La Journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, c'est ce mardi 17 mai 2022. À Besançon, à l'instar du reste du pays, les personnes transgenres continuent de souffrir de discriminations et d'isolement. Il en résulte une grande précarité.
Pour Raphaël, les expériences professionnelles se suivent et se ressemblent : des blagues transphobes, l'incompréhension, sinon le rejet. À 24 ans, ce jeune transgenre, originaire de Paris, et pris en charge par l'association le Refuge à Besançon, est aujourd'hui en arrêt maladie pour un mois. Un burn-out.
Une transphobie qui l'empêche de trouver un travail stable. Il n'y a pas si longtemps, c'est avec un diplôme d'aide-soignant en poche que Raphaël est reçu par un établissement public de santé pour un entretien d'embauche. "Au début tout se passe bien, je parle de mes compétences", raconte-t-il. "Puis vient le moment où je parle de moi et où je dis que je suis une personne trans ".
La réponse du recruteur ne se fait pas attendre : "Par contre il faudra le cacher, pour éviter toute discrimination, parce qu'il y a déjà une personne comme vous". Raphaël ne saura pas quoi répondre, tant il est scotché. "Je suis parti et ne suis jamais revenu".
Des situations de rejet ou de discrimination, Raphaël en connaîtra d'autres. Quand une mission locale l'envoie travailler dans une entreprise du secteur du transport quelques jours par semaine, il faut supporter les commentaires et blagues déplacées des collègues. "Tu vas être un homme à chatte", lui lance t-on.
Résultat : la précarité vient s'ajouter aux discriminations du quotidien. Celles qu'il faut endurer dans la rue, dans les transports ou dans les réseaux sociaux. "Ma colocataire (une femme trans également pris en charge par le Refuge) subit des regards et insultes dans le tramway de Besançon", raconte Raphaël. "Sans compter les menaces de mort sur Internet".
Dans son dernier rapport publié ce mardi 16 mai 2022, SOS Homophobie souligne qu'en 2021, "la transphobie est partout". "C'est le seul type de LGBTIphobie pour lequel SOS homophobie a relevé plus de témoignages comparé à 2020", souligne l'association.
À Besançon, le Refuge confirme. "La proportion de personnes transgenres accueillies augmente", explique Bruno Colard, délégué de l'association à Besançon, qui dispose de 6 places d'hébergement d'urgence. "Il y a de plus en plus de personnes transgenres qui osent pousser la porte".
Haine en ligne
Plus généralement, les agressions et situations discriminantes à l'égard de l'ensemble des personnes LGBT persistent en France. SOS Homophobie affirme avoir reçu 1 515 témoignages en 2021 (contre 1 815 en 2020, 2 396 en 2019 et 3 517 en 2012). "Pour la première fois, les faits de transphobie sont le deuxième type de LGBTIphobie relevé par nos pôles d’écoute", souligne SOS Homophobie.
C'est sur internet que les LGBTIphobies sont les plus nombreuses. 18% de l'ensemble des cas relèvent de haine en ligne. 15 % se déroulent au sein de la famille et de l'entourage proche. Le reste des cas se répartissent au travail (11%), dans la sphère du voisinage (11%) et au sein des commerces (11%).
En ce qui concerne les agressions physiques, 144 cas ont été rapportés à SOS Homophobie en 2021. Les victimes sont très majoritairement des hommes, âgés de moins de 35 ans à 44%. Près de 30% des victimes sont âgées de 35 à 50 ans. Les agresseurs sont, quant à eux, des hommes seuls à 34% ou des hommes en groupe à 27%.
À noter que cette année est "particulièrement marquée par une recrudescence alarmante des cas en milieu scolaire (5 % des agressions physiques, contre 2 % en 2020), dans les commerces ou au sein de la police et de la justice", analyse SOS Homophobie.
En ce qui concerne la lesbophobie, 137 cas ont été rapportés à SOS homophobie. Les victimes sont ici beaucoup plus jeunes. Elles ont moins de 18 ans dans au moins 25% des cas. Les agresseurs sont des hommes seuls à 26% et des femmes seules à 23%. "Dans la lignée des dernières années, ces violences ont principalement lieu dans le cercle familial (dans 28 % des cas), suivi par le cadre professionnel (13 % des cas)", souligne SOS Homophobie.