Salaires fixes, livreurs assurés... A Besançon, Véloconnect lance une alternative responsable pour la livraison de repas

La coopérative de livraison à vélo "Véloconnect" propose désormais ses servives pour la livraison de repas sur Besançon. Les livreurs, tous salariés, désirent combattre de front les plateformes Deliveroo et Uber Eats dont on connaît la précarité des coursiers. 

Nous avons pris rendez-vous avec eux un vendredi matin, jour de marché à Besançon. Les membres de Véloconnect ont pour habitude de se retrouver autour d'un café et d'une pâtisserie confectionnée par Gaëlle. Une personnalité incontournable du marché. Vient qui n'est pas en livraison.

Quatre des sept salariés de l'entreprise Véloconnect étaient présents pour nous raconter la nouvelle aventure dans laquelle ils se sont lancés, la livraison de repas.

Au départ, ils n'étaient que deux. Rémi Gallerand et Clément Ecoffey. Créateurs de Véloconnect, une société coopérative (Scop) en 2015. Ils ont été rejoints en 2018 par Quentin Galerne. Spécialisés jusque-là dans les courses express pour les administrations et les entreprises à l'aide de leur vélo-remorque ou de leur vélo-cargo, ils prennent en charge également les tournées de messagerie sur les derniers et premiers kilomètres, en remplacement des camionnettes de livraisons.

Un confinement plus tard...

Et puis il y a eu le confinement, les restaurants fermés et les livreurs de plus en plus nombreux dans les rues bisontines et périphériques. Des coursiers Deliveroo et Uber Eats uniquement. Chargés d’une glacière isotherme aux couleurs des start-ups de la « FoodTech » qui les emploient, ils circulent à vélo électrique ou à scooter. Seul moyen pour tenir la cadence des courses et être le plus rapide possible. Tous microentrepreneurs et payés à la livraison, ils subissent une pression. Ils sont tous en concurrence.

La volonté de faire partie d'une équipe dans laquelle chacun a sa place et son mot à dire était une évidence depuis la création de l'entreprise. L'arrivée des livreurs Uber et Deliveroo n'a fait que renforcer leur envie de lutter contre l'ubérisation.

Les livreurs de Uber et Deliveroo endossent le même maillot, mais ils ne sont pas collègues, ils sont concurrents.

Clément Ecoffey

Connaissant le contexte, Rémi, Clément et Quentin, ont voulu se positionner pour combattre de front un système qu'ils déplorent.

On a constaté pendant le confinement que les demandes de livraison avaient explosé. En face, la seule solution était Uber et Deliveroo. On a surtout voulu une solution locale et professionnelle.

Rémi Gallerand

Véloconnect paye ses livreurs au smic. Ils sont assurés d'un salaire fixe. Le client paye 3,5 euros par la livraison de sa commande. Un peu plus cher que les grandes plateformes. Le restaurateur verse lui une commission de 20%, contre 36% prelevés par les grandes plateformes.

Hedi et Antoine : deux nouveaux visages de Véloconnect

Quand ils ont décidé de se lancer dans la livraison de repas, en février 2021, Rémi et Clément ont dû gonfler les effectifs. Hedi Bchir, Lucie Richard, Arthur Roy et Antoine Hache ont été embauchés pour trois mois avec un contrat de 28 à 30 heures. Si tout se passe bien, ils signeront un CDI.

Je me reconnais dans les valeurs défendues par Véloconnect. Circuit court, travail en équipe, ça donne envie de s'impliquer dans l'entreprise.

Antoine Hache

Hedi travaille depuis deux ans avec les plateformes Uber Eats et Deliveroo. A terme, il espère ne travailler qu'avec la Scop. Il peut aisément comparer son travail d'hier et d'aujourd'hui.

Chez Uber et Deliveroo, on est toujours la tête dans le guidon. Véloconnect m'apporte une tranquillité. Côté qualité du travail, ça n'a rien à voir. Si on fait une chute, on est couverts.

Hedi Bchir

Coopcycle pour défendre les droits des livreurs

La fédération CoopCycle à laquelle Véloconnect adhère, leur permet d'avoir accès à un logiciel de gestion des commandes et des livraisons. La licence est réservée aux entreprises de l’économie sociale et solidaire.

L'objectif de cette plateforme indépendante est de développer des entreprises vertueuses, sans rechercher seulement le profit. Pouvoir de décision des travailleurs renforcé, modèle économique pérenne : la plateforme était la solution pour Véloconnect. Les salariés y côtisent à l'année.

Avec celle-ci, de nombreux problèmes sont résolus. Notamment le temps de préparation des repas. Sur les plateformes concurrentes, le temps de préparation n'est pas paramétrable par le restaurateur. Qu'on commande une pizza ou 10, ce temps est très court. 6 minutes. Avec Coopcycle, plus de pression, le temps est paramétrable. Un détail précieux pour nombre de restaurateurs et qui permet aux livreurs de s'organiser.

Des restaurateurs qui adhèrent

Côté restaurateurs, l'accueil a été bon.10 enseignes travaillent déjà avec eux. Marotte et Charlie, Pasta et Petits Plats, L'Alsacien, Öst Café, Pizzeria piano, Macadam Pizza, créperie La Cornemuse, Mayaza, La Plancha, Cosi Oriental.

D'ici la semaine prochaine, "Chez Bon" rejoindra les rangs puis viendra le tour du restaurant "La Charette".

Le gérant de "La Plancha" se dit très satisfait.

Quand Rémi et Clément l'ont contacté, il a dit oui tout de suite. Il préfère travailler avec des locaux qu'il croise tous les jours dans la rue et qu'il commence à connaître.

Ce sont des bons jeunes, corrects et ils sont joignables par téléphone.

Cédric Goujon

Öst Café fait aussi partie de l'aventure. Sans délaisser les autres plateformes qui le font vivre, Frédéric Choulot affirme que la philosophie de Véloconnect est plus proche de la sienne. Sans compter qu'il a déjà essuyé quelques déboires avec Deliveroo et Uber avec des repas non livrés mais pas retournés.

Les livreurs sont assurés, leur salaire est fixe. C'est bien. On en parle à nos clients, on en parle sur les réseaux sociaux via notre Facebook.

Frédéric Choulot

Pour les clients justement, c'est enfin une alternative. Ceux qui choisissent Véloconnect n'avaient d'autre choix auparavant que de faire appel à Deliveroo et Uber Eats. C'est le cas de Camille qui s'est connectée à la coopcycle dès le premier jour.

On commande via Véloconnect. Ça tourne bien et ça permet de faire fonctionner une structure plus noble. Avec une bonne entente entre les restaurateurs et les coursiers.

Camille Haubert

Rémi et Clément se disent confiants. La demande est là, leur structure ne demande qu'à tourner.

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