Nuit de la chouette (et du hibou) : 9 espèces à observer en Bourgogne-Franche-Comté

Comment faire la différence entre un hibou petit-duc, un moyen-duc ou un grand-duc ? Quelles est le cri de la chevêchette d’Europe et comment la protéger ? A l’occasion de la nuit de la chouette, Samuel Maas, ornithologue chargé de mission à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) de Franche-Comté nous apprend à mieux les connaître.

On les entend parfois la nuit mais il est rare qu’on les croise. Pourtant presque toutes les espèces de rapaces nocturnes présentes en France le sont aussi en Bourgogne-Franche-Comté.

“Même moi qui sors beaucoup pour observer ces espèces, je n’en ai pas vu des mille et des cents, prévient Samuel Maas, à la LPO de Franche-Comté. Pour les voir, on pourrait presque conseiller d’acheter des jumelles de vision nocturne mais cela coûte très cher. On a plus de chance d’écouter les chouettes et les hiboux que de les apercevoir. Pour cela, il ne faut pas hésiter à se promener autour des villages au crépuscule, et prêter une oreille attentive en période de reproduction, du 15 février au 15 avril, selon les espèces.” 

Afin de mieux connaître et protéger les rapaces nocturnes, la LPO organise tous les deux ans la nuit de la chouette, une balade commentée pour découvrir les animaux une fois le soleil couché. En Franche-Comté, c’est tous les ans. Les prochaines dates sont le 18 mars à Sancey, le 19 mars à 18h00 à La Saline royale d'Arc-et-Senans et le 26 mars à Mazerolles-le-Salin. 

En attendant, saurez-vous reconnaître les neuf espèces de chouettes et hiboux observables en Bourgogne-Franche-Comté ? 

La chouette effraie 

Avec sa couleur claire, blanche ou dans les tons orangers et son disque facial en forme de cœur, c’est la plus facile à identifier. “On la surnomme la dame blanche”, précise Samuel Maas.

“Son cri strident en période de reproduction fait peur à tout le monde, on ne va pas tarder à l’entendre au-dessus des villages.” Il y a quelques années, les croyances populaire poussaient à clouer des chouettes effraie sur les portes des granges pour éloigner le mal et amener la prospérité.  

Aujourd’hui, la chouette effraie connaît un nouvel essor sur le territoire de Bourgogne-Franche-Comté mais elle fait face à de nouvelles menaces : les produits chimiques utilisés en agriculture, qui limitent la biodiversité et les rénovations de clocher ou de vieilles fermes où elle avait l’habitude de nicher.

“Mettre un grillage sur un clocher pour éloigner les pigeons n’est pas un souci si on bâtit un abri à chouette effraie à côté. C’est la loi française”, précise Samuel Maas. L’enjeu, c’est bien sûr la protection de cet animal majestueux et terrifiant : désormais la chouette effraie a disparu de certains plateaux. On ne la trouve qu’à partir de 500 à 600 mètres d’altitude. 

La chouette hulotte

C’est la plus commune en France. Du fait de son cri caractéristique, on l’appelle le chat-huant.

Plutôt forestière, on la retrouve dans les boisements et forêts, de basse et moyenne montagne, comme en plaine et dans pratiquement tous les parcs urbains de Besançon. Mais avec le réchauffement climatique, elle est de plus en plus présente en altitude où elle entre en concurrence alimentaire avec d’autres rapaces nocturnes. 

Seule chouette à avoir les yeux entièrement noirs, elle a pour autre caractéristique de rester liée à vie avec son partenaire, y compris en hiver, hors de la période de reproduction.

En journée, chacun aura son gîte, la nuit, les partenaires se retrouvent un peu, avant de partir chacun de leur côté. Mais en période de reproduction ils restent ensemble. Cette union dure jusqu'à la mort d’un des partenaires. 

La chouette de Tengmalm

Elle mesure environ 25 cm pour un poids compris entre 90 et 113 grammes pour les mâles et 126 à 194 grammes pour les femelles. Sa large tête a le front perlé de tâches blanches et son disque facial est pâle, avec un contour noirâtre.

