, indique Meghane Schevénement, patronne du Passager du Zinc, un des plus vieux bars de Besançon. C'est une situation anxiogène. Peut-être que certains lieux ne s'en relèveront pas, nous sommes nous-même fragiles... »
Bernard Champreux, hôtelier à Gray et président régional de l'Union des métiers des industries de l'hôtellerie (UMIH), pense quant à lui que son établissement pourra passer ce cap difficile mais il précise : « Nous allons laisser du personnel à la rue. Nous n'aurons d'abord qu'une reprise d'activité à 25-30%. » D'après lui, le secteur d'activité qui travaille « toujours à flux tendu » va avoir besoin de toutes les aides possibles.
Pour Patrick Franchini, président de l'UMIH du Jura, la situation est particulièrement compliquée puisque « chaque établissement est différent : il y a de simples cafetiers, des restaurants, des hôtels restaurants... »
Des aides pour « limiter la casse »
Reports de charges, fond de solidarité, emprunt à taux faible : certaines aides existent déjà. Pour la plupart des chefs d'entreprises, elles permettent de « limiter la casse » et de pallier le manque de trésorerie.
Le gouvernement a annoncé que les charges pourraient être annulées plutôt que reportées. « C'est une bonne nouvelle, commente Patrick Franchini. On attend le passage à l'acte, on attend les textes. »
Emmanuel Macron a aussi évoqué dans sa dernière allocution les assurances, insistant sur le fait qu'elles « doivent être au rendez-vous ». Un nouvel espoir pour les professionnels du secteur. « Jusqu'à présent, les assurances étaient absentes de la table des discussions », précise Bernard Champreux.
La solidarité des clients et des autres commerçants
Pour se constituer une trésorerie malgré le confinement, les restaurateurs comptent aussi sur la solidarité. La plateforme « J'aime mon bistrot » permet aux clients de payer à l'avance des consommations qui seront servies après la réouverture. "C'est compliqué à mettre en place, mais ça permet de faire parler de nous sur les réseaux", commente Bernard Champreux.
Quelques restaurateurs proposent aussi des plats à emporter. C'est le cas de Patrick Franchini qui gère le Moulin des écorces à Dole : « Avec mon épouse on s'organise, on fait marcher nos réseaux. Nous faisons de la vente sur place et nous avons un partenariat avec un fromager et un boucher pour vendre nos plats. Il y a une vraie solidarité entre nous ! »
Un « après » difficile à imaginer
Dans quelles conditions les établissements pourront-ils rouvrir ? C'est l'autre grande question que se pose les patron.nes d'établissements.
Pour l'instant, aucune consigne n'a été donnée, mais il faudra « accueillir les clients et les salariés dans la sécurité, explique Patrick Franchini. S'il faut une distance minimum entre les gens, ça ne posera pas de problèmes en terrasses mais à l'intérieur on ne pourra remplir les salles qu'à 25-30% .»
Tous s'interrogent : la clientèle sera-t-elle au rendez-vous ? Les touristes étrangers devraient être absents cet été. « Quoi qu'il en soit, la saison est déjà morte, nous avons eu énormément d'annulations », se désole l'hôtellier Bernard Champreux qui compte sur le soutien des collectivités territoriales notamment pour communiquer auprès des clients et les encourager à consommer local.
« On va rebondir... on l'espère ! » temporise Patrick Franchini qui a un message à la clientèle : « Surtout, ne nous oubliez pas ! »