Témoignages. Folie ou phobie de Noël ? Quand les fêtes de fin d’année riment avec coup de blues

Publié le Écrit par Vanessa Hirson

Foie gras, truite, huîtres et soupe à la grimace. Beaucoup de Français n’aiment pas Noël en raison, le plus souvent, de souvenirs passés douloureux.

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Se forcer à fêter Noël pour faire bonne figure alors que paradoxalement, on aime offrir des cadeaux. De nombreux Français n’aiment pas les fêtes. “Jusqu’en 2010, il y avait tonton Jean-Pierre assis ici. Mamie Charlotte ici, jusqu’en 2013. Jusqu’en 2017, tonton Jacques à cette chaise. Maintenant, c’est papa qui n’est plus là”. C’est avec émotion qu’Angèle, nous raconte pourquoi elle n’aime pas Noël.

Cette maman de 43 ans décore sa maison et un joli sapin, mais uniquement pour entretenir la magie de Noël pour les enfants, car au fond d’elle, elle “déteste” Noël. “On partage un repas de fêtes pour la forme, mais le plaisir, on ne l’a plus”.  Cette année, autour de la lourde table en chêne de la salle-à-manger, Angèle va recevoir de la famille, mais presque par obligation.

Chaque année, il manque toujours quelqu’un à table. Ce n’est pas un repas de fête, mais un moment familial douloureux

Angèle

 

“Souvent, on n’aime pas Noël lorsqu’il y a eu un problème intrafamilial et qu’on se retrouve confronter à nouveau devant la fratrie ou lorsqu’il y a eu un décès”, explique un psychiatre à la cellule web de France 3. Ce moment reste très compliqué même si le décès n'a pas eu lieu en décembre, on ressent cette culpabilité de se faire plaisir.

Un Français sur trois n'aime pas Noël

Selon une étude parue en 2022, un Français sur trois n’aime pas Noël. La tristesse au réveillon et à Noël comme plat principal. Comme Angèle, Mathilde, déteste Noël, elle aussi parce que cet événement lui rappelle ceux qui ne sont plus là.  

“Du côté de ma mère, un oncle est tombé malade et a été hospitalisé à domicile. Ma grand-mère ne voulait plus sortir de chez elle et le laisser. Alors, on a arrêté de faire Noël à la maison. On va chez elle depuis huit ans. Mais l'ambiance n'est plus la même, il n'y a plus cette joie. Ça nous rappelle la maladie, et maintenant le décès de notre oncle”, confie la jeune femme.  

Ma grand-mère ne prend pas de plaisir, à 88 ans, elle passe sa soirée à pleurer son fils, qui adorait faire le père Noël pour les enfants.  

Mathilde

Caroline, une amie de Mathilde, n’apprécie pas non plus Noël. Pour moi, les fêtes de fin d’année, et le repas de Noël particulièrement, sont associés à beaucoup de choses négatives en lien avec la famille. Je me souviens, quand j’étais petite, ma mère et ma grand-mère avaient en horreur ce moment de l’année, commençant à râler et appréhender des semaines à l’avance le mois fatidique”, témoigne la jeune femme.

Au moment des festivités, je me souviens des moments "forcés" avec une famille avec qui je n’avais aucun lien ou affinité le reste de l’année, de disputes inévitables même sans voir ma famille, d’un moral de cochon généralisé. 

Caroline

 

Les périodes de fêtes de fin d’années sonnent comme un moment angoissant ou douloureux. Se retrouver dans un huis clos peut entraîner des disputes, des tensions et rappeler des mauvais souvenirs. Selon la psychologue Florence Pichot, Noël a un lien avec le vécu de l’enfant. 

“Par exemple, quand on vous a dit, 'je t’ai fait un cadeau, mais tu ne l’auras que si tu es sage', il y a de la culpabilité alors forcément l’ambiance de Noël est triste”, analyse Florence Pichot. Noël ne représente pas un moment très heureux ou lorsque le parent se sont saignés pour un cadeau et qu’ensuite, ils le reprochent aux enfants”.

Noël, ça me rappelle juste que ma famille n'existe plus vraiment, qu'elle n'est plus ce qu'elle a été et que ces Noël que j'aimais tant ne seront plus. Ça remue la douleur du passé, rappelle le décès de ceux qui sont partis. 

Mathilde

La natalophobie est le terme utilisé pour parler du sentiment de mal-être, de la déprime, voire de la tristesse que l'on ressent à l'approche de Noël.  

“Pourtant, Noël a toujours été une grande fête que j'adorais faire étant plus jeune. J'en garde de très bons souvenirs. Le 24 chez mes parents, avec toute la famille maternelle, le 25 chez mes grand-parents paternels avec mes cousines. Du côté paternel, des différents familiaux nous empêchent de nous retrouver tous ensemble. Depuis le décès de mon grand-père, je n'ai plus fait Noël avec ma grand-mère, ni mes cousines que j'affectionne beaucoup”, témoigne Mathilde.  

Dire aux enfants pour quelles raisons on n'aime pas Noël

 

Souvent, lorsque naissent les enfants, les familles tentent de recréer une magie de Noël, mais il plane toujours une ambiance pesante, héritage des douleurs du passé, qu’on ne peut pas effacer. La psychologue Florence Pichot conseille de dire les choses, sans détours. “On doit dire aux enfants, 'voilà, on va faire un repas, on va essayer de passer un bon moment, mais moi, je n’aime pas Noël' et ensuite, on explique clairement les raisons”. 

Comme bon nombre de psychologues et de psychiatres, Florence Pichot reçoit davantage de patients dans son cabinet à l’approche en fin d’année.

Je vois des gens qui vont vraiment très mal. D’ailleurs, j'ouvre la semaine du jour de l’an parce qu’il y a un effet post Noël important. Ce n’est pas de la phobie de Noël, mais une grosse terreur de l’approche de Noël

Florence Pichot, psychologue

 

Il y a aussi la douleur d'être seule pendant les fêtes. Selon Florence Pichot, cette solitude rappelle qu'on est seul et c'est encore plus douloureux. “Une année, j'ai voulu fuir Noël, j'ai donc travaillé dans une autre ville pour avoir une bonne excuse de ne pas être là. Finalement, la tristesse est encore plus grande d'être seule", témoigne Mathilde. 

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