Originaire de Vercel-Villedieu-le-Camp, près de Valdahon (Doubs), Pascal Letoublon connaît un succès retentissant sur TikTok grâce à son titre Friendships. A seulement 26 ans, le DJ et producteur comtois fait déjà le tour des plus grands clubs d'Europe.
Croiser ses jambes, les pieds placés en pointe, puis en appui sur ses talons… Ces mêmes pas reproduits à l’infini, ou presque, déferlent sur le réseau social TikTok. De la shuffle dance, une chorégraphie inspirée des danses d'esclaves. Celles-là mêmes qui se pratiquaient dans les plantations américaines.
Dans des vidéos verticales, des milliers de personnes reprennent ainsi ces mouvements. Avec en fond sonore, presque toujours la même chanson : Friendships, composée par Pascal Letoublon. « C’est la dernière musique sur laquelle j’aurais parié ! », s’exclame alors le DJ et producteur de Valdahon. Ce morceau, composé en deux jours, est aujourd’hui son plus grand succès. Un heureux hasard.
« J'avais zéro vie sociale ! »
2014. L’histoire commence à Vercel-Villedieu-le-Camp (Doubs). Dans la maison familiale, Pascal Letoublon reste souvent dans sa chambre, sur son ordinateur. Il empile les pistes audio sur son logiciel. Le jeune Comtois a 18 ans, vient de passer son bac scientifique, et enchaîne depuis les petits boulots. « C’était important pour moi d’avoir assez pour vivre, lance-t-il. La musique restait pour le moment un plaisir, un a-côté. »
Un à-côté qui occupe tout son temps libre, les soirs et les week-ends. « De mes 18 à 22 ans, je ne suis pas sorti de ma chambre. J’avais zéro vie sociale ! », raconte-t-il. Seul, Pascal apprend la musique électronique grâce à des tutoriels en ligne, commence à bricoler sur des logiciels. Lui qui avait appris la guitare autrefois, et jouait avec ses copains de lycée. « J’avais envie de vivre de la musique, de travailler fort et longtemps. Et il me fallait quelque chose où je pouvais bosser tout seul. J’avais juste besoin d’un ordi », justifie-t-il alors. Et à peu près à la même période, un certain Martin Garrix, producteur néerlandais, émerge avec son titre Animals. Un succès planétaire en 2013. Pascal se rappelle : « Martin Garrix et moi avions le même âge ! Je me suis dit : pourquoi pas moi ? » C’était alors l’âge d’or de l’électro.
De la deep house sur TikTok
Encouragé par ses proches, et surtout son frère, Pascal Letoublon cherche une maison de disque pour sortir ses musiques deep house. « Un petit label en Bulgarie me fait confiance et sort Friendships. Un an après la sortie, le titre explose en Chine sur TikTok, et là, je ne comprends pas ce qui m’arrive », raconte-t-il. Le Comtois perce sur le réseau social grâce à un challenge de shuffle dance... à tel point que quelques semaines plus tard, il prend l’avion pour se produire dans les terres chinoises. Sans être pleinement préparé : « J’avais zéro expérience de la scène et j’ai dû jouer devant 2 000 personnes. Dans la rue, il y avait des affiches avec ma tête. Je n’arrivais pas à réaliser. »
Si sa progression a été ralentie par le covid, Pascal a néanmoins signé chez Universal Music en France et Virgin Records en Allemagne, il y a trois ans. Et vit depuis des revenus tirés des écoutes sur les plateformes musicales comme Spotify et iTunes.
Les plus grands clubs d'Europe
De son appartement à Valdahon, Pascal Letoublon évoque ses expériences en Chine comme des souvenirs passés, révolus… C’est pourtant son quotidien aujourd’hui. Quasiment tous les week-ends, le jeune homme se produit dans les plus grands clubs et festivals électro d’Europe : le Bootshaus à Cologne, le World Club Dome à Francfort ou encore l’Electric Love de Salzburg.
C’est dans ce dernier événement en Autriche, que Pascal Letoublon s’élance sur la scène principale. « Aux côtés de mes idoles », reprend-t-il. Avec KSHMR, WW, Armin van Buuren. Le Comtois peine encore à le réaliser, parfois : « Tu repenses à toi-même il y a dix ans, et tu te dis : je vis le truc dont je rêvais, gamin… Et tu te rends aussi compte que les plus grands DJs sont aussi des gens normaux ! » Pascal Letoublon s’interrompt dans un rire presque enfantin… et rappelle, en un souffle, sa jeunesse, ses 26 printemps.
Fall in Love, la dernière sortie de Pascal Letoublon
Le succès en cinq ans
« Super fiers », « super contents », ce sont les mots qu’emploie Pascal pour évoquer ses (super) parents. Et pourtant, ils ont eu du mal à envisager que la musique composée dans sa chambre pouvait devenir son métier. Le Doubiste précise : « [Mes parents] commencent tout juste à le comprendre, depuis que je les ai invités à Marseille, lors d’une date. Ils ont vu l’impact d’une musique sur une foule, l’impact de ce que je faisais, et aussi à quel point j’étais encadré par les équipes, et structuré dans mon projet. »
En cinq ans, Pascal Letoublon a rencontré un énorme succès. Tout s'est, particulièrement, accéléré ces deux dernières années, et le Comtois regorge encore de projets : « J’aimerais continuer à faire le tour des clubs et des festivals mais aussi réitérer un succès aussi fort que Friendships… ce n’est pas si facile ! »
Le vertige et la tête sur les épaules
3,8 millions d'auditeurs mensuels sur Spotify, 43 000 abonnés sur Instagram, et deux disques d'or pour sa version de Friendships avec la chanteuse allemande Leony. Malgré ses chiffres à donner le vertige, Pascal Letoublon garde la tête sur les épaules : « Je garde une vie stable. Je vais voir mes potes quand je ne voyage pas le week-end… Je n’ai pas envie que ma vie soit celle d’une star d’Instagram ! »
Alors, hors de question de quitter la Franche-Comté ! « Comme beaucoup de gens d’ici, je suis attaché à ma région. C’est un cadre de vie tranquille, je ne me voyais pas sans pied-à-terre ici », explique-t-il. Une vie somme toute tranquille... Quand Pascal ne mixe pas, il répond à ses mails, avec les labels et les artistes... Il en blague même : « On n'aurait jamais pu imaginer toute la paperasse qu'un DJ a à gérer ! »