Par sa taille et la couleur de ses yeux, elle peut rappeler la chouette chevêche mais sa tête est plus ronde et ses disques faciaux plus larges. 

On trouve la chouette de Tengmalm dans les forêts à plus de 700 mètres d’altitude. Sa présence est conditionnée à celle du pic noir, un oiseau qui crée des cavités suffisamment grandes pour pouvoir l’accueillir.

Son cri, on l’entend souvent dans les films d’horreur quand les réalisateurs veulent créer une atmosphère inquiétante.

La chevêchette d’Europe  

C’est le plus petit des rapaces nocturnes européens, de taille intermédiaire entre un moineau et un étourneau (15 à 20 cm de haut). Elle a la tête arrondie et de petits sourcils blancs surmontent ses yeux jaune vif.

Sa spécialité ? La prédation de petits passereaux. On la trouve dans les forêts d’altitude, spécifiquement dans les montagnes vosgiennes, jurassiennes et les Alpes. Elle est assez rare : on dénombre moins de 1000 couples en France.

La chevêche d’Athéna 

On l’appelle chouette aux yeux d’or. Les yeux des adultes sont jaune citron avec une pupille noire, ceux des jeunes sont verdâtres avec une pupille plus claire. Petite chouette, elle est de la taille d’un merle noir.

De couleur brun-roux, elle a de petites taches crème partout sur le plumage à l’exception de sa gorge. On la trouve près des villages de basse altitude où elle se réfugie dans le bâti ou dans les cavités des arbres. Au minimum 22 cris et chants ont été recensés chez cette espèce.

Le hibou moyen-duc 

C’est le plus commun en France. On trouve souvent des groupes de 50 ou 100 individus ensemble, dans des sapins, des milieux bocagers ou aux abords des villages. 

Il se caractérise par ses yeux orangés remarquables et ses aigrettes érectiles très visibles, de 3 à 4 cm de longueur, qu’il peut rabattre presque complètement au repos ou en vol.

Le petit-duc 

Comme son nom l’indique, c’est le plus petit des hiboux, il mesure 19 à 21 cm de haut. Il se distingue par sa silhouette svelte et bien droite, portant à la tête des aigrettes érectiles quasi-invisibles lorsqu'il est calme. 

Celles-ci forment deux petites bosses sur les côtés de la tête. Il aime la chaleur, ce qui fait que l’espèce est assez rare en Bourgogne-Franche-Comté.

D’ailleurs, l’hiver il migre vers le sud du Sahara. Il se nourrit surtout d’insectes. On le trouve aux abords des villages ou dans des territoires de bocage.  

Le grand-duc 

C’est le plus grand des rapaces d’Europe. Un “top prédateur”, explique Samuel Maas.

Sa taille peut aller jusqu’à 75 cm et le poids des femelles jusqu’à 3260 grammes. Ses ailes peuvent mesurer jusqu’à 180 cm et il peut vivre une vingtaine d’années.  Ses proies sont des hérons, des buses, des faucons pèlerins ou des hérissons, son repas préféré. Il niche dans les grandes falaises.

S’il a failli disparaître il y a une cinquantaine d’années, il n’est plus en danger aujourd’hui. Le grand-duc reste une espèce assez rare, en raison de son besoin de grands territoires pour vivre et se nourrir. En France, il est présent presque partout sauf dans le Nord-Ouest. 

Le hibou des marais 

C’est le seul qu’on peut observer en pleine journée car il peut être à la fois nocturne et diurne. Contrairement à ce que son nom peut laisser penser, on ne le trouve pas seulement aux abords des marais mais aussi dans des zones humides, comme les vallées alluviales. Il ne se reproduit pas en Bourgogne Franche-Comté.

D’ailleurs, il est rare dans la région. Seule une dizaine d’individus peuvent venir du mois d’octobre, jusqu'à février-mars.

Sa tête est assez petite et ronde, ses aigrettes sont très réduites et très peu visibles. Il a les yeux jaunes, comme ornés de “mascara”, selon Samuel Maas. Il niche à même le sol, dans des cuvettes, camouflé par son plumage. 

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