Dans le documentaire "Ma petite entreprise connaît bien la crise", trois entreprises basées dans le Doubs racontent leurs nouvelles vies pendant la pandémie du Covid. Patrons et salariés se confient sur cette crise qui dure, entre émotion, colère et abnégation.
Dans le film documentaire "Ma petite entreprise connaît bien la crise" Stéphane Bonnotte et David Perrot mettent en perspective trois entreprises percutées de plein fouet par la crise sanitaire. Outre le clin d'oeil à la chanson de Bashung, le titre témoigne aussi d’une réalité, celle d’une crise exceptionnelle de par son ampleur et sa durée.
Les réalisateurs ont suivi pendant plusieurs mois les doutes et évolutions de trois entreprises très différentes, situées dans le Doubs : le groupe industriel Delfingen, équipementier automobile, Agrodoubs, entreprise familiale spécialisée en préparations culinaires et l’Antonnoir, un café-concert.
Trouver une solution pour ne pas tomber
Georges Bourgon est le PDG d’Agrodoubs. Cette entreprise située à Flagey dans le Doubs est spécialisée dans les préparations de desserts pour la restauration.
Sa clientèle est mondiale (Etats-Unis, Europe, Asie).
En mars 2020, lorsque la crise du Covid arrive, leurs commandes s’effondrent. Le chiffre d’affaire se retrouve divisé par 20 en quelques semaines à cause de la fermeture des restaurants et autres lieux de restauration collective.
Georges Bourgon comprend qu’il doit réagir très vite pour éviter la catastrophe.
Fort de son savoir-faire dans les mélanges, le conditionnement et la distribution, l’entreprise change radicalement de production et se lance dans la fabrication de gel hydro-alcoolique.
On a vite vu qu’il y avait une page à écrire sur le gel et les solutions hydro-alcooliques car il y avait une pénurie sur ces produits.
Georges Bourgon, PDG d’Agrodoubs
Une vraie solidarité et une remise en question mobilisent les salariés d’Agrodoubs pour continuer de travailler et lancer cette nouvelle production. Pendant environ 1 mois ils fabriquent du gel et l’équivalent de 120 000 bouteilles d’1 litre sort en 10 jours. "Avoir une équipe comme la mienne, c’est exceptionnel. On n’aurait jamais pu faire ça sans une équipe motivée " reconnait le PDG.
Mais Georges Bourgon voit bien que cela ne suffira pas à relancer son économie dans une crise qui dure. Il veut anticiper la reprise et les nouveaux modes de consommation, en particulier la vente à emporter.
Il décide alors de développer une gamme salée et lance la production de sauces fromagères. En 2020, la production de gel a largement compensé la baisse d’activité liée à la préparation de desserts. La gamme de préparation pour sauces fromagères qui a suivi a été plus facile à mettre en place car l’entreprise avait déjà sa clientèle (grossistes, restaurateurs…).
La crise dure et le chef d’entreprise décide alors de se positionner sur le marché des briques de lait 100% Franche-Comté. Pendant cette période, les producteurs de lait sont obligés de jeter une partie de leur production, l’offre étant plus importante que la demande. Son entreprise dispose déjà d’une ligne de de production de brique pour les préparations culinaires. Il s’engage à reprendre le lait et met en place une filière, qui demande à l’entrepreneur un gros investissement, sur le modèle "C’est qui le patron ?!" en version régionale.
L’ADN d’Agrodoubs c’est une volonté d’être spécifique et rare, de ne pas faire comme les autres…ça nous oblige à innover.
Georges Bourgon, PDG d'Agrodoubs
Georges Bourgon est très ému en évoquant ces 2 années difficiles à gérer.
L’entreprise est toujours sur pied et a un avenir. La nouvelle ligne de production de lait bat son plein et 3 nouveaux salariés ont rejoint l’entreprise.
Des impacts très différents
Si l’entreprise Agrodoubs a réussi à s’adapter rapidement, d’autres ont subi la crise plus difficilement. C’est le cas de nombreux secteurs d’activité comme le tourisme, la restauration, l’hôtellerie ou encore le monde de la nuit, à l’image de l’Antonnoir, un café-concert situé à Besançon.
Dans ce documentaire, Antonin Borie, le gérant de l’établissement confie ses doutes, son angoisse dans les premiers jours du confinement. Comme la plupart des établissements de ce type, difficile d’imaginer une reconversion totale.
La photographie, une passion pour Antonin, lui a permis de ne pas se laisser submerger par la déprime liée à la fermeture de son établissement.
Le fait de me projeter chaque semaine par un shooting, ça a sauvé ma santé mentale.
Antonin Borie, gérant de l'Antonnoir
La crise liée à cette pandémie a également touché le groupe Delfingen, un équipementier automobile mondial basé à Anteuil dans le Doubs.
Dès le mois d’avril 2020, l’entreprise voit ses commandes baisser de 75% puis atteint les moins 90% au mois de mai. Cependant, cette pandémie a eu une répercussion très positive dans les mois qui suivent. Le principal concurrent basé en Allemagne est mis en vente pendant la crise.
C’était pour nous l’opportunité de consolider notre position de leader sur le marché…on est devenu le n°1 mondial en période de crise… C’est toujours en période de crise que l’on fait les meilleures affaires !
Gérald Streit, PDG Delfingen Group
En 2021, la production de l’équipementier est au ralenti du fait de la pénurie des matières premières, une situation très frustrante pour le chef d’entreprise.
L’histoire de ces entreprises, tout comme la crise sanitaire ne s’arrête bien sûr pas au générique de fin !
"Ma petite entreprise connaît bien la crise", un documentaire de Stéphane Bonnotte et David Perrot
Coproduction France Télévisions / Dans La Boucle Productions
Diffusion jeudi 30 mars à 23h20 et lundi 4 avril à 9h50.
♦ A revoir sur notre page des documentaires.