Y aura-t-il suffisamment de conducteurs de bus pour assurer le transport des élèves dans notre région ? A quelques jours de la rentrée, la pénurie de chauffeurs est une réalité qu'aucun transporteur ne minimise. Le métier manque d'attractivité.
A dix jours de la rentrée, il n'y a pas que les enseignants qui pourraient manquer à l'appel. Un autre secteur peine à recruter cette année : le transport scolaire. En contrat avec l'agglomération du Grand Besançon, un transporteur privé fait ce constat. Ses bus vont bientôt reprendre la route des écoles mais doit faire face à une inconnue : aura-t-il suffisamment de chauffeurs pour assurer l'année ? Le transport des élèves représente 20 % de ses activités.
Des mécaniciens et commerciaux pour remplacer les conducteurs
Pour pallier le manque de personnel, il tente donc de trouver des solutions en faisant appel au système D. "Si nous rencontrons des difficultés en raison de cas covid ou autre, nous ferons appel aux autres corps de métier qui ont le permis transport de personnes pour les remplacer : mécaniciens, personnels administratifs ou commerciaux par exemple", explique Raphael Grosperrin, directeur d'une entreprise de transport.
Un manque criant d'attractivité
Le recrutement des chauffeurs est un casse-tête pour beaucoup d'acteurs du secteur. "C'est souvent des personnes en contrat à temps partiel, en CPS (contrat période scolaire) avec peu de temps de travail, des horaires éparpillés sur la journée et des salaires forcément faibles". Ses conducteurs touchent entre 800 et 1 000 euros de salaire par mois. "Il y a dix ans cela suffisait mais aujourd'hui on ne peut plus vivre avec ce niveau de salaire", reconnait l'employeur. De plus, le secteur connaît un vieillissement des effectifs. En effet, il faut être âgé de plus de 21 ans pour devenir chauffeur d'autobus. Les jeunes préfèrent se tourner vers le transport de marchandises, plus attractif car mieux rémunérateur avec des temps complets.
Pas d'annulation de lignes pour l'heure dans la région
La Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) est très inquiète et estime que 8 000 conducteurs devraient manquer à l'appel pour assurer les services de transport scolaire en France à la rentrée 2022. De son côte la Région Bourgogne-Franche-Comté est plus nuancée. Le vice-président du conseil régional, en charge des transports, Michel Neugnot, reconnaît l'existence de cette tension sans être alarmiste. "Aujourd'hui nous n'avons pas d'alerte spécifique sur tel ou tel des 3300 circuits qui seraient en difficulté pour avoir un conducteur de car à la rentrée", assure-t-il.
La zone frontalière la plus tendue
Néanmoins, certains territoires sont en tension, c'est le cas de toute la zone frontière avec la Suisse. A Besançon, les lignes scolaires devraient être assurées à la rentrée. A plus long terme, il faudra trouver des solutions pour répondre à la pénurie de conducteurs de cars scolaires. Cela passera par la formation suggère Michel Neugnot, et par l'amélioration de l'organisation du temps de travail en proposant des contrats à temps plein grâce à d'autres activités complémentaires par exemple.