"En milieu rural, il est difficile pour les femmes d'aller dans les gendarmeries", témoigne la présidente de l'association Toutes des déesses

À l'approche de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, samedi 25 novembre, l'association Toutes des déesses, basée à Ornans (Doubs), alerte sur ces violences en milieu rural. Rencontre avec sa présidente.

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Les campagnes n'échappent pas au fléau des violences contre les femmes. C'est pourquoi l'association Toutes des déesses a été créée en septembre 2017 à Ornans (Doubs), avec déjà plus d'une centaine de femmes aidées.

"Je les accompagne à la gendarmerie ou au tribunal et les aide avant, pendant et après leur démarche pour qu'elles retrouvent la force d'avancer", explique à France 3 Franche-Comté Laurence, fondatrice de l'association et autrefois hébergée dans un logement provisoire par l'ADDSEA, à cause de violences psychologiques.

Après avoir participé à des groupes de parole sur les violences faites aux femmes, Laurence s'est décidée à créer son association en déménageant de Pontarlier à Ornans, commune du Doubs de 4.400 habitants.

"En milieu rural, il est difficile pour les femmes d'aller dans les gendarmeries de leur village, car les gendarmes peuvent bien connaître l'auteur des violences. Ce qui peut troubler leur jugement", explique-t-elle, sans vouloir "faire de reproches aux gendarmes", même si elle ne se "gêne pas pour dénoncer certains professionnels qui reçoivent mal les femmes".

"Les auteurs de violences n'ont pas peur des gendarmes"

Alors que 244 000 victimes de violences conjugales ont été enregistrées en 2022, soit une augmentation de 15 % par rapport à 2021 selon le ministère de l'Intérieur, Laurence pointe la responsabilité de la justice. "Les choses n'avancent pas, car les auteurs n'ont pas peur des gendarmes", poursuit-elle. "J'en connais trop peu qui sont allés en prison".

Consciente que porter plainte est une étape difficile à traverser pour ces femmes, surtout dans des communes où tout le monde se connaît, Laurence s'assure qu'elles n'oublient rien lors de leur déposition. "C'est le seul cas où je leur demande de me raconter leur histoire", explique-t-elle, car l'association a bien d'autres flèches à son arc.

Entre aides aux déménagements, organisation de sorties avec ou sans enfant, redirection vers d'autres partenaires comme le comité départemental des services aux familles (CDSF) ou démarches auprès des mairies pour trouver des logements d'urgence, il n'y a pas le temps de s'ennuyer.

"J'ai déjà eu des appels de femmes depuis Paris ou Montpellier", assure Laurence qui accompagne aussi bien les femmes au téléphone ou physiquement, dans les campagnes environnantes d'Ornans. "En milieu rural, c'est souvent l'homme qui a une voiture, et la femme va souvent se retrouver isolée par le manque de transports en commun".

Une action prévue à Vuillafans samedi 25 novembre

Pour évoquer ces problématiques, Toutes des déesses organise une action à Vuillafans (Doubs), samedi 25 novembre, dans le cadre de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. "Nous organisons un salon zen, car cela nous arrive de faire des soins aux femmes victimes de violences pour les apaiser", détaille Laurence, dont le futur projet est la création d'un "lieu de ressourcement pour femmes avec des soins alternatifs".

Ce temps de sensibilisation et d'information sera ponctué à 21h par une comédie musicale exclusive de la compagnie Allée des Cerisiers. "J'espère que du monde viendra, car nous avons beaucoup de mal à sensibiliser les gens", implore Laurence, qui organisera également une table ronde le 28 novembre, avec différents partenaires dont la déléguée départementale aux droits des femmes et à l'égalité. L'occasion de présenter à des professionnels le violentomètre, un outil de mesure des violences faites aux femmes.

Pour que ces actions perdurent, Toutes des déesses a besoin de fonds, de bénévoles, mais surtout d'un lieu de rassemblement. "Notre préoccupation essentielle, c'est d'avoir un local pour se poser, faire nos groupes de parole et mobiliser plus de bénévoles", conclut Laurence, fatiguée de faire la navette dans les campagnes du Doubs, pour sensibiliser à un problème de société majeur.

Femmes victimes de violence, les numéros utiles

3919 - Numéro d’écoute national pour les femmes victimes de violences
Ligne ouverte du lundi au samedi de 9h à 19h

En cas d'urgence composez le 17 ou un SMS au 114

Association Toutes des déesses (dans le Doubs) toutesdesdeesses.eirene@gmail.com

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