Usurpation d’identité, patronyme inventé… L’identité du suspect interpellé reste floue dans les affaires du corps calciné de Thise et de l'assassinat aux Vaîtes

Un trentenaire a été interpellé vendredi 24 mars à Marseille, soupçonné des assassinats d’Abdelkader Mesref tué par balles à Besançon fin février, et d’un jeune homme de 26 ans, dont le corps a été trouvé calciné début mars à Thise, près de Besançon (Doubs). Après sa mise en examen, le Parquet n’a pas encore pu établir son « identité précise »

La traque a duré un mois. Ce vendredi 24 février à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, un homme d’une trentaine d’années a été arrêté par la police judiciaire de Dijon en lien avec celle de Marseille. Il est suspecté d’avoir assassiné Abdelkader Mesref tué par balles à Besançon fin février, et un jeune homme de 26 ans, dont le corps a été trouvé calciné début mars à Thise, près de Besançon (Doubs).

Lors d’une conférence de presse, ce mardi 28 mars, Philippe Dassonville, directeur territorial de police judiciaire de Dijon, raconte : « Nous nous sommes concentrés, depuis la saisine, sur la recherche de cet individu. Il nous a obligés à déployer une énergie considérable ». Une recherche « longue et fastidieuse, en termes d’heures fonctionnaires et de techniques mises en place » au terme de laquelle cet homme surnommé Tix est interpellé dans le 3e arrondissement de Marseille. « Le suspect se savait recherché explique le directeur territorial de police judiciaire de Dijon. A Besançon, il était plus prudent. A Marseille, il était beaucoup plus en sécurité, parce qu’il n’y avait pas de raisons qu’on le recherche. »

Tout s’est joué dans les dernières 24 heures.  Philippe Dassonville raconte : « le jeudi qui précède l’interpellation de Tix, grâce à un gros travail de la brigade criminelle de la police judiciaire de Dijon, on pense avoir isolé un téléphone qui pourrait être celui du suspect. Qui plus est un téléphone qui a borné à Besançon, et qui a borné à Marseille. » Il requiert donc « des surveillances dans les secteurs dans lesquels son téléphone bornait » à la Brigade de Recherche et d'Intervention de Marseille (BRI) « qui s’est mise en place le vendredi midi, et a interpellé cet individu dans un restaurant à 19h20 ».

Trois identités différentes

Un travail rendu encore plus difficile que le suspect, connu des services de police, possède en réalité plusieurs identités. Le Procureur de la République Etienne Manteaux explique : « Nous ne disposons pas encore à cette heure d’identité précise concernant cet individu qui a été condamné à plusieurs reprises par le tribunal judiciaire de Besançon, sous deux identités différentes : l’identité de Jonathan Gray, et celle d’Abdelakim Cheikad »

Sous la première identité, celle de « Jonathan Gray, né à Khenchela en Algérie, le 23 janvier 1990», Tix a été condamné à dix reprises. « Le suspect dit que c’est sa véritable identité, détaille le Procureur. Elle correspondrait à celle d’une famille de gens de voyage qui n’auraient pas déclaré sa naissance, dans les quelques jours qui ont suivi sa naissance donc, ce qui expliquerait qu’il n’ait pas d’identité vérifiable et établie sur le territoire national. » Cependant le procureur estime que « c’est manifestement une identité qui n’existe pas, qui ne correspond pas à quelqu’un de réel ». Concernant l’identité d’Abdelakim Cheikad, le Procureur évoque « une usurpation d’identité » « d’un homme né à Besançon en 1986 ». Sous ce patronyme, Tix a été condamné à 5 reprises.

C’est sous un troisième nom que le suspect se présente à Marseille : Zacharia Kassim. « Une autre usurpation d’identité parce qu’il correspond à quelqu’un d’existant, note le Procureur. Il avait une carte d’identité falsifiée, et il avait sur lui un somme de 17989 euros ».  Avec lui, « un véhicule immatriculé dans le Jura », et des valises avec « de nombreux vêtements, ce qui laissait à penser qu’il venait d’arriver assez récemment sur Marseille, et qu’il avait manifestement l’intention d’y séjourner ».

