FEUILLETON. Maternelle Condorcet à Besançon : « Pour une école heureuse », c’est possible !

Depuis 2018, les professeures des écoles Marie Marquiset-Cambouly  et Stéphanie Chaudron expérimentent différents outils pour que les enfants de leurs classes maternelles soient heureux d’aller à l’école et qu’ils réussissent mieux leur entrée au CP. Ce projet « Pour une école heureuse » est soutenu par le rectorat de Franche-Comté et son pôle innovation le PARDIE.

Les parents déposent leurs gâteaux maisons sur la table. Le café coule et chacun garde une distance raisonnable et son masque. Pour ce « petit-déjeuner parents » de novembre 2021, les institutrices ont demandé à l’infirmière scolaire du collège voisin de venir animer ce temps de rencontre.

Annabelle Léon a choisi de parler des émotions. « C’est à nous de leur apprendre à gérer leurs émotions ». Écouter, raconter les colères du soir ou les joies du matin. Avec les « petits-déjeuners parents », la parole se libère et se partage.

« Elle prend du plaisir à aller à l’école »

Un moment de réconfort pour les parents.  Le projet « Pour une école heureuse » concernent les enfants, les enseignants et les parents. Ils peuvent même venir passer une matinée en classe pour voir comment leur enfant et ses copains se déplacent, jouent, apprennent … « Ma fille est en deuxième année de Maternelle, raconte Lydie Guidet-Bouziane, une des parents qui se sont retrouvés pour le petit-déjeuner. Je vois un énorme changement. L’année dernière, elle ne voulait pas aller à l’école. Là, cette année, je sais qu’elle aime aller à l’école, elle aime sa maîtresse. Toujours à dire - Oh ! Ma maîtresse Marie ! - Elle prend du plaisir à aller à l’école ».

C’est aussi le cas d’Antonin et de sa grande sœur Capucine. Nous les avons rencontrés chez eux, avec leur maman Olivia Rivoalen et leur petit frère Léonard. Antonin est en grande section à la Maternelle Condorcet, une école dans un quartier où de petits pavillons côtoient les barres HLM.

« Je me sens bien dans mes souvenirs »

Capucine est maintenant en CE1. Je lui ai demandé quels souvenirs elle gardait de ses années en Maternelle. Ils sont assez précis.  « J’en garde des souvenirs de forêt, de travail de bricolage, on faisait des gâteaux, je garde de beaux souvenirs, je me sens bien dans mes souvenirs » nous raconte Capucine. Sa mère, Olivia, se rappelle que  Capucine savait lire en arrivant au CP, elle avait acquis les bases. « Cela s’est bien passé, dit-elle. Il y a des liens entre la maîtresse du CP et celles de Maternelle. Franchement, on a pas vu la différence, cela s’est passé comme une lettre à la Poste. On n’a pas senti de coupure. Capucine avait tout pour arriver sereinement au CP. Ce projet « Pour une école heureuse »,  porte bien son nom. Nos deux enfants sont  heureux d’aller à l’école, les parents aussi ! Nous sommes heureux que nos enfants aillent dans cette école, c’est une école idéale qui respecte le rythme de chacun ».  

Le matin, il y a un rituel que vous allez découvrir dans ce premier reportage. Un des cinq axes du projet mis au point par Marie Marquiset-Cambouly  et Stéphanie Chaudron est l’écocitoyenneté. Les enfants sont incités à exprimer leurs émotions, à respecter leurs copains de classe.

Avant de travailler ensemble, les deux professeurs des écoles avaient chacune éprouvé un sentiment d’échec dans leurs pratiques professionnelles. Elles ne parvenaient pas à ce que tous les enfants de leur classe maternelle aient les bases pour bien apprendre au CP. C’est pour réellement mettre en place un enseignement différencié en fonction des besoins des enfants qu’elles ont cherché des innovations pédagogiques qui pouvaient leur être utiles. Elles sont allées dans des classes, elles ont dévoré des ouvrages de pédagogie, de neurosciences. Petit à petit, elles ont pu tester des outils qui se sont avérés efficaces.

Cette prise en compte de la diversité des élèves  est une exigence de l’Education nationale, de la Maternelle au Secondaire. Voici comment ces institutrices ont construit des outils pour différencier leur enseignement :

Les deux enseignantes aiment partager leurs expériences. Elles-mêmes ont bénéficié d’innovations testées par d’autres collègues.

L’un des points forts de leur projet est leur entente. Elles ont décidé d’ouvrir la porte qui séparent leurs deux classes une partie de la journée. L’espace s’agrandit, les enfants sont tous ensemble, qu’ils soient chez les petits, les moyens ou les grands. Ils s’entraident, ils observent et gèrent leur temps dans un cadre bien précis.

Quand la porte est fermée, les institutrices travaillent chacune avec un groupe d’enfant du même niveau. Les petits font des exercices de motricité pendant que les grands s’exercent à écrire.

Chaque enseignante est responsable d’un niveau, c’est important d’avoir un référent pour l’enfant et ses parents mais elles peuvent échanger sur les 50 enfants des deux classes et, aussi, se passer le relais si besoin. Elles appellent cela la cogestion.

Pour elles, cette expérimentation remet en cause complètement leur posture d’enseignante. Elles nous l’expliquent dans ce troisième épisode.  

Le projet « Pour une école heureuse » insiste également sur le respect de la nature. Une nature qui apporte beaucoup aux enfants. Tous les quinze jours environ, leurs institutrices les accompagnent dans un petit coin de forêt tout à côté de leur école.

Assis sur quatre longs troncs, ils écoutent les consignes « Toujours voir un adulte ! » et puis ils partent retrouver leurs cabanes construites lors des précédentes visites. Une école idéale pour la motricité et la coopération.

D’autres écoles ont également entrepris cette démarche avec le soutien de l’association Graine. Une charte a même été établie pour cadrer cette école-dehors.

Pendant ces trois jours de tournage, nous avons rencontré des enfants, des parents et des enseignants heureux. Cette expérimentation est soutenue par le PARDIE, le Pôle Académique de Recherche de Développement d’Innovation et d’Expérimentation du Rectorat de Franche-Comté.

Pour L’éducation Nationale, la mission principale de l’école maternelle est de donner envie aux enfants d’aller à l’école pour apprendre, affirmer et épanouir leur personnalité, c’est, en somme, une école heureuse !

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