La monnaie locale, la Pive circule dans les commerces de Poligny

Depuis deux mois, la Pive, la monnaie locale créée pour renforcer l'économie locale a attiré de nombreux commerçants du centre-ville de Poligny. L'objectif pour l'association Pïve est d'attirer le grand public et d'étendre ce nouveau moyen de paiement au reste de la France-Comté. 

Une trentaine de monnaies locales existent d'ores-et-déjà en France. Le Grain au Havre, la Miel pôle de Bordeaux, la Doume à Clermont-Ferrand, le Stück en Alsace... et maintenant la Pive en Franche-Comté. Depuis le 17 mai, à Poligny, cette monnaie locale est en circulation et 7 000 Pives y transitent déjà . Au total, 320 000 pives en billet infalsifiables ont été imprimés pour la Frache-Comté.

Une "bonne première étape" pour Jean-Jacques Bret, président régional de l'association Pive. Pour obtenir des Pives, une seule condition est à remplir : adhérer à l'association. Les habitants doivent débourser dix euros chaque année pour y adhérer. Un moyen d'aider à rembourser les frais de fonctionnement de l'association et les 12 000 € investis pour la création et l'impression des billets de Pives.

Les commerçants et professionnels doivent, quant à eux, donner cinq euros par mois. Les Polinois n'ont plus l'obligation de passer au distributeur bancaire pour obtenir un moyen de paiement. Ils doivent se rendre à un bureau de change un peu particulier. Au magasin Ethnic Ambiance, 2 rue Voltaire, ils peuvent devenir adhérents à la Pive et s'en procurer. Les habitants de Besançon qui souhaitent devenir adhérer et en obtenir doivent se rendre au local de "La Pive" au 31 rue Battant à Besançon. Le souhait de l'association et de ses adhérents rencontrés, est de "dynamiser l'économie locale et de lutter contre la désertification du centre-ville".

À l'heure actuelle, l'opération séduit majoritairement les professionnels et peine à atteindre les 4500 habitants de Poligny. Ce mercredi, 37 des commerçants de la commune, soit près de la moitié ont adhéré au projet. Parmi eux, des boulangeries, des crémeries, des restaurants, des fleuristes, un artiste verrier, un coiffeur, un électricien, des magasins d'informatique et de téléphonie, des producteurs agricoles ont accepté la Pive. "Il s'agit de la première étape de l'opération. Nous avons réussi à retisser des liens entre les commerçants et les artisans de la ville. L'objectif est à présent de rendre populaire cette monnaie et d'amener les Polinois et Polinoises à l'utiliser quotidiennement", explique Jean-Jacques Bret. Même s'il est difficile pour eux, de "chiffrer précisement" l'étendue des répercutions de la pive sur leur chiffres d'affaires, les commerçants adhérents expliquent "avoir régulièrement des Pives dans leur tiroir caisse". Pour Emilie Fareneau, commerçante du centre-ville, "des personnes qui n'étaient jamais venues dans son établissement s'y sont rendues après avoir vu son adhésion au projet". Cette satisfaction est partagée par la fromagerie Juramont. Depuis le lancement de l'opération, l'établissement a mis en place une deuxième caisse pour comptabiliser les transactions. Selon Christian Nicolas, maître fromager, il s'agit d'un succès.

D'autres commerçants n'ont pas encore sauté le pas. Rencontré Julien Duffner, débitant de tabac à Poligny, vient de s'installer et a déjà été sollicité pour adhérer à la Pive. Il met en avant l'installation "d'une double comptabilité". "Je vais avoir deux caisses, une pour la Pive et l'autre pour les euros, c'est difficile à gérer. Je viens de m'installer", explique-t-il. Un argument "souvent entendu" par Jean-Jacques Bret. Pour rassurer le buraliste, le président régional de l'association rappelle que d'autres commerçants arrivent à s'en sortir et explique qu'il n'y a pas de difficulté particulière. 

Et concrétement, comment la Pive est-elle utilisée ?

L'intérêt d'une monnaie locale est "de dynamiser l'économie de proximité". Concrétement, les commerçants récupèrent des Pives et vont donc "plus facilement" les dépenser dans d'autres établissements du secteur. A Poligny, Christian Nicolas, le fromager de Juramont, s'approvisionne en pain chez un boulanger situé à proximité. Sa femme, Corinne va acheter des cosmétiques chez Emilie Fareneau , responsable dans un autre magasin du centre-ville. Clément Chauve, du bar-crèperie Le Be Good Café va chercher son fromage à Juramont. De ce fait, ces Pives continuent de circuler dans les commerces de Poligny et non ailleurs. En d'autres termes, le but est d'inciter les commerçants et les habitants à consommer local. La Pive n'est pas une monnaie épargnable et reste donc plus longtemps dans les circuits des échanges. Le calcul est simple. Plus elle est échangée, plus l'économie locale qui l'utilise est favorisée. Pour simplifier, la Pive circule plus rapidement que l'euro et reste dans un territoire donné. Ce moyen de paiement ne se disperse pas. Le commerce local en  bénéficie plus. Afin de mieux comprendre l'intêret de cette nouvelle monnaie, voici un schéma.


Intervenants : Jérôme Robin, Commerçant et responsable du bureau de change des Pives ; Julien Duffner, Buraliste ; Christian Nicolas, Maître fromager ; Emilie Fareneau, Commerçante. Reportage : Isabelle Brunnarius, Jean-Stéphane Maurice, Adrien Boussemart et Roseline Regard.



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