Lors de son interpellation, Tix n’a pas décliné une autre identité. Etienne Manteaux reprend : « Il a prétendu qu’il n’était pas Jonathan Gray alias Abdelakim Cheikad, mais qu’il était bien Zacharia Kassim. Il a refusé l’analyse de ses empreintes digitales pour qu’on puisse comparer au FAED, fichier automatisé des empreintes digitales, et qu’on puisse faire le lien formel avec l’individu que l’on recherchait. Il a refusé également les prélèvements génétiques. » Le juge des libertés de la détention de Marseille l’a placé en détention provisoire, puis il a été entendu par le magistrat instructeur de Besançon, ce mardi 28 mars.

« Le suspect a été mis en examen pour l’assassinat d’Abdelkader Mesref. Il a contesté absolument être l’auteur de ces faits, prétendant que le chauffeur qui l’incriminait, mentait », poursuit le procureur. Avant d'expliquer : « Le Parquet disposait de peines d’extraits pour écrou, c’est-à-dire de peines d’emprisonnement qu’il devait purger, et donc qui ont été mises à exécution, ce qui veut dire que, quoi qu’il arrive, Tix va être incarcéré ce soir. »

Retour sur les faits : l’assassinat des Vaîtes

Le 25 février 2023, vers 21 heures, des coups retentissent dans la rue Anne Frank à Besançon. Dans une Peugeot 208, à côté du conducteur, Abdelkader Mesref est assis à l’avant. Il reçoit deux balles : l’une à l’épaule, l’autre dans le dos qui atteint son poumon. Ce Bisontin de 51 ans est retrouvé mort dans la voiture, il aurait été abattu par le passager arrière. « Cet individu, surnommé Tix, est alors en fuite, précise le Procureur de la République. Il a été clairement désigné comme l’auteur des coups de feu par le conducteur du véhicule. »

Défavorablement connu des services de police, la victime avait été condamnée plusieurs fois à des peines de 3 à 6 ans de prison pour des faits d'association de malfaiteurs. Abdelkader Mesref avait en effet été impliqué dans la libération « d'une extrême violence », à l'aide d'une arme de guerre, d'un détenu qui avait simulé une blessure afin d'être transféré à l'hôpital. Il devait également être jugé dans quelques mois pour racket sur un commerçant du quartier Battant.

S’agissait-il alors d’un règlement de compte ? Peu après l’assassinat, les enquêteurs ont interrogé deux hommes, relâchés après une garde à vue. L’un d’eux était le propriétaire du véhicule alors prêté à Abdelkader Mesref et dans laquelle il a été tué. Très vite, les enquêteurs ont recherché un homme d’une trentaine d’années, considéré comme le tireur présumé.

Un lien avec le corps calciné retrouvé à Thise ?

Jeudi 9 mars, un corps encore en flammes est retrouvé dans le bois de la commune de Thise (Doubs), quelques jours après l’assassinat des Vaîtes. La victime est un homme de 26 ans, dont la disparition avait été signalée le jour même par la famille. Il avait été vu pour la dernière fois la veille à Besançon en compagnie d’un jeune homme de 21 ans. Ce dernier demeure depuis introuvable.

Cette disparition inquiétante avait poussé le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux, à élargir l'enquête sur l'assassinat à des faits de séquestration possible de ce second individu. Est-il possible d’établir un lien entre Tix et cette affaire ? Le Procureur conclut : « Il y a d’autres faits pour lesquels des éléments ont été recueillis et qui permettent de penser que cet individu, surnommé Tix, peut être éventuellement l’auteur de ces faits. Mais à cette heure, il n’a pas encore été entendu sur ces faits. »

 

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