Patrick Giraudoux, professeur émérite d’écologie à l’Université de Franche-Comté, vient d'être nommé membre du Comité national de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars). Il nous explique en quoi va consister son travail.
"Je ne pouvais pas dire non", explique sans détour Patrick Giraudoux. Ce dernier vient tout juste de rejoindre le Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires, ou "Covars", successeur du Conseil scientifique, créé par le gouvernement pour faire face au Covid-19 ou encore au virus Monkeypox. Il compte 18 membres, dont 15 scientifiques, aux domaines de compétences variés et "transversaux".
En quoi va consister exactement la mission de ce nouveau comité, réuni deux heures tous les lundis ? Patrick Giraudoux, spécialiste de "l'écologie du paysage et de la faune sauvage" et professeur émérite d’écologie à l’Université de Franche-Comté, membre du laboratoire Chrono-environnement, détaille ses missions pour France 3 Franche-Comté : "Des gens travaillent déjà sur le risque sanitaire en France. Il y a des institutions pour ça, comme Santé Publique France, l’Inserm... Ce sont des structures très solides. L’idée pour nous, c’est d’être capables de réagir très vite à une crise sanitaire mais aussi de l’anticiper, en regroupant ensemble les connaissances du moment sur un sujet donné. Nous sommes déjà en saisine sur le Covid-19 et Monkeypox. On est consultatifs, on répond à des saisines du gouvernement, et on peut aussi s’autosaisir."
Le Franc-Comtois voit la création de cette instance d'un bon oeil et salue la volonté affichée du gouvernement de "décloisonner" la prévention des risques. "La santé humaine n’est pas étrangère à la santé de la faune, de l’environnement. C’est une avancée en terme de cohérence de recherche concernant la prévention des risques. On essaie de moins sectoriser. C’est une culture un peu nouvelle et c'est une bonne chose" poursuit-il.
"Experts libres de tout conflit d'intérêt"
De manière générale, les recherches de Patrick Giraudoux mettent en lumière les relations entre écologie et santé et s'intéressent aux conflits entre humanité et faune sauvage. Ses terrains d’étude sont situés dans les montagnes d’Europe et notamment dans le Jura et les Alpes, d’Asie centrale ainsi que du sud-ouest de la Chine. Son expertise viendra compléter celle d'autres spécialistes dans des domaines variés.
Dans la liste des nouveaux membres du comité on trouve par exemple, Julie Contenti, cheffe adjointe des urgences du CHU de Nice ; Denis Malvy, infectiologue ; Olivier Saint-Lary, médecin généraliste ; Rémy Slama, épidémiologiste environnemental ou encore Annabel Desgrées du Loû, spécialiste de santé sexuelle et reproductive.
► Voir la liste complète des membres du Covars.
La présidente du Covars est Brigitte Autran. Elle est professeure d’immunologie à la faculté de médecine à la Sorbonne et a passé une grande partie de sa carrière à travailler sur la lutte contre le VIH, et notamment sur les soins des malades du sida. "Nous sommes des experts libres de tout conflit d’intérêt. Nous sommes indépendants" précise le chercheur, en insistant sur la notion de réactivité attendue de la part des membres du "Covars", "mobilisables à tout instant en cas d'alerte".
Les travaux du comité seront évidemment mis à la disposition des autorités et du gouvernement mais seront également rendus publics.