Crise énergétique : la ville de Besançon se refuse pour l'instant à fermer des services publics

Face aux surcoûts engendrés par la crise énergétique, les élus de la majorité du conseil municipal de Besançon veulent s’unir pour «dégrader le moins possible les services publics ». La maire de Besançon, Anne Vignot, a juste annoncé la baisse du chauffage de 22° à 19°, celle de la température de l’eau dans les piscines de 1° et moins d’éclairage de nuit pour les bâtiments publics.

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Les radiateurs sont restés fermés dans la grande salle du conseil municipal de Besançon, élus et journalistes ont gardé leur petite laine pendant la conférence de presse de l’équipe municipale.

D’emblée, la situation est posée : comment trouver 8 millions d’euros supplémentaires sur un budget de fonctionnement de 145,5 millions d'euros pour régler la facture énergétique de la ville en 2023 ?

Consigne de la mairie, la priorité ce sont les écoles où le chauffage a été rallumé et limité à 19° ce lundi 26 septembre. Pour les autres bâtiments municipaux, cela sera 19° au lieu de 22°.

Maintien des ouvertures des services publics mais jusqu’à quand ?

Une mesure qui n’a rien d’exceptionnel. Depuis 2016, le code de l’énergie précise que « dans les locaux à usage d'habitation, d'enseignement, de bureaux ou recevant du public et dans tous autres locaux (…), les limites supérieures de température de chauffage sont (…) fixées en moyenne à 19°

« 19°, c’est parfois difficilement soutenable » admet Anne Vignot, la maire écologiste de Besançon. La ville a encore des bâtiments considérés comme des passoires thermiques d’où jusqu’à présent le non-respect de cette loi.

Mais passer de 22° à 19°, c’est 14% d’économie assure la mairie de Besançon soit 400 000 euros d’économie par an.

Pourquoi organiser une conférence de presse pour annoncer si peu de mesures ? Quid du marché de Noël, de la fermeture d’une journée par semaine des musées ou d’autres services publics ?

« Le plus simple serait de fermer, mais nous cherchons tous ensemble d’autres pistes » affirme Anne Vignot qui refuse, pour l’instant, de diminuer les services publics de la ville tout en annonçant qu’ "il n’ y a pas d’assurance pour l’avenir ».

Il y a une semaine, les clubs sportifs ont rencontré les élus de la majorité. Faut-il déplacer les horaires d’entraînement, éteindre les stades ? Rien n’est encore décidé.

Cette conférence de presse, où toutes les tendances politiques de la majorité municipale (EELV,PS, PC, Génération.s et A gauche citoyens) étaient présentes, avait plus comme objectif d’interpeller l’Etat.

Un « bouclier d’urgence énergétique » pour les collectivités

Nous demandons à l’Etat de nous accompagner en nous donnant accès aux tarifs réglementés, une dotation financière indexée à l’inflation et des moyens renforcés pour investir.

Anthony Poulin, maire-adjoint EELV en charge des finances de Besançon

Anne Vignot rappelle que Besançon n’est pas la seule ville à demander à l’Etat des comptes. Lors des Journées nationales de « France Urbaine » qui réunit 800 élus de grandes villes et métropoles en France, les politiques ont demandé au gouvernement et aux parlementaires de prendre douze mesures pour réduire l’impact de la crise énergétique sur les Français les plus défavorisés et soutenir les investissements favorables à la transition énergétique. Les élus de « France urbaine » devraient rencontrer, ces jours prochains, le premier Ministre et les parlementaires.

« Au CCAS de Besançon, on sent déjà une crise sociale d’ampleur », assurent les élus. « Cette sobriété s’appelle la pauvreté pour les classes populaires » déclare Hasni Alem (PC), maire-adjoint délégué aux quartiers.

« Un bouclier tarifaire pour un bouclier social » résume Aline Chassagne, maire-adjointe à la culture (PC).  La ville de Besançon entend dénoncer « une situation paradoxale » d’un Etat qui demande « toujours plus aux collectivités » tout en diminuant ses ressources financières comme la taxe d’habitation. Les villes sont prises en étau entre l’explosion de leurs dépenses et la nécessité d’assurer les services publics.

Contingentée par la règle de la calculette de l’équilibre budgétaire, la majorité municipale de Besançon anticipe aussi le mécontentement des Bisontins et tente d’affronter unie cette tempête politique.

 

 

 

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