Au cœur du récit de Dan Brown, le Prieuré de Sion occupe une place capitale dans le Da Vinci Code. Dans cette société secrète, le nom de l'écrivain Charles Nodier y côtoie ceux de Léonard de Vinci ou encore Isaac Newton.
Phénomène éditorial mondial de l'année 2003, adapté trois ans plus tard au format blockbuster avec Tom Hanks et Audrey Tautou en tête d'affiche, le Da Vinci Code de Dan Brown aura posé pour une génération les codes du thriller ésotérique. Il a également relancé la mode des intrigues policières sur fond d'énigme historico-mystique.
Au cœur de son récit, une société secrète que certains affirment être bien réelle : le Prieuré de Sion. Officiellement créé en 1956, cet ordre initiatique se prétend cependant beaucoup plus ancien. On disposerait même de la liste de ses grands maîtres depuis le XIᵉ siècle ! Parmi les plus prestigieux représentants de l'élite européenne du dernier millénaire, dont Léonard de Vinci ou Isaac Newton, un nom frappe le lettré attentif : celui de Charles Nodier.
Écrivain, romancier et académicien, l'histoire de la littérature lui confère une importance capitale dans le développement du Romantisme en France. Pourtant, Nodier est d'abord un nom familier aux bisontins, bien avant de l'être aux fans de Dan Brow. Issu d'une vieille famille de notables de Besançon, qui donnera même un maire à la cité, Charles Nodier nait le 29 avril 1780 dans la ville de ses ancêtres. Ce touche à tout de génie, s'il se pique un temps de politique, monte bientôt à Paris pour s'adonner à sa véritable passion, l'écriture.
S'il est vraisemblable que Nodier aura frayé dans sa jeunesse avec certaines sociétés secrètes patriotiques et libérales, c'est surtout pour son goût de l'étrange et du fantastique que les adeptes du merveilleux en littérature célèbrent encore aujourd'hui sa mémoire. Car Nodier, qui, en bisontin passionné, porte aussi bien en lui l'héritage des brumes germaniques que celui des drames méditerranéens, est d'abord l'auteur qui aura familiarisé le public français avec les charmes du bizarre.
Posant les bases du conte fantastique à la française, ce passeur généreux, bibliothécaire de profession, initiera toute une génération de romantiques aux pouvoirs du surnaturel en littérature. Au premier rang desquels figurera naturellement un autre bisontin qui éclipsera bientôt sa renommée : un certain Victor Hugo.
D'ailleurs, si les spécialistes s'accordent à considérer le Prieuré de Sion comme une invention contemporaine sans réelle portée initiatique, et donc la liste de ses grands maîtres comme une énumération fantaisiste, le nom du prétendu successeur de Nodier laisse rêveur : Victor Hugo. Ainsi durant tout le XIXᵉ siècle, le redoutable honneur de diriger dans l'ombre la plus prestigieuse des sociétés secrètes du monde aurait appartenu exclusivement à des bisontins ! Dans le fond, la boucle (du Doubs) semble bouclée. Le Prieuré de Sion est l'une de ces légendes de Besançon la Romanesque qui aurait certainement enflammé l'imagination et la plume de Charles Nodier.
Pour aller plus loin
► Une biographie informée de Charles Nodier sur le site de la République des Lettres.
► Un regard critique et averti sur le prétendu Prieuré de Sion.
Texte d’Alexandre Perret-Gentil (Dans la Boucle productions)
Retrouvez les 10 épisodes de la série Besançon la Romanesque en intégralité sur France.tv.