Plusieurs centaines de personnes dont l'ancien Premier ministre, ont rendu un hommage public à Paulette Guinchard ce 13 novembre 2021 au Kursaal de Besançon. L'ancienne ministre et élu bisontine est décédée le 4 mars dernier, par suicide assisté, en Suisse.
La situation sanitaire n'avait pas permis, au printemps dernier, d'organiser l'hommage public que beaucoup de ses amis souhaitaient lui rendre.
Plus de huit mois après son décès, près de 500 personnes ont salué la mémoire de Paulette Guinchard: des proches, des élus locaux et nationaux, et aussi des anonymes, tel que cet ancien camarade de primaire: "Je l'appréciais énormément, déjà gamin. J'ai été très touché par son attitude, même si on peut ne pas être pour le suicide assisté, il y a des périodes où il faut savoir jongler pour faire le bon choix".
Jusqu'au bout, jusqu'à la mort, la vie de Paulette Guinchard fut marquée par l'engagement. En choisissant le suicide assisté, et en choisissant surtout de le faire savoir, l'ancienne ministre s'est, une dernière fois, battue pour ses convictions.
"Elle a voulu que son décès soit une démarche militante, la dernière qu'elle aura faite."
Jean-Louis Fousseret, ancien maire de Besançon (2001-2020)
"Paulette était adorable, elle nous manque beaucoup", confient à notre équipe les trois frères de Denis, le mari de Paulette Guinchard.
La famille proche, mais aussi la famille politique. Jean-Louis Fousseret, l'ancien maire de Besançon (PS puis LREM), était présent: "Paulette Guinchard est une grande dame. Elle a beaucoup fait pour cette ville. Elle a beaucoup fait aussi au niveau national en étant la créatrice de l'APA (allocation personnalisée d'autonomie, pour les personnes âgées dépendantes, ndlr). Nous sommes entrés ensemble dans l'équipe de Robert Schwint en 1983, nous avons été élus ensemble députés, ensuite elle est devenue ministre et moi maire de Besançon. J'ai gardé avec elle des liens très forts, d'amitié et de respect. C'est une femme de conviction, très honnête, très proche de la population. C'est une grande perte pour Besançon et pour la république"
Nous l'aimions parce que nous l'avons vue gravir peu à peu tous les échelons de responsabilité politique, en étant différente des canons habituels de l'élu.
Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté
Amie proche de l'ancienne ministre, Marie-Guite Dufay, la présidente PS de la Région Bourgogne-Franche-Comté, lui a rendu un vibrant hommage à la tribune: "Nous l'aimions pour son bon sens, sûrement paysan. Nous l'aimions parce que nous l'avons vue gravir peu à peu tous les échelons de responsabilité politique, en étant différente des canons habituels de l'élu. Sa boussole, comme l'a souligné son ami, notre ami Claude Magnin, était son rapport vrai et sincère avec les milieux populaires. Cette sincérité s'ajoutait à sa capacité à parler avec des mots compréhensibles de tous. Nous l'aimions car elle a contribué à donner une autre image de la vieillesse, elle qui voulait tant changer le regard de chacun d'entre nous sur les vieux, mais encore, le regard de notre société, qui trop tôt, trop vite, ne retient que la diminution des capacités, et oublie les personnes."
Car le nom de Paulette Guinchard est depuis longtemps associé au défi du vieillissement, avec ce rapport remis au Premier ministre Lionel Jospin en 1999, qui deux ans plus tard en fera sa secrétaire d'Etat aux personnes âgées. L'ancien chef de gouvernement socialiste était à Besançon ce samedi, comme une évidence.
"Paulette a été une ministre précieuse, inventive. Elle a subjugué tout le monde au Parlement, sur tous les rangs, par son authenticité, sa connaissance des questions touchant le vieillissement", nous confie-t-il avant d'entrer au Kursaal, accompagné de l'ancien sénateur et président du Département du Doubs Claude Jeannerot.
A la tribune, il rappelle ce "rapport remarquable", avec des "mots directs". Paulette Guinchard n'aimait pas le mot senior. Pour parler des vieux, elle disait "les vieux".
Et puis, Lionel Jospin a raconté ce dernier coup de fil, lui dont la mère, elle aussi, avait choisi de programmer sa mort.
Paulette m'a demandé si je comprenais sa décision. Je l'ai assuré que oui. Puis nous nous sommes, à distance, embrassés tendrement.
Lionel Jospin, ancien Premier ministre (1997-2002)
Autre proche de Paulette Guinchard, la Bretonne Marylise Lebranchu, elle aussi membre du gouvernement Jospin, ne regrettait pas d'avoir traversé la France à l'issue de la cérémonie: "Cet hommage a repris l'authenticité, la simplicité mais surtout la force. Paulette, c'est une force joyeuse. Aujourd'hui, on a vibré avec cette force joyeuse, les larmes aux yeux sans doute, mais avec l'envie d'aller dehors agir, agir encore."
Agir, encore et encore, comme Paulette Guinchard.