Trois chercheurs de UTINAM à Besançon ont percé une énigme qui taraude depuis des siècles le monde scientifique. Comment expliquer la composition d’Uranus et de Neptune, riche en carbone, pauvre en azote et en deutérium, et donc différente de la composition des autres planètes et comètes ?
Trois questions à Mohamad Ali-Dib, l’un de ces chercheurs à UTINAM, observatoire de Besançon.
Mohamad Ali-Dib est chercheur à l’Institut UTINAM -Univers, Transport, Interfaces, Nanostructures, Atmosphère et environnement, Molécules. Il a travaillé sur ce sujet avec Olivier Mousis et Jean-Marc Petit, eux aussi chercheurs à l’UTINAM.
Pouvez-vous expliquer ce qu’était cette énigme ?
Le but de nos recherches, menées conjointement avec Olivier Mousis et Jean-Marc Petit, était d’arriver à expliquer pourquoi les planètes Uranus et Neptune possèdent une composition chimique anormale c’est-à-dire pourquoi elles sont riches en carbone et pauvres en azote alors que les autres planètes sont composées d’azote et de carbone à parts quasiment égales.Et, ce qui a été aussi frappant, c’est que l’année dernière, le télescope Herschel, a fait de nouvelles mesures sur ces planètes. Il a démontré que les compositions isotopiques de Neptune et d’Uranus étaient différentes des comètes alors qu’elles sont situées dans la même région. Une interrogation supplémentaire qui rendait cette énigme encore plus complexe et intéressante à résoudre.
Quand avez-vous débuté les recherches ?
Le projet a vraiment commencé début 2013. On a réalisé des simulations numériques. On a étudié la composition chimique de la nébuleuse primordiale, là où tous les corps célestes, qu’ils soient proche ou loin, sont constitués.On a alors découvert une zone spécifique dont les propriétés peuvent expliquer la différence entre la composition d'Uranus et de Neptune et celles des autres planètes et des comètes. Cette zone étroite, où on suppose qu’Uranus et Neptune ont été formés, est une "ligne de glace de monoxyde de carbone".
Et maintenant ?
Nos recherches ont été présentées lors d’une réunion de la Société française d’astronomie et d’astrophysique à Paris, en juin dernier. Maintenant on va présenter nos travaux au Congrès international "DPS" aux Etats-Unis en novembre.Aujourd’hui, on a d’autres projets sur la même lignée notamment sur la formation des autres planètes géantes du système solaire. En plus, on pense que cette théorie peut apporter des idées intéressantes sur les autres problèmes comme les nombreuses compositions des différentes familles de comètes.